La centrale nucléaire de Three Mile Island, dans l'Est des États-Unis, photographiée le 28 mars 2011. |
La Commission de régulation du nucléaire (NRC) a approuvé une résolution autorisant "la construction et la mise en service des réacteurs trois et quatre de Vogtle", centrale atomique située en Georgie (Sud-Est) et exploitée par la société Southern Nuclear. Il s'agit des deux premiers réacteurs dont la NRC autorise la construction depuis l'aval qu'elle avait donné en 1978 à celui de la centrale de Shearon Harris en Caroline du Nord (Sud-Est).
Les deux futurs réacteurs de Vogtle sont des AP1000 mis au point par le groupe japonais Toshiba et sa filiale américaine Westinghouse. D'une puissance de 1.154 MW, selon son constructeur, l'AP1000 est un réacteur de troisième génération à eau pressurisée. Il a reçu la certification de la NRC pour le marché américain en décembre.
Le permis de construire a été accordé en dépit de l'opposition du président de la NRC, Gregory Jaczko. "Je ne peux pas soutenir la délivrance de cette autorisation comme si Fukushima n'avait jamais eu lieu", or "à mes yeux, c'est ce que nous sommes en train de faire", a-t-il déclaré, faisant référence à la catastrophe nucléaire japonaise de mars 2011.
M. Jaczko a indiqué qu'il voulait lier la licence accordée à Southern Nuclear à un "engagement irrévocable" de cette dernière à achever, avant la mise en service, "les améliorations" qu'elles a prévues pour tenir compte de ce qui s'est passé à Fukushima. Les quatre autres membres de la commission ont estimé que cela "ne changerait en rien la sûreté de fonctionnement des nouveaux réacteurs".
"Il n'y a aucune amnésie individuelle ou collective" à propos de Fukushima, a affirmé l'une d'entre eux, Kristine Sviniki : "la prise en compte de ces événements par la NRC et les réponses que celle-ci a apportées sont établies et bien avancées". L'aval de la NRC permet à Southern Nuclear d'achever des travaux déjà bien entamés.
Investissement de plus de 14 milliards de dollars
Rappelant que le projet d'agrandissement de Vogtle représentait un investissement de plus de 14 milliards de dollars et "4.000 à 5.000 emplois au moment du pic de l'activité sur le chantier", l'entreprise a indiqué que le réacteur 3 devait entrer en service en 2016 et le 4 l'année suivante.
L'essor de l'industrie nucléaire avait été coupé dans le pays après l'accident de 1979 à la centrale de Three Mile Island en Pennsylvanie (Est), où l'intérieur d'un réacteur avait fondu. Le dernier réacteur nucléaire à être entré en service dans le pays est celui de la centrale de Watts Bar, dans le Tennessee (Sud-Est), qui alimente le réseau depuis 1996. Selon le département de l'Énergie, le réacteur 2 de cette centrale dont la construction a connu de nombreux retards doit commencer à fonctionner en 2013.
Le gouvernement du président George W. Bush (2001-2009) et celui de son successeur Barack Obama ont pris plusieurs mesures destinées à relancer cette industrie. Ces efforts se heurtent cependant à plusieurs obstacles, de nature politique avec l'arrivée d'une majorité républicaine peu favorable au nucléaire à la Chambre en 2011, et économique avec la concurrence du gaz, en plus de ceux liés à la perception du nucléaire dans l'opinion publique depuis Fukushima.
Selon le gouvernement, les 104 réacteurs en service dans le pays ont produit 20% de l'électricité du pays en 2009, moins que les centrales au gaz (23%) et au charbon (45%). Mais les États-Unis, très gros consommateurs d'énergie, restent le premier producteur d'électricité nucléaire du monde, loin devant la France.
AFP/VNA/CVN