>>Renouer le fil du dialogue entre Palestiniens et Israéliens
>>Au moins 95 Palestiniens blessés dans des heurts avec l'armée israélienne dans le Nord de Gaza
Les soldats israéliens lancent des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants palestiniens près de la barrière de sécurité séparant la bande de Gaza du territoire palestinien, le 28 septembre. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Selon le ministère, il s'agit de la journée la plus sanglante depuis le 14 mai qui avait vu la mort de plus de 60 Palestiniens lors de violences coïncidant avec l'inauguration de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, un motif d'indignation pour les Palestiniens.
Après plusieurs semaines de relative accalmie, ces affrontements rappellent combien la situation demeure précaire dans et autour de la bande de Gaza, un territoire palestinien appauvri et reclus dirigé sans partage par le mouvement islamiste Hamas.
Nasser Mossabeh, 12 ans, a été atteint d'une balle dans la tête à l'est de Khan Younès, a dit le porte-parole du ministère de la Santé à Gaza, Achraf al-Qodra. Mohammed al-Houm, 14 ans, et Iyad Al-Shaer, 18 ans, ont été tués lors d'affrontements distincts dans le Centre et le Nord du territoire, selon lui.
Il a fait état de la mort de quatre autres Palestiniens d'une vingtaine d'années le long de la barrière de sécurité israélienne séparant la bande de Gaza du territoire israélien.
Les sept Palestiniens "ont été tués par les tirs à balles réelles des forces israéliennes", a affirmé M. Qodra, en faisant état de plus de 200 blessés, par balle ou par inhalation de gaz lacrymogènes.
L'armée israélienne a fait état de manifestations et de heurts auxquels ont pris part selon elle plus de 20.000 Palestiniens en différents points de l'enclave le long de la barrière de sécurité lourdement gardée.
Elle a dit que les soldats postés à la barrière avaient ouvert le feu pour riposter à des jets d'engins explosifs et de pierres. Interrogée par l'AFP, elle ne s'est pas exprimée sur les cas particuliers des Palestiniens tués.
L'armée a ajouté avoir identifié l'infiltration sur son territoire de plusieurs Palestiniens qui ont ensuite rebroussé chemin.
Raids israéliens
Des manifestants palestiniens dans la bande de Gaza face à un véhicule blindé israélien de l'autre côté de la barrière de sécurité séparant l'enclave du territoire israélien, le 28 septembre. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Outre l'emploi de moyens anti-émeutes pour tenir les Palestiniens à distance, l'aviation israélienne a frappé deux positions du Hamas, qu'Israël tient pour responsable de tout ce qui se passe à Gaza, toujours selon l'armée.
Depuis le 30 mars, les environs de la barrière de sécurité sont le théâtre de manifestations pour réclamer la levée du blocus imposé depuis plus de 10 ans par Israël à Gaza et le droit au retour des Palestiniens sur les terres dont ils ont été chassés ou qu'ils ont fuies à la création d'Israël en 1948.
La mobilisation est allée de pair avec plusieurs épisodes de tensions entre les groupes armés palestiniens, dont le Hamas, et l'armée israélienne. Les tirs de roquettes et d'obus palestiniens et les frappes de riposte israéliennes ont ravivé le spectre d'une nouvelle guerre, qui serait la quatrième dans le territoire depuis 2008.
Au moins 194 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis le 30 mars, pour la majorité lors des manifestations et heurts le long de la frontière. Un soldat israélien a été tué.
Israël accuse le Hamas d'orchestrer ces manifestations et soutient ne faire que défendre ses soldats et son territoire contre les infiltrations de Palestiniens.
Il justifie le blocus par la nécessité de contenir le Hamas qui refuse de reconnaître son existence et qu'il considère comme une organisation terroriste, à l'instar des États-Unis ou de l'Union européenne.
"En chute libre"
Le 20 septembre, l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, a estimé devant le Conseil de sécurité que la bande de Gaza, coincée entre Israël, l'Égypte et la Méditerranée, pouvait "exploser d'une minute à l'autre".
L'horizon politique paraît bouché. L'ONU et l'Égypte, l'un des deux seuls pays arabes à avoir fait la paix avec Israël, s'emploient depuis des semaines à tenter de forger une trêve durable entre l'État hébreu et le Hamas. En échange du calme, le blocus pourrait être allégé.
L'issue de cette entreprise reste cependant très aléatoire, comme l'effort pour mettre fin à des années de dissensions entre groupes rivaux palestiniens, sans quoi les perspectives à Gaza demeurent très sombres.
Soumise aux blocus israélien et égyptien, la bande de Gaza est affligée par la pauvreté et les pénuries. Son économie est "en chute libre", disait cette semaine la Banque mondiale, selon laquelle 53% de la population et 70% des jeunes sont au chômage.
L'enclave risque encore d'être affectée par les coupes dans l'aide des États-Unis et l'arrêt par l'administration Trump du financement à l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. L'Unrwa est un acteur primordial à Gaza, où 80% des deux millions d'habitants sont tributaires de l'assistance étrangère.
AFP/VNA/CVN