"Il y a quelques années, le monde n'aurait pu imaginer ce qui est maintenant devenu réalité : nous avons des preuves solides que les antirétroviraux préviennent l'infection au virus du sida", a lancé Michel Sidibé, directeur général de l'Onusida, une agence spécialisée de l'ONU, devant les participants à la conférence, experts, médecins et chercheurs venus du monde entier.
Elly Katabira, président de la société internationale du sida (IAS), a estimé qu'on avait atteint "un moment critique", tandis que Stefano Vella, co-président italien de la conférence, affirmait que "le traitement comme prévention" constituait "en un sens une révolution". Les quelque 5.500 personnes présentes à Rome, dans le superbe Parco della Musica réalisé par Renzo Piano, peuvent de fait se réjouir de la cascade de résultats positifs intervenus au cours des derniers mois sur l'utilisation des antirétroviraux (ARV) comme outil préventif.
Le plus notable est celui publié au mois de mai, qui montre qu'un traitement précoce peut réduire de 96% la transmission du virus d'une personne infectée à un partenaire non atteint. D'autres études font apparaître que des traitements pour les personnes non infectées et à risque peuvent réduire la transmission. L'efficacité de la circoncision pour les hommes circoncis se confirme. "Cela peut nous permettre d'atteindre le point tournant pour terminer cette épidémie", a souligné Michel Sidibé.
"Changement de donne ou illusion ?"
L'intitulé d'un débat, le 17 juillet avant le début de la conférence, donnait le ton : "Traitement comme prévention : changement de donne ou illusion ?". Les participants -représentants de l'OMS, de l'Onusida, d'une ONG- répondaient unanimement : "changement de donne", même si ce peut être difficile à mettre en application.
Parmi les questions que pose cette stratégie, il y a celle du financement. Selon Jean-Paul Moatti, professeur en économie de la santé (Inserm, Université de la Méditerranée), "cela ferait une hausse des dépenses dans des proportions contrôlables" et au bout d'une dizaine d'années, la communauté internationale rentrerait dans les frais occasionnés.
En effet, avec un programme massif de prévention, "le pays paie moins pour la santé et perd moins de jours de production car la personne n'est pas malade". Selon Michel Sidibé, "soit on paie maintenant, soit on paie toujours". Il estime lui aussi que le retour sur investissement devrait intervenir "dans 10 ou 15 ans".
Nombre d'intervenants, au long de la cérémonie d'ouverture ponctuée de morceaux de musique joués par un orchestre de jeunes, ont souligné les difficultés de la mise en oeuvre de programmes fondés sur ces nouvelles données. "Les chances (d'une fin de la pandémie) sont meilleures, les défis sont plus grands", a reconnu Elly Katabira. "Il y a une fenêtre d'opportunité extraordinaire. Plus tôt et plus fort nous agissons, plus vite nous parviendrons à atteindre l'objectif de faire reculer l'épidémie", a estimé Anthony Fauci, directeur de l'Institut national américain sur les maladies infectieuses (NIAID). "Car moins il y a de personnes infectées, moins il y en a qui vont être infectées...".
AFP/VNA/CVN