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>>COVID : toujours la vigilance sous la menace des variants
>>Lancement de la dernière phase des études cliniques pour son 2e vaccin
Graphique montrant l'évolution des hospitalisations et des réanimations en France, au 17 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Avec plus de 22.000 nouveaux cas confirmés dans les dernières 24 heures, la progression des variants et une tension toujours forte sur les hôpitaux (plus de 3.300 patients en réanimation), "relâcher notre vigilance maintenant, c'est courir le risque des contraintes plus fortes dans un avenir proche", a déclaré jeudi 18 février le ministre de la Santé lors de son point hebdomadaire. Le variant britannique représente désormais au moins 36% des tests positifs et les variants sud-africain et brésilien 5%, a-t-il indiqué. Avec le risque qu'ils refassent flamber l'épidémie.
Certaines études évoquant un risque que les personnes contaminées par un variant soient contagieuses plus longtemps, le ministre a annoncé que la période d'isolement de tous les cas positifs passerait de sept à dix jours à partir de lundi 22 février. La répartition de ces variants est toujours hétérogène, avec des pics en Moselle (variant sud-africain), où la situation s'améliore un peu, ou à Dunkerque, où le variant britannique représente désormais 72% des cas, selon M. Véran.
"On n'est clairement plus sur une vague, on est sur ce qu'on peut appeler une marée", a prévenu le Dr Christophe Couturier, responsable des urgences de l'hôpital de cette ville du Nord. Et malgré une mobilisation "exemplaire" du personnel, le médecin craint tout simplement "que la digue lâche".
À Dunkerque, le taux d'incidence atteint désormais 600 cas pour 100.000 habitants, contre une moyenne nationale sur une semaine de 190. La situation étant également "particulièrement inquiétante" dans les Alpes-Maritimes (incidence proche de 600), Olivier Véran a annoncé qu'il se rendrait à Nice samedi.
Les deux prochains mois vont être délicats car "on est encore en hiver et on sait que les virus respiratoires aiment cette période", a prévenu sur France Inter l'épidémiologiste suisse Didier Pittet, président de la mission indépendante nationale sur l'évaluation de la gestion de la crise COVID-19 en France.
Il s'est pourtant dit "optimiste" face aux derniers chiffres de l'épidémie en France, un "plateau stable", mais "relativement élevé". Dans ce contexte, les tests salivaires, qui offrent un nouvel outil au gouvernement et qui vont commencer dans les écoles après les vacances, vont être étendus à d'autres catégories comme les soignants, a indiqué Olivier Véran.
"Tournis"
Outre ses ravages sanitaires, l'épidémie a aussi frappé de plein fouet des pans entiers de l'économie, comme l'ont rappelé les pertes astronomiques annoncées jeudi par deux fleurons du secteur aérien, quasiment mis à l'arrêt par les nombreuses restrictions de voyages imposées depuis un an pour tenter d'éviter la circulation du virus.
Comptoir Air France - KLM à l'aéroport international de Los Angeles, le 25 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Plus de sept milliards d'euros pour Air France-KLM ! Des chiffres "qui donnent un peu le tournis" pour Frédéric Gagey, directeur financier du groupe, qui a perdu les deux tiers de ses clients. Un peu plus d'un milliard pour l'avionneur européen Airbus, qui parvient à limiter la casse provoquée par ce que son patron Guillaume Faury qualifie de "crise la plus sévère qu'ait connue l'industrie aérospatiale".
Autre secteur sinistré : la culture. Artistes, intermittents, directeurs d'établissements et désormais élus locaux, la grogne s'étend, suite aux longs mois de fermeture, sans perspective d'avenir claire. Les festivals ont eu jeudi quelques éléments de réponse pour cet été : ils devront se tenir en configuration assise, avec une limite de 5.000 spectateurs. Sur le front de la vaccination, meilleur espoir de retrouver une vie normale, 2,4 millions de premières injections ont été administrées depuis le début de la campagne, fin décembre, et la barre du million de deuxièmes injections vient d'être franchie.
Mais moins de 30.000 médecins libéraux, essentiellement des généralistes, se sont portés volontaires pour vacciner dans leurs cabinets à partir du 25 février leurs patients de 50-64 ans risquant de développer des formes graves de COVID. "L'engouement est là", a toutefois assuré Olivier Véran, espérant pouvoir ouvrir "entre fin mars et mi-avril" la vaccination aux personnes entre 65 et 74 ans.
Les 50-64 ans présentant des comorbidités pourront être vaccinés en entreprise par la médecine du travail "sans doute" dès fin février, a indiqué de son côté le secrétaire d'État Laurent Pietraszewski. Une possibilité offerte par le vaccin AstraZeneca, moins cher et plus facile à stocker que ses concurrents à ARN messager, même s'il est jugé moins efficace et suscite la méfiance dans plusieurs pays d'Europe.
Alors que jeunes et étudiants vivent de plus en plus difficilement crise et restrictions, des membres du Conseil scientifique (qui guide le gouvernement) estiment qu'il ne faut plus enchaîner les confinements mais opter pour un "contrat social" entre générations, où les plus âgés et fragiles accepteraient de s'auto-isoler. Une idée à la "faisabilité très discutable", pour le ministre de la Santé.
AFP/VNA/CVN