Membres d'un panel de l'Union africaine (UA) sur la crise née du scrutin présidentiel de novembre, Idriss Deby Itno (Tchad), Jikaya Kikwete (Tanzanie), Jacob Zuma (Afrique du Sud) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) ont commencé leurs entretiens en rencontrant le 21 février après-midi Laurent Gbagbo, au palais présidentiel.
Aucun des dirigeants n'a fait de déclarations à l'issue de ce rendez-vous de plus de deux heures.
Au lendemain d'une réunion en Mauritanie, le panel devait soumettre les 21 et 22 février à Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président par une grande partie de la communauté internationale, dont l'UA, des propositions pour aboutir d'ici au 28 février à des solutions "contraignantes" pour les parties. Ex-médiateur du processus de paix ivoirien (2007-2010), Blaise Compaoré (Burkina Faso) est membre du panel mais il est contesté par le camp Gbagbo qui l'accuse d'appuyer M. Ouattara. Le président burkinabè n'a pas fait le déplacement, officiellement pour "raisons de sécurité".
Abidjan connaît un regain de tension depuis ce week-end, au moins trois manifestants pro-Ouattara ayant été tués samedi par les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à son rival.
Le 21 février, un civil a été tué dans le quartier populaire de Treichville (Sud) quand les FDS ont tiré à balles réelles pour disperser des jeunes qui avaient érigé des barricades faites de tables et de pneus enflammés, ont indiqué des habitants. Une dizaine de blessés, certains par balles, ont été admis dans une clinique privée de Treichville.
À Abobo (Nord), fief de M. Ouattara, et Koumassi (Sud), les FDS ont aussi tiré pour disperser des jeunes qui voulaient se rassembler, ont raconté des témoins. Selon des sources concordantes, Koumassi a été le théâtre de heurts particulièrement violents, occasionnant des dégâts matériels très importants.
Les FDS ont fait état de trois tués dans leurs rangs en deux semaines, dont deux éléments dimanche, ainsi que de deux blessés, et dénoncé l'appel à une "révolution" à l'égyptienne lancé par le camp Ouattara.
Laurent Gbagbo avait répliqué à ce mot d'ordre en décrétant ce week-end un couvre-feu nocturne dans la moitié Sud du pays, restée sous son contrôle après le putsch manqué de 2002.
La tâche des médiateurs est des plus difficiles, aucun des deux rivaux ne paraissant prêt à céder alors que la crise a déjà fait au moins 300 morts dans des violences depuis mi-décembre, selon l'ONU.
AFP/VNA/CVN