* D'après plusieurs récentes études, le tabagisme au sein des établissements scolaires est très répandu. Que pensez-vous de cette situation ?
Je voudrais ajouter la chose suivante : le taux de fumeurs est élevé non seulement dans les établissements scolaires mais aussi dans bon nombre d'administrations et d'organes étatiques.
* L'Université de la santé publique est devenue la première école sans fumée de tabac au Vietnam. Comment êtes-vous parvenu à ce résultat ?
Dès le début, nous avions des conditions favorables pour édifier une école non fumée car notre établissement est spécialisé dans la santé. Non seulement les enseignants mais tous les étudiants connaissent très bien les méfaits du tabac. Cependant, nous devons appliquer aussi des mesures de sanction à l'encontre des contrevenants. Mais d'après moi, le plus important c'est de sensibiliser étudiants et enseignants, de les motiver. Les sanctions ne viennent que dans un deuxième temps, si nécessaire.
* Actuellement, bon nombre d'établissements scolaires ont accroché des panneaux d'interdiction de fumer. Est-ce d'après vous une mesure efficace ?
Si l'on ne recourt qu'à cette mesure, je pense que ce ne sera pas efficace. À mon avis, elle doit s'accompagner d'une série d'autres mesures, dont les sanctions. Les universités doivent former des élèves chargés de sensibiliser leurs camarades aux méfaits du tabac. Une école de non fumeur ne se reconnaît pas au nombre de panneaux accrochés aux murs. Le plus important, c'est que tout le monde dans cette école, cadres, enseignants ou élèves, soient conscients des méfaits du tabac sur la santé, et agissent en conséquence.
* Dans le mouvement d'émulation déclenché au sein des cadres et des enseignants, le ministère de l'Éducation et de la Formation a ajouté récemment le critère de non tabagisme sur le lieu de travail et dans les espaces publics. Pensez-vous que ce critère sera un obstacle pour les enseignants fumeurs ?
D'après moi, ce ne sera pas un problème pour les cadres et les enseignants. Si l'on a la volonté, je pense qu'abandonner le tabac n'est pas compliqué. Quand un enseignant est conscient que fumer est nocif pour lui et aussi pour les gens de son entourage, alors il va arrêter la cigarette. J'estime que lorsque l'on gêne les autres, il faut savoir restreindre volontairement sa liberté individuelle. C'est tout simplement une question de savoir-vivre et de politesse.
L'Université de la santé publique est l'un des premiers établissements scolaires à avoir édifié le modèle d'école sans fumée de tabac, depuis août 2004, avec l'assistance de l'Association de la santé publique du Vietnam et l'organisation HealthBridge. Cette université a été reconnue par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un modèle exemplaire et s'est vu attribuer des distinctions honorifiques pour ses excellents résultats dans la lutte anti-tabagique.
Avec l'objectif de réduire le taux de fumeurs à 30% chez l'homme, à 2% chez la femme, à 7% chez les adultes et d'atteindre un taux de non fumeur de 80% dans les lieux publics, Hô Chi Minh-Ville interdira prochainement la vente du tabac dans nombreux points. Selon un projet du Service municipal de l'industrie et du commerce sur l'aménagement des réseaux de vente au détail et en gros du tabac, sera interdite la vente de cigarettes dans les écoles, les établissements médico-sanitaires, les organismes des forces armées, les organismes d'État, etc. Cette réglementation s'appliquera également dans un rayon de 200 mètres autour de ces établissements. La vente de tabac sera aussi interdite aux mineurs de moins de 16 ans. L'objectif est qu'après 2015, le tabac ne se vendra plus à Hô Chi Minh-Ville que dans les marchés, les magasins et les supermarchés autorisés.
Linh Thao/CVN