Le patriarche de 80 ans est convoqué devant les dix députés de la commission des médias à la chambre des Communes en compagnie de son fils James, 38 ans, et de sa protégée, Rebekah Brooks, 43 ans, "la reine des tabloïdes" déchue.
Les Murdoch avaient dans un premier temps décliné l'invitation avant de se raviser devant la magnitude prise par l'affaire. "Les deux derniers scalps", selon une formule du Daily Telegraph, sont ceux de Sir Paul Stephenson, patron de Scotland Yard et de l'un de ses assistants, John Yates. Le premier a démissionné le 17 juillet du fait d'allégations sur ses liens avec le groupe News Corp de M. Murdoch. Le deuxième l'a imité le 18 juillet, accusé d'avoir enterré en 2009 l'enquête sur les écoutes du News of the World (NotW).
Un ancien reporter de NotW, Sean Hoare, retrouvé mort à son domicile le 18 juillet, avait déclaré l'an dernier au New York Times et à la BBC que l'ancien rédacteur en chef du tabloïde, Andy Coulson, devenu par la suite directeur de la communication du David Cameron, était au courant des écoutes téléphoniques par son journal et qu'il avait signalé les faits à Scotland Yard qui lui avait répondu qu'il n'y avait pas de preuves étayant ses accusations.
Aussitôt la mort du dénonciateur connue, la police a annoncé que les circonstances de sa mort n'avaient jusqu'ici aucun caractère suspect. Le tabloïde "aussi anglais que le roastbeef" est accusé d'avoir piraté depuis 2000 les messageries de quelque 4.000 personnes, dont des politiciens, célébrités, et aussi celle d'une écolière assassinée.
Sir Paul -qui clame son innocence- a démissionné en laissant une grenade dégoupillée. Il reconnaît avoir rémunéré comme consultant Neil Wallis, ex-responsable éditorial du NotW. Mais relève que ce dernier n'a pas officiellement trempé dans le scandale, contrairement à son ex-rédacteur en chef Andy Coulson devenu... directeur de la communication de M. Cameron.
Depuis Prétoria où il venait d'arriver dans le cadre d'une visite écourtée en Afrique, M. Cameron a dû se justifier à nouveau tandis qu'à Londres le chef de l'opposition Ed Miliband doutait de "ses capacités à diriger le pays."
Empêtré dans l'affaire, le Premier ministre a repoussé de 24 heures les vacances parlementaires "afin de livrer les détails de l'enquête judiciaire et répondre aux questions" des députés.
MM. Murdoch et Mme Brooks ont jusqu'ici affirmé avoir ignoré l'ampleur des écoutes attribuées à un "reporter électron-libre" et à un détective privé. Le président de la commission, le conservateur John Whittindgale, a promis une séance sans "lynchage" mais allant "au fond des choses."
Mais l'audition signale un saisissant revers de fortune pour le papivore américain d'origine australienne, qui se targue d'avoir fait élire la plupart des Premiers ministres depuis les années 70. "Il a longtemps cru qu'il pouvait utiliser ses journaux pour récompenser ou punir, mais n'a plus ce pouvoir," affirme le 20 juillet son biographe Michael Wolff.
AFP/VNA/CVN