Préserver les costumes traditionnels des ethnies minoritaires

Le Vietnam compte 53 groupes ethniques. La plupart d’entre eux ont leurs propres costumes, chacun ayant sa beauté et son unicité, imprégnées des valeurs culturelles traditionnelles.

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Phuong Thi Loi est l’une des rares personnes maîtrisant encore l’art de la couture et de la broderie des costumes traditionnels de l’ethnie San Chay dans la commune de Phu Dinh, district de Dinh Hoa, province de Thai Nguyên (Nord).

Phuong Thi Loi travaille chaque jour pour préserver la culture de son ethnie San Chay à travers les costumes traditionnels.

Souhaitant valoriser l’identité culturelle traditionnelle, Mme Loi a consenti de gros efforts dans l’approche des différentes étapes de la couture et de la broderie. Elle s’est formée auprès de personnes âgées et d’experts en culture traditionnelle pour retracer l’histoire et l’origine des costumes traditionnels des San Chay.

Au fil des décennies, elle a minutieusement brodé d’in-nombrables motifs et ornements à la main, perfectionnant ainsi les costumes traditionnels ethniques afin de préserver et de partager les valeurs traditionnelles au sein de sa communauté.

“Les costumes traditionnels des San Chay ont des origines bien définies et diffèrent des costumes d’autres groupes ethniques. Chaque motif a sa signification propre. Le tournesol représente le soleil et la terre, et a pour signification de protéger les enfants. Il faut dix jours de travail pour obtenir un ensemble complet. C’est un processus long. Il faut broder chaque point et chaque détail”, confie Phuong Thi Loi.

Les San Chay se divisent en deux groupes : Cao Lan parlant la langue Tày-Thai, et San Chi parlant la langue han (groupe linguistique sino-tibétain).

Les San Chay possèdent la technique de cultiver le coton et celle du tissage très tôt. En avril-mai, les habitants cultivent le coton, puis en septembre et octobre, ils le récoltent avant de le filer, de le tisser et puis de le teindre avec du beige, du brun, du rouge, du jaune… pour ensuite confectionner des tuniques.

De nos jours, les San Chay portent rarement des costumes traditionnels dans la vie quotidienne, les réservant aux occasions spéciales et aux festivals. Ainsi, très peu de gens maîtrisent les techniques de couture et de broderie.

Les femmes de l'ethnie Xa Pho portent ses costumes traditionnels. 

Les Xa Pho sont l’un des groupes ethniques les moins nombreux au Vietnam. Dans la province de Lào Cai, ils vivent principalement dans les districts de Sa Pa, Van Bàn, Bao Thang, Bao Yên et la ville de Lào Cai. Leur culture traditionnelle est diversifiée et riche en contenu et en forme, en particulier l’art de la décoration des vêtements. “D’abord il faut cultiver le coton, le filer, puis prendre le fil pour tisser. Ensuite, le tissu est teint en noir, puis en blanc avant d’être brodé avec différents types de fleurs pour en faire une robe fleurie ou une chemise. Il faut une année pour broder une paire de robes et de chemises”, révèle Lu Thi Xa, hameau de Khe Chân 1, commune de Son Thuy, district de Van Bàn, province de Lào Cai.

Relancer le métier

Dans l’histoire de chaque culture ethnique, les costumes sont à la fois un produit délicat créé par l’esprit humain et une des valeurs préservées et transmises de génération en génération, contribuant à l’identité culturelle distinctive.

Les personnes des différentes ethnies sont toujours fières de porter les costumes de leur groupe ethnique, conscients de l’identité culturelle que la culture a contribué à créer pour eux. À travers les costumes traditionnels, on peut reconnaître les tendances et la capacité créative et esthétique de chaque communauté.

Cependant, de nos jours, l’introduction de costumes étrangers et le développement de l’industrie textile ont conduit à la détérioration des costumes ethniques. On ne peut nier que les tenues modernes, non seulement beaux, appropriés et pratiques, sont le choix de la majorité. Même dans les régions reculées, les gens optent pour des tenues modernes dans leur vie quotidienne. Cela fait que les tenues ethniques sont de moins en moins produits et utilisés.

Pour préserver la culture de chaque groupe ethnique à travers les costumes traditionnels, les autorités de nombreuses provinces et villes ont appliqué beaucoup de mesures, par exemple créer des coopératives de costumes traditionnels, encourager le développement de groupes de tourisme communautaire où les femmes se guident mutuellement pour apprendre à broder et à confectionner les costumes.

Les femmes Dao Tiên (Dao aux sapèques) maîtrisent bien l’art de la broderie.

Les femmes du village de Sung, commune de Cao Son, district de Da Bac, province de Hoa Binh, en sont un exemple. Chaque jour, Ly Sao Mai, cheffe du groupe de tourisme communautaire, guide les femmes pour broder les costumes des Dao Tiên, maintenant à la fois le métier de broderie traditionnelle et servant aussi les touristes. “La broderie se transmet de génération en génération. Dans chaque famille, ce sont les femmes qui s’en chargent. Elles brodent des costumes pour tous les membres de leur famille. Nous brodons des motifs uniques, en particulier sur les robes de femmes”, explique Ly Sao Mai.

Dans l’histoire de la culture vietnamienne, les costumes des minorités ethniques sont une caractéristique distincte et ils persistent en dépit des vicissitudes.

Ils ont contribué à enrichir la culture vietnamienne. Ils reflètent aussi le mode de vie des groupes ethniques, démontrent un savoir-faire artisanal et un grand sens esthétique.

Les efforts pour les conserver contribuent à rendre la culture traditionnelle des groupes ethniques plus riche, plus complète, rendant le jardin fleuri des ethnies du Vietnam multicolore et parfumé.

Texte et photos : Phuong Mai/CVN

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