Relance économique : la prudence s'impose

Les estimations optimistes sur les perspectives de la relance économique pourraient provoquer une attitude de relâchement de la part des habitants. Le pays a maintenu ces derniers temps une croissance de la production industrielle et agricole. Pourtant, il faut avertir tout le monde des difficultés, belles et bien présentes, selon les économistes Lê Dang Doanh et Bùi Kiên Thành, qui ont fait part de leurs analyses au journal en ligne Vnexpress.net.

L'économiste Lê Dang Doanh :

Il faut avertir les habitants des difficultés économiques pour qu'ils concentrent les efforts dans l'optique de sortir rapidement de la crise économique mondiale. Si l'on parle d'une relance précoce, il est important de préciser le niveau de reprise et les secteurs qui en bénéficient. À Singapour, le gouvernement prévoit une croissance négative de - 8% cette année. Il avertit également que les difficultés économiques perdureraient en 6 ans. Pour relever ces grands défis, le gouvernement et les habitants doivent faire de gros efforts.

À mon avis, il faut présenter les critères concrets de relance économique en termes de croissance du PIB, de développement des services de crédit, de création d'emplois et de réduction du nombre de chômeurs.

Il est vrai qu'à heure actuelle, les indices économiques du pays se sont nettement améliorés par rapport au premier trimestre de l'année et ceci est logique. Au premier trimestre, la faible production était due aux jours fériés du Têt lunaire. Très souvent, les activités ordinaires de l'économie ne s'établissent qu'au 2e trimestre. D'où la hausse des besoins en construction et consommation. Sur les 4 premiers mois de l'année, parmi les principales marchandises exportables, seules 6 ont connu une croissance : riz, poivre, manioc, produits de textile-habillement, thé et joailleries. Sur ces 6 produits, 50% n'ont enregistré qu'une croissance des exportations très légère. La valeur des exportations représente plus de 70% du PIB national, tandis que celle des importations et des prestations de services équivaut à 100% du PIB. Aucun doute que la santé de l'économie nationale dépend beaucoup de celle de l'économie mondiale. La relance économique du Vietnam serait-elle facile alors que les grandes économies du reste de la planète éprouvent les pires difficultés à s'en sortir ?

Les économistes ont proposé 4 scénarii de relance économique, représentés par 4 lettres majuscules :

V, U, W et L. Parmi ces scénarii, le Vietnam devra éviter à tout prix le scénario "L", qui causerait des effets négatifs sur l'économie et la société sur le long terme. Selon le scénario "V", la croissance de l'économie serait en chute libre avant de se reprendre immédiatement avec vigueur. Le ralentissement économique durerait environ un an. Ce scénario optimal est ciblé par toutes les économies. À mon avis, le scénario "W" est envisageable au Vietnam. Avec la lettre W, l'économie nationale connaîtrait une alternance de cycles de ralentissement et de relance avant d'afficher une croissance stable.

L'économiste Bùi Kiên Thành, conseiller au gouvernement en stratégie économique :

La relance économique qui ne se traduit pas seulement par la hausse du marché boursier ou bien la rentabilité des banques. Malgré la hausse du marché boursier, ce dernier ne possède pas de bases économiques solides pour une croissance durable. L'envol du marché boursier national sera difficile si le marché américain a tendance à baisser. La plupart des actions des sociétés sur le marché américain ont perdu 40-50% de leur valeur.

L'évaluation de la santé d'une économie se base sur plusieurs indices, dont la confiance en affaires commerciales. Au premier trimestre de l'année, l'indice de confiance en affaires commerciales au Vietnam a augmenté de 6 points par rapport à la fin de l'an dernier. Le pouvoir d'achat des consommateurs sur le marché domestique continue d'ailleurs d'augmenter.

Les exportations en mars ont affiché une croissance de 2,4% par rapport au mois précédent. Pourtant, les produits exportés majeurs (articles de textile-habillement, meubles, chaussures...) ont accusé une baisse. Les importations ont aussi chuté, mais cela s'explique par la baisse des exportations, car 70-80% des matières premières pour la production des produits exportables sont importés.

Au dire d'experts, c'est la reprise de la production des entreprises qui reflète la santé de l'économie. Pour aider les sociétés, le gouvernement prend des mesures efficaces dont la bonification du taux d'intérêt des prêts. Il faut renforcer la gestion de l'utilisation des prêts à taux préférentiel alloués aux entreprises. Dans le cadre du programme gouvernemental de stimulation de la production et de la consommation, les entreprises ne bénéficient que des emprunts bonifiés en dông pour reprendre leurs activités de production et commerciales. Si elles utilisent ces fonds pour acheter les devises dans l'optique de payer les contrats d'importation déjà signés dans le passé, cela exercera des mauvaises influences sur la macroéconomie. Une question se pose : pourquoi la fièvre du marché des devises ces derniers temps, alors que les besoins des entreprises pour les contrats d'importation sont minimes ?

Ngân Huong/CVN

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