Raclée pour le camp Merkel à 6 mois des législatives

Les conservateurs allemands, embourbés dans un scandale financier et critiqués pour leur réponse à la pandémie de COVID-19, ont essuyé dimanche 14 mars une cinglante défaite électorale dans deux États régionaux à six mois de législatives qui vont doivent désigner le successeur d'Angela Merkel à la chancellerie.

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Panneaux électoraux pour Malu Dreyer, dirigeante social-démocrate sortante de la Rhénanie-Palatinat, à Mainz, dans l'Ouest de l'Allemagne, le 14 mars, jour de l'élection régionale.

L'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière a subi "un désastre" électoral, selon Die Zeit, "une débâcle" telle qu'elle montre que "ça ne peut pas continuer comme ça", prévient même Der Spiegel.
De fait, dans les 
États régionaux du Bade-Wurtemberg et de Rhénanie-Palatinat, le camp conservateur a enregistré les pires scores de son histoire, d'après les projections des chaînes ARD et ZDF vers 22h30 locales (21h30 GMT).
La CDU ne recueille dans le Bade-Wurtemberg que 23,8% à 24,1% des suffrages contre 27% il y a cinq ans, tandis qu'en Rhénanie-Palatinat elle atteint 26,9% à 27,5%, contre 31,8% en 2016.
Les conservateurs ne partaient certes pas favoris dans ces deux Länder dirigés respectivement par les Verts et les sociaux-démocrates du SPD, mais ils accusent un recul de mauvais augure avant les législatives du 26 septembre.
Les révélations en cascade, depuis fin février, autour de ladite "affaire des masques", et les critiques croissantes sur la gestion de la crise sanitaire ont affaibli le parti de la chancelière.

L'écololgiste Winfried Kretschmann, à la tête du Bade-Wurtemberg, dans le Sud-Ouest de l'Allemagne, s'apprête à voter, le 14 mars à Sigmaringen.
Photo : AFP/VNA/CVN

La CDU traverse "sa plus grave crise" depuis le scandale des caisses noires qui avait précipité la chute d'Helmut Kohl à la fin des années 1990, selon de nombreux commentateurs. Cette fois, ce sont notamment des soupçons de commissions de plusieurs centaines de milliers d'euros perçues par des députés dans des contrats d'achats de masques, au début de l'épidémie, qui écornent l'image de la majorité.
Verts et SPD en tête 
Ce scandale a "lourdement impacté" le résultat de ces scrutins, a reconnu dimanche soir le secrétaire général de la CDU Paul Ziemiak alors que le chef du parti, Armin Laschet, n'a prévu de s'exprimer que lundi midi 15 mars.
Le responsable a promis "la tolérance zéro" face aux malversations de ceux "qui s'enrichissent pendant la crise (sanitaire)".
Les Verts, qui visent une entrée au gouvernement fédéral à l'issue des législatives, se sont au contraire félicités d'un "super démarrage" de la séquence électorale marquée par leur large victoire dans le Bade-Wurtemberg, un Land qu'ils dirigent depuis une décennie.
Dans cette région, coeur de l'industrie automobile, le populaire Winfried Kretschmann, 72 ans, améliore son score, à 32,7%.
La coalition avec la CDU qu'il dirige depuis cinq ans est parfois perçue comme le laboratoire d'une possible alliance nationale à l'issue des élections fédérales.
Dans le Land de Rhénanie-Palatinat, la CDU arrive loin derrière la dirigeante sortante, Malu Dreyer (SPD, 36%).

Affiches électorales pour les élections régionales au Bade-Wurtemberg, à Stuttgart dans le Sud-Ouest de l'Allemagne, le 9 mars.

L'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) essuie le plus sévère recul de tous les partis, plafonnant à environ 8 ou 9%.
Fatigue des restrictions 
Après 16 ans de pouvoir, Angela Merkel pouvait espérer laisser un parti avançant avec confiance vers les élections, mais la CDU et son avatar bavarois CSU sont récemment retombés entre 30 et 33% d'intentions de vote, leur niveau d'avant la pandémie.
Deux députés, Georg Nüsslein (CSU) et Nikolas Löbel (CDU), ont dû quitter leur parti, soupçonnés de s'être enrichis en servant d'intermédiaires avec des fabricants dans l'achat de masques anti-COVID par les autorités.
Un autre député conservateur a renoncé jeudi 12 mars à son mandat après avoir été mis en cause pour des liens financiers avec l'Azerbaïdjan.
Cette défaite pèse aussi sur les ambitions d'Armin Laschet qui doit convaincre les siens qu'il sera le meilleur candidat conservateur à la chancellerie. Le patron de la Bavière Markus Söder (CSU) le devance dans les sondages.
"L'affaire des masques" passe d'autant plus mal que des millions d'Allemands, un an après le début de la pandémie, sont las des restrictions.
Les difficultés d'approvisionnement en vaccins contre le COVID-19, comme dans le reste de l'Europe, n'ont fait qu'accentuer le mécontentement, sur fond de remontée des contaminations ces derniers jours.
La stratégie gouvernementale de levée progressive des restrictions grâce au recours à des tests massifs se heurte aussi aux difficultés d'approvisionnement en tests antigéniques.
Et les autorités sanitaires ne cachent plus leur inquiétude face au "début d'une troisième vague".

AFP/VNA/CVN

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