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Le ministre italien de l'Économie Giovanni Tria, le 13 juillet à Bruxelles. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Les yeux seront rivés sur un chiffre: le ratio déficit public/PIB en 2019, qui alimente les spéculations depuis des semaines et suscite régulièrement des psychodrames.
Dernier en date: la presse italienne spéculait jeudi 27 septembre sur la possible démission du ministre des Finances Giovanni Tria, coupable de freiner les ambitions et dépenses du Mouvement Cinq Étoiles (M5S, antisystème) dont Luigi Di Maio est chef de file.
Le vice-Premier ministre a néanmoins assuré jeudi 27 septembre à Bruxelles que le M5S "ne demand(ait) pas la démission" de M. Tria. De source proche du ministère, on assure que ce dernier est au travail et n’a nullement l’intention de quitter son poste.
Le départ de ce professeur d’économie, un modéré qui s’efforce de rassurer les marchés depuis l’arrivée au pouvoir du premier gouvernement populiste dans un pays fondateur de l’Union européenne, ferait l’effet d’une bombe.
L’Italie subit la pression de la Commission européenne et des marchés pour maintenir son déficit au plus bas et réduire sa dette publique qui représente quelque 131% du PIB, le ratio le plus élevé en zone euro après la Grèce.
Vers 14h00 (12h00 GMT), en raison des inquiétudes liées au budget, la Bourse de Milan perdait 1,17% et le spread, l’écart très surveillé entre taux d’emprunt italien et allemand, grimpait à 239 points de base contre 233 la veille.
Faire comme la France
D’âpres négociations ont lieu au sein de la coalition gouvernementale, composée du M5S et de la Ligue (extrême droite), en particulier avec M. Tria qui plaidait pour maintenir le déficit autour de 1,6% du PIB.
Selon la presse, il serait prêt désormais à accepter 1,8-1,9%, mais pas au-delà, contre 0,8% prévu par le précédent gouvernement de centre-gauche.
Alors que la presse italienne avait évoqué 18h00 (16h00 GMT), le conseil des ministres est finalement convoqué à 20h00 (18h00 GMT), selon un communiqué du palais Chigi, avec une annonce prévue ensuite.
M. Di Maio n’a eu cesse de faire pression sur M. Tria, estimant que "la seule obligation était (le seuil de) 3%" imposé par l’UE.
Évoquant le déficit français prévu (autour de 2,8%), il a souligné lundi 24 septembre que l’Italie était "un pays souverain exactement comme la France". Selon la presse, il militait dans les dernières heures pour 2,4% au minimum.
Il a obtenu mercredi l’assurance de M. Tria que le revenu de citoyenneté de 780 euros, promesse phare de son parti, serait bien présent dans la loi de finances.
L’autre vice-Premier ministre, Matteo Salvini, patron de la Ligue, s’est montré un peu plus modéré, mais a jugé jeudi 27 septembre "juste de dépasser les 2%".
L’une des réformes portées par son parti est une "flat tax", un impôt sur les revenus limité à 15% et 20%.
Croissance en berne
La mise en oeuvre de cette mesure coûteuse sera vraisemblablement étalée dans le temps, car M. Tria exige que toute dépense ou perte de recettes soit couverte.
Il craint une nouvelle flambée du "spread", qui avait dépassé 300 points en mai en raison d’inquiétudes sur la politique à venir.
Or, plus les taux grimpent, plus le coût de remboursement augmente pour l’Etat ce qui réduit ses marges de manœuvre financière.
Une équation compliquée par une croissance moindre que prévu: 1% attendu en 2019 selon le FMI, 1,1% selon la Commission européenne.
"La plupart des promesses électorales de la Ligue et du M5S ne devraient pas être présentes dans (ce) premier budget", d’autant que "le gouvernement doit trouver 13 milliards d’euros pour éviter une augmentation automatique de la TVA", rejetée par les deux partis, pronostique Nicola Nobile, expert à Oxford Economics.
Avec 28-29% des intentions de vote après plus de 32% des suffrages en mars, le M5S a le plus à perdre. La Ligue, portée par les discours anti-immigration et sécuritaires de M. Salvini, ne cesse, elle, de grimper. C’est désormais le premier parti du pays avec quelque 32% des intentions de vote contre 17% en mars.
AFP/VNA/CVN