Sur ce confetti de 20 km2 perdu au sud de la Sicile, près de 10.000 candidats à l'immigration ont débarqué depuis le début des troubles en Afrique du Nord, plus du double du nombre d'immigrés arrivés pendant toute l'année 2010, a assuré récemment le ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni.
Au point de traversée le plus court, Lampedusa est à 138 km de la Tunisie, alors que la Sicile est à 215 km. Pour ces migrants, l'île n'offre aucune perspective si ce n'est celle de poser le pied sur le sol italien, et donc européen.
L'espoir est de pouvoir déposer une demande d'asile et d'essayer pour certains de passer à travers les mailles du filet pour trouver un travail au noir, ou, plus souvent, reprendre la route vers un autre pays européen, la France dans le cas des Tunisiens qui représentent l'immense majorité des immigrés arrivés depuis le début de l'année.
La dirigeante du Front national (FN) français, Marine Le Pen, a d'ailleurs prévu de se rendre aujourd'hui à Lampedusa pour y "évoquer les problèmes liés aux flux migratoires de clandestins".
L'Italie ne cesse d'exhorter l'Union européenne à l'aider à faire face à ce flux - qu'elle prédit "biblique" avec des centaines de milliers de clandestins - et à un risque de crise humanitaire "catastrophique". Pour l'instant en vain, même si l'UE a envoyé une mission de Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes.
Lampedusa, qui avait dans le passé un Centre d'identification et d'expulsion permettant d'examiner sur place les demandes des clandestins et de renvoyer au plus vite, depuis l'île même, ceux qui ne répondent pas aux critères d'asile, l'a désormais transformé en centre de premier accueil, ouvert, d'une capacité de 850 postes environ.
Les immigrés sont ensuite transportés dans d'autres centres en Italie pour identification et examen de leur dossier, avant de se voir reconnaître le statut de réfugié ou d'être expulsés.
Pour enrayer l'afflux de clandestins, Rome a signé en août 2008 un traité avec Tripoli, prévoyant, entre autre, une lutte plus efficace des autorités libyennes contre l'immigration clandestine au départ de ses côtes.
Ce traité avait permis dans les années successives de réduire jusqu'à 90% les débarquements à Lampedusa, passant de 37.000 arrivées en 2008 à 3.000 en 2010.
Alors que les débarquements se faisaient habituellement à la belle saison, de plus en plus d'embarcations prennent à présent le risque de traverser la Méditerranée en hiver, par des mers agitées.
Il n'existe pas de chiffres officiels sur les victimes lors des traversées depuis l'Afrique, mais l'association caritative italienne Fortress estime qu'au moins 3.616 personnes sont mortes dans l'ensemble de la Méditerranée entre 2006 et 2008 en tentant de rejoindre les côtes européennes.
AFP/VNA/CVN