Le Japon confronté à sa plus grave crise

La menace d'un nouvel accident nucléaire continuait le 13 mars de planer sur le Japon, confronté à "la plus grave crise" depuis la Seconde Guerre mondiale après le très fort séisme qui a probablement fait plus de 10.000 morts.

"Je considère que la situation actuelle, avec le séisme, le tsunami et les centrales nucléaires, est d'une certaine manière, la plus grave crise en 65 ans, depuis la Seconde Guerre mondiale", a déclaré le Premier ministre Naoto Kan.

Il a prévenu que le pays risquait de connaître des coupures de courant à grande échelle et a en particulier exprimé sa grave préoccupation à propos de la situation à la centrale nucléaire de Fukushima 1, où une explosion s'est produite le 12 mars dans le bâtiment abritant le réacteur 1.

Le réacteur 3 a connu à son tour le 13 mars des problèmes similaires, avec une "panne" de son système de refroidissement.

Le gouvernement a prévenu qu'on ne pouvait "pas exclure qu'une explosion puisse se produire au niveau du réacteur 3 en raison d'une possible accumulation d'hydrogène". Mais le porte-parole, Yukio Edano, a assuré qu'il n'y aurait pas de problème pour le réacteur.

215.000 personnes ont été évacuées dans un rayon de 20 km autour de cette centrale située à 250 km de la mégalopole de Tokyo et de ses 35 millions d'habitants.

L'accident nucléaire du 12 mars a été évalué au niveau 4 sur une échelle de 0 à 7 des événements nucléaires et radiologiques (Ines), contre 5 pour celui de Three Mile Island aux États-Unis en 1979 et 7 pour celui de Tchernobyl, en Ukraine en 1986. Certains experts étrangers ne cachent pas leurs inquiétudes, évoquant le risque d'un désastre de grande ampleur.

Le nombre de soldats mobilisés s'élève à 100.000

Onze des cinquante réacteurs nucléaires du Japon sont arrêtés depuis le séisme, ce qui a provoqué une importante chute dans l'approvisionnement en électricité.

L'autre priorité des autorités est le secours aux victimes et la recherche des milliers de personnes portées disparues après le tsunami provoqué par le séisme de magnitude 8,9, le plus fort dans l'histoire du pays.

M. Kan a doublé le 13 mars le nombre des soldats et des sauveteurs pour le porter à 100.000 et a annoncé que plus de 12.000 personnes avaient été secourues dans les zones sinistrées de la côte Pacifique, où les morts et les disparus se comptent par milliers.

Le dernier bilan officiel de la police nationale faisait état de 688 morts, 642 disparus et 1.570 blessés. Mais le chef de la police de la province de Miyagi a dit qu'il fallait s'attendre à ce que le bilan dépasse 10.000 morts dans cette seule région.

Le raz-de-marée a submergé des villes entières. Des voitures ont été projetées contre les façades des maisons, et même sur les toits, par la force de vagues déferlantes qui ont pénétré parfois jusqu'à cinq kilomètres à l'intérieur des terres.

Les premières équipes de secours envoyées par l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, la Suisse, le Royaume-Uni, la France ou les États-Unis sont arrivées le 13 mars au Japon.

Dans le Nord-Est, au moins 5,6 millions de foyers restaient privés d'électricité et un million demeuraient sans eau potable le 13 mars. Les pompes à essence étaient parfois à sec tandis que les achats de carburant étaient rationnés à 10 litres maximum par passage à la pompe.

"J'attends depuis plus de quatre heures et je n'ai toujours pas rempli mon réservoir. J'ai pourtant vraiment besoin d'essence", se désolait Sayuri Aizawa, une retraitée de 64 ans, dont la maison a été "emportée par les flots".

Dans l'agglomération de Tokyo, les habitants ont aussi commencé à faire des provisions d'eau, de riz et de produits de première nécessité, mais sans mouvement de panique.

Le séisme devrait "avoir un impact considérable sur les activités économiques d'un grand nombre de secteurs", a prévenu M. Edano, le porte-parole du gouvernement.

À cause de difficultés d'approvisionnement, les principaux constructeurs nippons d'automobiles ont annoncé la suspension de leur production dans tout le pays.

Pour soutenir l'économie locale, la Banque du Japon a versé le 13 mars 55 milliards de yens (480 millions d'euros) à treize banques implantées dans la région.

La terre a continué à trembler avec des dizaines de répliques le 13 mars. L'alerte au tsunami a été levée dans la soirée, mais l'agence météorologique nationale a averti qu'il y avait 70% de chances qu'un nouveau séisme de magnitude 7 ou plus se produise dans les trois prochains jours.

AFP/VNA/CVN

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