>>L'UE profondément divisée avant un sommet sur l'après-crise
>>L'UE aura besoin de 500 milliards d'euros supplémentaires pour se remettre
La visio-conférence du sommet européen, vu depuis le palais de l'Élysée à Paris, le 26 mars. |
Le plan de relance de l'UE devrait comprendre une proposition de budget pour la période 2021-2027, incluant un fonds pour relancer l'économie européenne après les mesures de confinement mises en œuvre afin d'enrayer la pandémie de coronavirus.
Selon la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, il devrait être présenté dans "la deuxième ou la troisième semaine de mai". Le président français Emmanuel Macron a reconnu qu'il n'y avait "pas de consensus" entre les pays de l'UE sur des transferts vers "les régions et les secteurs" les plus touchés par la crise du nouveau coronavirus.
Très remonté ces dernières semaines contre "l'égoïsme" des pays du Nord, le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, a cependant salué "de grands progrès, impensables jusqu'à il y a quelques semaines". "Les 27 pays reconnaissent la nécessité d'introduire un instrument innovant, à lancer de manière urgente, pour protéger nos économies et assurer une reprise européenne, qui ne laisse personne derrière", a ajouté le dirigeant, dont le pays est le plus endeuillé par la pandémie en Europe, suivi par l'Espagne.
Tout en se félicitant d'un soutien pour la création du fonds de relance, la ministre des Affaires étrangères espagnole Arancha González Laya, a admis qu'il n'y avait pas "encore assez de convergence" sur le point de savoir si ce fonds ferait des prêts ou des dons, Madrid étant pour la deuxième solution.
Avant ce court sommet de moins de cinq heures par vidéoconférence, les diplomates européens s'étaient employés à doucher les attentes, prévenant qu'il ne serait pas décisif. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, les a cependant exhortés à agir vite et fort pour sortir de la pire récession qui guette l'UE depuis le début de sa création.
Le montant de ce plan de relance est loin d'être décidé. "Cela doit être examiné avec soin (....) mais nous ne parlons pas de milliards, nous parlons de milliers de milliards", a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, sans autre précision. États membres et institutions ont rivalisé d'imagination ces dernières semaines pour proposer chacun leur solution. Mais le débat a surtout fait réapparaître les vieux clivages, déjà présents après la crise financière de 2009.
Dons ou prêts
Les pays du Sud, fortement endeuillés par la pandémie, se sont une fois de plus fait les chantres de la mutualisation des dettes, qui leur permettrait de bénéficier des taux d'intérêt peu élevés des pays du Nord. Mais ces derniers, en particulier l'Allemagne et les Pays-Bas, moins touchés par le virus, rechignent à payer pour des États auxquels ils reprochent leur indiscipline budgétaire pendant les années de croissance.
Le Premier ministre néerlandais a campé sur ses positions : "Des collègues ... plaidaient en faveur d'un instrument basé sur des prêts qui seraient ensuite transformés en quelque sorte en dons et il y en avait d'autres, comme moi, qui disaient que nous ne pouvons pas accepter le financement de dons par de la dette".
Même message de la part de la chancelière allemande, Angela Merkel : "ce n'est pas possible de mutualiser les dettes". Elle a cependant promis, "dans un esprit de solidarité", des "contributions beaucoup plus importantes" de son pays au budget de l'UE, sur "une période limitée". Ce budget à long terme qui court sur sept ans (entre 2021-2027) doit en principe être adopté d'ici la fin de l'année, mais il divise là aussi les États membres, selon le même clivage Nord/Sud.
La pandémie a percuté de plein fouet les économies : l'UE, devrait enregistrer une chute record de son PIB de 7,1% cette année, selon les prévisions du FMI. Et la crise qui menace les 19 pays de la zone euro risque d'être la pire de la courte histoire de la monnaie unique lancée en 1999.
AFP/VNA/CVN