De nombreux maîtres vietnamiens se font faits un nom à l’étranger comme Hô Buu du dojo de Tây Son, en Virginie, États-Unis, Diêp Lê Bich, fondatrice de l’école Binh Thai dao, à Northampton, en Grande-Bretagne, Hô Hoa Huê, fondatrice de l’école Tinh Vo dao Vietnam, ou encore Nguyên Duc Môc et Olivier Barbey (Fédération internationale des arts martiaux vietnamiens en France)... Parmi ces grands maîtres, il y a aussi des femmes, à l’instar de Diêp Lê Bich et Hô Hoa Huê, considérées comme les pionnières dans la diffusion et l’enseignement des arts martiaux nationaux à l’étranger.
Nombreux sont les Américains, Britanniques, Allemands, Français, Espagnols ou Belges... venant apprendre sur place les arts martiaux vietnamiens. |
Photo : CTV/CVN |
Les pionniers
En 1985, Hô Hoa Huê a créé son école à Hô Chi Minh-Ville, du style Tinh Vo dao, avec de premiers pratiquants vietnamiens. De 1996 à 1999, elle remporte quatre fois consécutivement les championnats nationaux d’arts martiaux, ce qui lui vaut une invitation de l’Association internationale des arts martiaux vietnamiens en Europe à venir enseigner son savoir. Depuis 1998, elle a fait connaître sa discipline de prédilection en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne... Le magazine français Ceinture noire l’a même élue en 2000 «Femme en or des arts martiaux».
Si Hô Hoa Huê est partie à l’étranger spécifiquement pour enseigner son art, d’autres femmes maîtres s’y sont mises un peu par hasard. C’est le cas de Diêp Lê Bich, fondatrice de l’école Binh Thai dao en Grande-Bretagne. Le style Binh Thai dao a été créé dans la province de Binh Dinh, berceau des arts martiaux nationaux, au début du XXe siècle par le maître Diêp Truong Phat, alias Sau Tàu. Après son décès, son fils, Diêp Bao Sanh, a pris la relève. Diêp Lê Bich est le 3e grand maître du style Binh Thai dao. En 1979, elle s’est installée en Grande-Bretagne avec sa famille. En 1985, alors qu’elle travaillait à la banque britannique Barclayscard Northampton, ses supérieurs lui ont suggéré d’ouvrir des cours d’arts martiaux pour... le personnel. De fil en aiguille, elle a finalement ouvert un club. Elle propose même un enseignement à distance ! Pour aider les pratiquants qui ne peuvent fréquenter assidûment son dojo, elle leur propose en effet de visionner des vidéos qu’elle a réalisées elle-même. Et si quelque chose leur échappe, ils peuvent la contacter et résoudre le problème via... webcam. D’autres clubs de l’école Binh Thai dao se sont ouverts aux États-Unis et en Grande-Bretagne, avec environ 2.000 pratiquants.
Nécessité d’une «maison commune»
Nombreux sont les Américains, Britanniques, Allemands, Français, Espagnols ou Belges... venus apprendre sur place les arts martiaux vietnamiens. Et pourtant, malgré leur attractivité que personne ne conteste, ces disciplines restent - à l’exception du Vovinam - encore largement confidentielles, connues des seuls initiés et surtout absentes de la scène sportive internationale, et même régionale.
Regrouper les arts martiaux traditionnels vietnamiens au sein d’une même fédération est le désir de tous les maîtres. |
En effet, regrouper les arts martiaux traditionnels vietnamiens au sein d’une même fédération est le désir de tous les maîtres. «Nous désirons mettre en place une sorte de chaîne de solidarité entre nous, de sorte que l’ensemble des disciplines martiales vietnamiennes puissent, à terme, bénéficier d’une aura internationale», a confié la maître Hô Hoa Huê.
Selon Nguyên Manh Hùng, président du conseil d’administration de l’Université internationale Hông Bàng, «en parallèle à notre volonté de faire connaître au grand public nos différentes disciplines, ce qui passe par la création de la Fédération internationale des arts martiaux traditionnels vietnamiens, il est important de les introduire à l’école. La mienne s’y prépare». Le vice-président du Comité populaire de la province de Binh Dinh, Mai Thanh Thang, affirme que sa province est en train de préparer un projet de préservation des plus grandes écoles d’arts martiaux traditionnels en recourant à divers supports multimédias afin d’assurer leur pérennité et les léguer aux générations futures.
D’après l’historien Duong Trung Quôc, faire rayonner les arts martiaux vietnamiens à l’étranger, les préserver et les valoriser est une nécessité, ne serait-ce que pour le rôle qu’ils ont joué dans l’histoire du pays. Cette responsabilité incombe aux instances sportives nationales. Et pourquoi pas un jour un art martial vietnamien parmi les disciplines olympiques ? Tous les rêves sont permis !
Diêu An/CVN