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Suite à l'inscription des rituels et jeux de tir à la corde sur la liste prestigieuse de l'UNESCO des quatre États parties, dont le Vietnam, ce dernier encourage désormais ses localités à élaborer des dossiers de candidature pour les patrimoines inter-provinciaux. Bien que les premiers pas soient encore difficiles, ils sont prometteurs à long terme.
En 2013, le Vietnam, en collaboration avec la République de Corée, le Cambodge et les Philippines, a consenti à élaborer collectivement le dossier de patrimoine commun pour les rituels et jeux de tir à la corde (kéo co en vietnamien). Deux ans plus tard, cette candidature a été retenue par l'UNESCO comme "Patrimoine culturel immatériel de l'humanité". Jusqu'à présent, il s'agit du seul patrimoine multinational du Vietnam.
Bien que ce type de classement soit encore nouveau au Vietnam, il est bien répandu dans d'autres pays. Par exemple, l'Art de la fauconnerie a été reconnu comme patrimoine commun en 2010 par 24 pays répartis sur les continents asiatique et européen. En 2013, la diète méditerranéenne a également été honorée par l'UNESCO comme patrimoine culturel, avec la participation de l'Espagne, de la Grèce, de l'Italie et du Maroc. Suite à leur reconnaissance, plusieurs patrimoines continuent à être merveilleusement préservés et valorisés, tout en encourageant l'élargissement de leur communauté de pratiquant, pour une meilleure reconnaissance patrimoniale.
L'ancienne correspondante du Vietnam auprès de l'UNESCO, Lê Thi Hông Vân, souligne "l'excès du nombre d'inscriptions des patrimoines culturels immatériels des pays". Néanmoins, selon les règlements de l'UNESCO, il est exigé qu'au moins un dossier par État soumissionnaire soit traité sur une période de deux ans, dans la limite du nombre de candidatures prévu par an. Par conséquent, de nombreux pays s'orientent vers la préparation collective du dossier d'inscription, contribuant à l'augmentation des patrimoines multinationaux sur la liste prestigieuse de l'UNESCO, ce qui marque une nouvelle tendance dans la protection patrimoniale au niveau international.
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Bon démarrage
Le Vietnam compte un grand nombre de patrimoines culturels immatériels parmi les pays d'Asie. Le pays entreprend lui-même les premières étapes de la reconnaissance de ces héritages inter-locaux, inter-provinciaux ou inter-municipaux, dans le but d'associer le patrimoine matériel et immatériel et d'accélérer leur sauvegarde et leur valorisation de manière efficace et durable à long terme.
En septembre 2023, la baie de Ha Long (province de Quang Ninh) et l'archipel de Cat Bà (ville de Hai Phong) ont été reconnus comme "patrimoine naturel mondial" et sont devenus le premier patrimoine matériel inter-provincial du Vietnam a obtenir ce statut. Le pays compte plusieurs patrimoines immatériels partagés par plusieurs provinces et reconnus par l'UNESCO, tels que le don ca tài tu (chant amateur du Sud) qui est présent dans 24 villes et provinces ; le ca trù (musique de chambre) que l’on peut entendre dans 14 villes et provinces ; le quan ho Bac Ninh (chant alterné) pratiqué dans les provinces de Bac Ninh et Bac Giang ; les pratiques du then des ethnies Tày, Nùng, Thai qui habitent dans les provinces montagneuses du Nord, etc.
Le Vietnam a acquis une riche expérience dans la préparation des dossiers de candidature pour les patrimoines matériels et immatériels à l'échelle nationale et provinciale. |
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Selon Pham Thi Lan Anh, chef du bureau de gestion du patrimoine du Service de la culture et du sport de Hanoï, la capitale a été chargée de piloter, avec d'autres provinces concernées, l'élaboration du dossier de candidature pour la gastronomie du pho à soumettre à l'UNESCO. Il s'agit d'un patrimoine original mais aussi difficile à préparer le dossier. Ainsi, la capitale a réussi à soumettre l'inscription du Pho au niveau municipal dans le secteur du savoir-faire folklorique, en attente d'une coopération avec d'autres localités dans l'objectif de voir inscrire ce plat à la liste des patrimoines immatériels de l'UNESCO. Hanoï procède également à concevoir, en collaboration avec les provinces avoisinantes de Hoa Binh, Phu Tho, Thai Binh, les dossiers de candidature du rite Mo Muong et du chèo à l'UNESCO.
Encore des défis qui attendent
Le Vietnam est doté d'une riche expérience dans l'élaboration de dossiers de candidature pour les patrimoines culturels à titre multiprovincial et multinational, mais le pays est confronté à un affaiblissement des liens entre les communautés, au détriment de la préservation des patrimoines. En effet, depuis que le kéo co a été inscrit sur la liste des patrimoines culturels de l'humanité en 2015, les communautés pratiquantes restent isolées, préservant cet héritage de leur propre manière, sans aucune connexion avec d'autres pratiquant ce jeu. Cependant, l'Association de sauvegarde du jeu de tir à la corde de la RDC a visité le Vietnam en 2018 pour participer à la fête de kéo co organisée au temple de Trân Vu, à Hanoï. En novembre 2023, le premier festival des rites et jeux de tir à la corde Vietnam-RDC s'est déroulé avec la participation d'environ 500 artisans et groupes pratiquants des deux pays.
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Au niveau local, Phu Tho est emblématique dans la préservation et la valorisation de son patrimoine de hat xoan (chant printanier). En 2011, cet art a été reconnu par l'UNESCO comme patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. Depuis lors, la province s'est efforcée de mettre en place des solutions efficaces et de sensibiliser la communauté. Le résultat était encourageant : six ans plus tard, cet héritage est devenu un patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.
Un autre exemple est celui de ca trù (musique de chambre). En 2009, cette performance a figuré dans la liste des patrimoines en péril de l'UNESCO, bien qu'elle soit présente dans 14 villes et provinces, dont Hanoï. Depuis 2016, la capitale favorise la formation des jeunes virtuoses de ca trù et soutient le fonctionnement environ 14 clubs. Cependant, les efforts consentis demeurent insuffisants, car le ca trù n’est pas encore assuré de sa pérennité.
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En fin de compte, le pays n’a pas encore "un mécanisme propice à la construction du dossier national et à la reconnaissance des patrimoines partagés de multiples provinces", selon le docteur Lê Thi Minh Ly, vice-présidente de l'Association des patrimoines culturels du Vietnam. "Cette absence d'instruments de gestion mettra certainement les localités héritant des patrimoines dans l'embarras", a-t-elle ajouté.
Il est temps de prendre en considération la sauvegarde dans les relations avec les communautés partageant les patrimoines, afin de recueillir davantage de dossiers de candidature multinationale ou multirégionale. En effet, il est plus important que jamais d'adopter des règlements détaillés et des mécanismes appropriés pour favoriser l'inscription des patrimoines interrégionaux ou interprovinciaux, conformément aux règlements de l'UNESCO à ce propos.
Kim Ngân/CVN