Que nenni ! La retentissante bredouille des sportifs vietnamiens sonne comme un désaveu pour les méthodes de préparation de nos sportifs, bien loin de la précision chirurgicale des grandes nations dans ce domaine...
En effet, le Vietnam dispose de quelques perles tout à fait à même d’être performantes lors des grandes échéances internationales, Jeux olympiques inclus. Mais le constat est là. Sur les huit olympiades auxquelles le Vietnam a participé - Londres 2012 inclus -, seuls deux sportifs ont été médaillés : la teakwondoka Trân Hiêu Ngân aux JO de Sydney 2000 et l’haltérophile Hoàng Anh Tuân aux JO de Pékin 2008. Londres est une vraie déception dans la mesure où 18 sportifs étaient de la partie, avec quelques bons espoirs de médailles…
Le tir compte suffisamment de bons éléments pour y investir en vue des prochaines échéances olympiques. |
Les JO, on ne le répètera jamais assez, sont la plus grande et prestigieuse des compétitions sportives de la planète. De fait, le niveau d’exigence est très élevé. «Pour espérer briller, il faut commencer par revoir sérieusement les méthodes de préparation», affirme Nguyên Hông Minh, ancien chef du Département des sports de haut niveau du Comité de l’éducation physique et des sports du Vietnam. Mais plutôt que de tirer à boulets rouges, rendons un hommage appuyé à nos sportifs, qui n’ont pas démérité, à l’image de l’haltérophile Trân Lê Quôc Toàn qui échoue au pied du podium, manquant le bronze pour deux petits kilos seulement, du tireur Hoàng Xuân Vinh, 4e à 0,1 point de la médaille de bronze, ou encore de la jeune nageuse Nguyên Thi Anh Viên. Même si les deux premiers cités peuvent nourrir des regrets, ils ont de toute façon largement amélioré leur marque d’avant JO.
Investir dans les disciplines déjà compétitives
Il est l’heure de tirer des conclusions de cet échec, dû en grande partie aux méthodes de préparation pour le moins discutable qui ont précédé les JO. «Si l’on préparait les Jeux olympiques quatre ans, voire même huit ans à l’avance, les résultats seraient certainement différents», regrette Lâm Quang Thành, chef de la délégation des sportifs vietnamiens aux JO de Londres. «Il est important d’investir dans un cycle olympique, comme le font les grandes nations sportives, c’est-à-dire, quatre ans consécutifs pour les sportifs les plus prometteurs. Si l’on se dépêche, on peut espérer de meilleurs résultats pour les 31es JO à Rio de Janeiro», estime Nguyên Hông Minh.
Pour lui, les investissements ne doivent pas être éparpillés ici et là, mais bien se concentrer dans les quelques disciplines où l’on a déjà de solides références, comme par exemple en haltérophilie dans les catégories légères. Trân Lê Quôc Toàn (moins de 56kg) s’est révélé en 2008, l’année où son «collègue» Hoàng Anh Tuân a remporté une médaille d’argent dans la même catégorie aux JO de Pékin. C’est à ce moment-là qu’il aurait fallu lui donner les meilleures infrastructures d’entraînement et le staff technique qui va avec, plutôt que d’attendre les derniers mois avant les JO comme cela a été le cas. Le résultat aurait peut-être été différent...
La gymnastique artistique figure dans la liste des disciplines où il faut investir en priorité. |
Outre l’haltérophilie, les instances sportives nationales doivent allouer un budget conséquent à la gymnastique artistique. «Si l’on fournit à nos gymnastes des équipements homologués, de bons entraîneurs, un suivi médical et nutritionnel approprié et un salaire décent, il devrait être en mesure de rivaliser avec les meilleurs», souligne M. Minh. L’échec de la gymnaste Phan Thi Hà Thanh à Londres est «entièrement de notre faute». Pendant des mois, elle a dû s’entraîner seule. «Comment voulez-vous, dans ces conditions, et ce malgré tout le talent qu’on lui connaît, qu’elle puisse prétendre à une médaille olympique ?», désespère l’expert.
Le taekwondo est aussi une discipline prometteuse. Mais là aussi, la donne est la même. L’entraîneur sud-coréen chargé des derniers «réglages» pour Huynh Châu et Diêu Linh, tous deux du voyage à Londres, s’interroge : «Pourquoi ne se sont-ils entraînés de manière intensive que deux mois avant l’échéance ? En République de Corée, les sportifs sont préparés trois à quatre ans à l’avance !».
Le tir déroge un peu à la règle dans la mesure où cela fait des années maintenant que les instances injectent de l’argent pour son essor, tir rapide au pistolet et fusil en tête. Et les résultats parlent d’eux-mêmes ! Un exemple à suivre.
Il ne faut pas oublier dans cette liste l’athlétisme et la natation, où le Vietnam peut prétendre à de belles choses. Il est grand temps de donner au sport national les moyens de ses ambitions. Messieurs les décideurs politiques, vous savez ce qu’il vous reste à faire !
Diêu An/CVN