La clinique du district de Giông Riêng (province de Kiên Giang (delta du Mékong) totalise plus de 200 lits de patients. Les médecins de cette clinique effectuent des centaines, voire mille consultations de malades par jour. Selon les règlements, cet hôpital devrait se doter de 80 médecins. Cependant, il n'en possède qu'une quarantaine. En cinq ans, la clinique de Giông Riêng a pu seulement recruter six docteurs. Le docteur Lê Van Nhi, directeur de cet établissement, s'inquiète que la pénurie de médecins va encore s'aggraver, puisque son hôpital va s'élargir de 350 lits de patients.
En fait, le manque de main-d'oeuvre est un problème général dans la province de Kiên Giang. Le directeur adjoint du Service provincial de la santé, Pham Minh Huê, s'est plaint que cet état de chose persistait dans les établissements à tous les niveaux de la province. Les domaines tels la santé préventive, l'hygiène et la sécurité alimentaire, la tuberculose et la psychologie sont les plus en manque de médecins.
Au niveau régional, le delta du Mékong ne disposait que d'environ 8.500 docteurs, qui doivent s'occuper de quelque 18 millions d'habitants. Trois pour cent d'entre eux possèdent un diplôme post-universitaire. Un manque cruel qui nécessite à remédier.
Au niveau national, le tableau n'est non plus clair. Selon les statistiques du ministère de la Santé, le nombre de cadres sanitaires connait toujours une hausse annuelle. Mais cette augmentation est encore inférieure à celle démographique. En 2008, le Vietnam possédait 40,5 agents sanitaires pour 10.000 habitants, contre 43,1 pour 10.000 en 1986. Il s'agit d'un taux bas, comparé aux pays en Asie-Pacifique.
Non seulement, les docteurs, les pharmaciens sont aussi de plus en plus recherchés. Le pays a un taux de 0,2 pharmaciens pour 10.000 habitants, bien trop inférieur aux prévisions en 2010 de 1,5 pour 10.000 habitants, selon la stratégie de développement du secteur pharmaceutique. Selon le ministère de la Santé, le taux de pharmaciens représente environ 1% des professionnels du secteur sanitaire. Par rapport à l'an 2000, ce taux a baissé dans presque toutes les régions du pays, notamment dans les hauts plateaux du Centre (Tây Nguyên) avec seul 0,6%.
Des solutions à proposer
Or, au Vietnam, il n'y a qu'une seule université spécialisée dans la formation des pharmaciens : la Faculté de pharmacie de Hanoi. Les autres établissements de formation en la matière font souvent partie des Facultés de médecine.
Selon la vice-ministre de la Santé, Nguyên Thi Kim Tiên, afin de remédier aux problèmes de main-d'oeuvre du secteur sanitaire, il faudrait lancer plusieurs mesures de manière synchrones. En ce qui concerne la formation, le ministère de la Santé a autorisé à augmenter le nombre d'étudiants admis à l'entrée des Facultés de médecine et de pharmacie, ainsi que de développer les liens de formation entre les établissements et les hôpitaux locaux.
Ledit ministère a lancé un plan de développement de la main-d'œuvre à l'horizon de 2020, qui met en avant quatre groupes de solutions comprenant les mécanismes de politique et de formation, les infrastructures et les sources de finance.
Concernant le mécanisme de politique, le ministère a amendé et publié certaines politiques privilégiées dans les domaines de la santé préventive et de celle dans les régions lointaines, visant à attirer davantage les diplômés.
Les solutions concernant la formation s'orientent vers le développement des établissements, de celui du contingent d'enseignants, ainsi que le renouvellement du contenu et des programmes de formation. Ledit plan a abordé la création d'universités de santé à Hanoi et Hô Chi Minh-Ville, en se basant sur le réseau des Facultés de médecine et de pharmacie, l'Université de santé communautaire, celle d'odontologie maxillo-faciale et l'Institut de médecine traditionnelle dans l'ensemble du pays. À l'horizon 2020, ces universités devront répondre aux normes régionales de l'Asie du Sud-Est.
La création d'établissements de formation dans les régions qui manquent de main-d'œuvre est néces- saire. Plus concrètement, dans le delta du Mékong, la Faculté de médecine et de pharmacie de Cân Tho serait élargie, la fondation d'établissements privés est encouragée et le Département de médecine et de pharmacie de l'Université d'An Giang devrait voir le jour. Le renforcement de la coopération de formation entre les hôpitaux et universités est notamment encouragé.
Quant aux investissements, les établissements de formation bénéficieront de priorités foncières. L'État est responsable principalement d'investir dans les infrastructures et les équipements, visant à améliorer la qualité de l'enseignement dans les établissements de formation. Il serait souhaitable d'attirer les investissements privés dans la formation des médecins.
Viêt Hoàng/CVN