>>Washington "préoccupé" par les bombardements russes
Les jihadistes du groupe État islamique (EI) ont chassé le 20 juin les troupes du régime syrien de la province de Raqa (Nord). |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Daech (un acronyme en arabe de l'EI) a réussi à chasser les troupes du régime hors des frontières administratives de la province de Raqa après une contre-offensive féroce lancée dimanche soir 19 juin. Les prorégime ont été contraints à revenir dans la province de Hama", plus au sud, a indiqué lundi 20 juin l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Les forces prorégime, appuyées par l'aviation de leur allié russe, avaient lancé le 3 juin une offensive pour s'emparer de la ville clé de Tabqa dans la province de Raqa contrôlée par l'EI. C'était alors la première fois que le régime entrait dans la province depuis 2014.
La cité de Tabqa est située à une cinquantaine de km à l'ouest de la ville de Raqa, chef-lieu de la province du même nom et capitale de facto de l'EI en Syrie, pays ravagé par une guerre complexe depuis plus de cinq ans.
Elle représente un point de transit clé sur les bords de l'Euphrate et sa reprise permettrait de couper par l'ouest la route d'approvisionnement des jihadistes.
Ceux-ci avaient opposé une forte résistance aux forces du régime et envoyé quelque 300 combattants de Raqa à Tabqa pour défendre la ville, qu'ils contrôlent depuis 2014, selon l'OSDH.
D'après cette ONG, qui s'appuie sur un vaste réseau de sources à travers le pays, "plus de 40 membres des forces prorégime ont été tués", de même que 21 jihadistes dans la contre-offensive de l'EI.
Attentats-suicides
Dimanche 19 juin, les prorégime s'étaient rapprochés à sept km de l'aéroport de Tabqa tenu par les jihadistes, mais ils avaient été ensuite forcés de reculer après de nombreuses attaques de l'EI, avant d'être finalement chassés de la province.
Soldats syriens, le 25 mai à Raqa. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les jihadistes ont eu notamment recours aux attentats-suicides et à la voiture piégée pour repousser les forces du régime.
L'EI, qui a profité de la guerre civile en Syrie pour s'y implanter, occupe une large bande territoriale dans le Nord. Il contrôle quasi totalement la province de Raqa.
Dans la province voisine d'Alep, plus à l'Ouest, l'EI, également sur la défensive, a mené lundi une contre-offensive pour desserrer l'étau autour de son fief de Minbej, assiégé par l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS).
Selon l'OSDH, l'EI a réussi à reconquérir deux villages et trois hameaux au sud de Minbej, qui avaient été pris par les FDS lors d'une large offensive lancée le 31 mai pour prendre le bastion jihadiste, avec l'aide de l'aviation d'une coalition internationale dirigée par les États-Unis.
"L'EI essaie de défendre Minbej en envoyant des combattants de l’extérieur de la ville attaquer les FDS dans ces villages", selon Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH. "Daech a exécuté des habitants", a-t-il ajouté, sans pouvoir fournir de bilan.
Les FDS assiègent Minbej depuis 10 jours mais elles sont freinées par les attentats-suicides de l'EI. Les jihadistes contrôlent depuis 2014 cette ville, carrefour routier pour l'approvisionnement des jihadistes entre la frontière turque et la ville de Raqa.
La guerre en Syrie, déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, opposait au départ régime et rebelles, avant de se complexifier au fil des ans avec l'implication des jihadistes venus surtout de l'étranger, ainsi que d'acteurs régionaux et internationaux.
Elle a fait plus de 280.000 morts et poussé à la fuite des millions de personnes.