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La Vénézuélienne Yulimar Rojas établit un nouveau record du triple saut aux Mondiaux de Belgrade, le 20 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La Stark Arena de la capitale serbe a vécu deux moments historiques à quelques heures d'intervalle. C'est d'abord Rojas qui, en fin de matinée, a fait chavirer l'enceinte en réussissant une nouvelle performance exceptionnelle pour s'offrir un 3e titre de championne du monde indoor.
Sans rivale à sa mesure, la longiligne athlète (1,92 m) a effacé sa marque de 15,67 m établie aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021. Alors qu'elle se dirigeait comme d'habitude vers un succès facile, elle a sorti un dernier triple saut prodigieux à son ultime essai, comme au Japon, confortant sa place dans la légende de son sport.
Ses deux poursuivantes immédiates, l'Ukrainienne Marina Bekh-Romanchuk (14,74 m) et la Jamaïcaine Kimberley Williams (14,62 m), sont reléguées à au moins un mètre, signe du gouffre abyssal qui sépare la Vénézuélienne des autres concurrentes.
Sept mois après avoir dépassé l'Ukrainienne Inessa Kravets, qui détenait le record du monde depuis 1995 (15,50 m), Rojas a démontré avec une facilité déconcertante qu'elle pouvait aller largement au-delà.
"C'était comme vivre un rêve pour moi aujourd'hui, a-t-elle déclaré. Je voulais venir ici pour m'amuser. J'étais en pleine forme et je sentais que je pouvais faire de grandes choses. Je suis très heureuse parce que j'ai réalisé tout ce que je voulais et même plus encore. Le record aurait pu arriver à n'importe quel moment mais c'est arrivé au dernier essai. C'était comme un saut pour la gloire".
Objectif 16 m pour Rojas
La barre symbolique des 16 m ne semble même plus inaccessible à la Vénézuélienne, qui n'a jamais caché son ambition de devenir la première femme à l'atteindre. À seulement 26 ans, les opportunités ne manqueront pas pour celle qui règne sans partage sur le triple saut depuis près de cinq saisons.
"Ma devise c'est +rien n'est impossible+, a-t-elle affirmé. Je vais y arriver. Je suis née pour sauter 16 mètres et c'est ce que je veux pour inspirer les autres. Je sais que j'ai 16 mètres dans les jambes et c'est mon objectif".
En clôture des Mondiaux, Armand Duplantis n'a pas été en reste en ajoutant un centimètre au record du monde établi dans la même salle il y a à peine deux semaines. Le prodige suédois (22 ans) a eu besoin de trois essais pour effacer une barre à 6,20 m, mais il n'en fallait pas plus pour faire lever les 19.000 spectateurs massés dans la Stark Arena, pleine à craquer pour l'occasion.
Le natif de Lafayette en Louisiane, qui a devancé le Brésilien Thiago Braz (5,95 m) et l'Américain Chris Nilsen (5,90 m), a confirmé qu'il évoluait dans une autre galaxie en améliorant son record pour la 3e fois depuis qu'il l'a chipé au Français Renaud Lavillenie en février 2020.
Champion olympique (2021) et d'Europe en plein air (2018) ainsi qu'en salle (2021), Duplantis n'avait encore jamais été couronné lors d'un rendez-vous mondial. Il tentera cet été à Eugene (15-24 juillet) de s'emparer de la médaille d'or aux Mondiaux en plein air, la seule qui manque désormais à son palmarès déjà bien fourni.
"Je veux repousser les barrières, a-t-il expliqué. Je veux être un gars qui saute haut dans les grandes compétitions. J'ai maintenant sauté suffisamment à plus de 6 m pour savoir qu'il est possible de battre des records n'importe quand. J'ai une bonne idée de ce dont j'ai besoin pour rester au sommet".
La soirée aurait pu être encore plus folle si Grant Holloway avait poursuivi sur sa lancée après avoir égalé son record du monde du 60 m haies en demi-finale (7 sec 29). L'Américain a baissé d'un ton en finale (7 sec 39), remettant tout de même les pendules à l'heure après la déception des JO (2e) mais en laissant le beau rôle à l'irrésistible duo Rojas-Duplantis.