France
Régionales : la participation s'effondre, les sortants en position de force

Jamais les Français n'ont autant boudé les urnes. Moins d'un tiers d'entre eux ont voté dimanche 20 juin au premier tour des régionales et départementales, marqué par la solidité des présidents de région sortants de droite comme de gauche et un résultat du Rassemblement national loin de ses espérances.

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Un électeur glisse un bulletin dans l'urne, lors du premier tour des élections régionales et départementales, à Angers le 20 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'abstention atteindrait entre 66,1% et 68,6% selon les estimations des instituts de sondage, soit un record tous scrutins confondus en France hors référendum.

Jusqu'à présent, l'abstention la plus élevée pour un premier tour des régionales datait de 2010 avec 53,67%.

"Le niveau de l'abstention est particulièrement préoccupant", a jugé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en appelant à "une mobilisation" pour le second tour dimanche prochain 27 juin.

D'ici là, les négociations d'alliances, fusions ou retraits vont alimenter la chronique jusqu'au dépôt des listes mardi 22 juin à 18h00, notamment en Paca, région où le RN est le mieux placé.

Dans ces conditions, difficile de tirer des enseignements nets de ce scrutin local pour se projeter sur la présidentielle de 2022, l'élection phare de la Ve République.

Mais il est marqué par la résistance du duo gauche-droite, la première totalisant 34,4% des suffrages et la seconde 28,7%, selon les estimations de l'Ifop. Les deux grands partis traditionnels bénéficient à plein de la "prime aux sortants", qui ont été à la manœuvre lors de la crise sanitaire. Cela permet à la droite d'espérer pouvoir conserver ses sept régions et la gauche ses cinq en France métropolitaine.

Le RN en retrait 

En revanche, le RN subit une forte contre-performance, avec 9 points de moins qu'en 2015, loin des espoirs affichés de gagner une première région. Reconnaissant que ses électeurs ne s'étaient "pas déplacés", Marine Le Pen a appelé "au sursaut" pour le second tour.

Également en retrait, les candidats de la majorité présidentielle ne totalisent que 11,5% des suffrages selon Ipsos, un score qui confirme la faible implantation locale de LREM.

Malgré la mobilisation de cinq ministres, dont Eric Dupond-Moretti, la majorité est ainsi éliminée dès le premier tour dans les Hauts-de-France, où Xavier Bertrand (ex-LR) est en très bonne posture pour conserver la région, un succès dont il compte faire une rampe de lancement pour 2022. Selon les estimations, il réunirait entre 39% et 46,9% des voix, très loin devant son concurrent du RN Sébastien Chenu (22,5% à 24,4%), estimant ainsi avoir "desserré pour les briser les mâchoires du FN".

Les résultats nationaux par parti au premier tour des élections régionales, selon les estimations des instituts de sondages à 21h00.
Photo : AFP/VNA/CVN

Même scénario pour le président d'Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR), donné à plus de 45%, avec plus de 30 points d'avance sur la candidate des Verts Fabienne Grébert ou le prétendant du RN Andrea Kotarac, un résultat qu'il a qualifié de dépassant "toutes les attentes".

Autre candidate potentielle en 2022, Valérie Pécresse (ex-LR) arrive largement en tête en Île-de-France (autour de 35%), mais reste sous la menace d'une hypothétique union des candidats de gauche (Julien Bayou, Clémentine Autain, Audrey Pulvar) qui va focaliser l'attention dans les prochaines heures.

Coude-à-coude en Paca 

En Paca, le suspens reste de mise. Le sortant LR, Renaud Muselier, et Thierry Mariani (RN) sont donnés au coude-à-coude, entre 30 et 35%, selon différents sondages. Le troisième homme Jean-Laurent Felizia (EELV/PS/PCF), positionné entre 14 et 18%, a dit vouloir se maintenir au second tour mais est mis sous pression par le patron du PS, Olivier Faure, ou encore les cadres d'EELV et du PCF, qui l'exhortent au retrait.

La droite peut se réjouir de voir sortir en tête Jean Rottner dans le Grand Est, Christelle Morançais dans les Pays de la Loire et Hervé Morin en Normandie.

À gauche, les sortants prennent également une option, comme Carole Delga (PS/PCF) en Occitanie, donnée autour de 40%, ou Alain Rousset (PS) en Nouvelle-Aquitaine, tandis qu'en Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay (PS) parvient à devancer d'une courte tête le RN, Julien Odoul (26% contre 24%).

Le jeu est très ouvert en Bretagne, où le socialiste Loïg Chesnais-Girard arrive légèrement en tête, et dans le Centre-Val-de-Loire, où François Bonneau (PS) devra négocier serré avec le candidat EELV/LFI Charles Fournier pour conserver sa région.

Enfin, en Corse, le président sortant de l'exécutif corse, l'autonomiste Gilles Simeoni, devra faire le plein des voix nationalistes pour battre la liste de droite menée par le maire d'Ajaccio, Laurent Marcangeli, qu'il devance d'une courte tête, selon les sondages.

Quelle réponse de Macron ? 

Le président français Emmanuel Macron entre dans l'isoloir au Touquet, au premier tour des régionales, le 20 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Si la claque se confirmait au second tour pour la majorité, la question d'un remaniement gouvernemental pourrait être posée, alors qu'Emmanuel Macron doit exposer début juillet la feuille de route pour la fin de son quinquennat, qu'il souhaite "utile".

Pour les départementales, un scrutin resté à l'ombre des régionales, la stabilité était attendue, avec une large majorité pour la droite, selon l'Assemblée des départements de France.

Cinq collectivités d'outre-mer - Mayotte, la Réunion, la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique - étaient également appelées aux urnes pour renouveler les élus de leur département, régions ou collectivité territoriale. À la Réunion, le divers droite Didier Robert, président sortant, a terminé en tête du premier tour des régionales avec 31,10% des suffrages.

AFP/VNA/CVN

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