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La chambre de la mort du pénitencier de Huntsville (Texas), en 2000. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sauf si la justice lui accorde un répit à la dernière minute, Daniel Lee, 47 ans, recevra une injection létale de pentobarbital dans la chambre de la mort du pénitencier de Terre-Haute dans l'Indiana (Nord).
Ancien partisan de la suprématie blanche, il a été condamné en 1999 à la peine capitale pour le meurtre d'un couple et d'une fillette de huit ans.
Disant "agir au nom du public et des familles", l'administration républicaine a programmé deux autres exécutions cette semaine, et une quatrième le 28 août. Toutes concernent des hommes condamnés à la peine de mort par des tribunaux fédéraux pour le meurtre d'enfants.
Aux États-Unis, la plupart des crimes sont jugés au niveau des États, mais la justice fédérale peut se saisir des actes les plus graves (attentats, crimes racistes...) ou commis sur des bases militaires, entre plusieurs États ou dans des réserves amérindiennes.
Au cours des 45 dernières années, seules trois personnes ont été exécutées au niveau fédéral, dont Timothy McVeigh responsable de l'attentat d'Oklahoma City (168 morts en 1995) en 2001. La dernière exécution fédérale remonte à 2003.
"Irresponsable"
À la surprise générale, le ministre de la Justice, Bill Barr, a toutefois annoncé il y a un an son intention de renouer avec cette pratique. Après une série de rebondissements judiciaires, il a fixé en juin le calendrier, au moment même où les cas de nouveau coronavirus repartaient à la hausse dans une grande partie du pays.
Le président américain Donald Trump sur la base militaire de Doral en Floride le 10 juillet. |
Or, une exécution implique de nombreuses personnes : "le personnel pénitencier, des avocats, des proches des victimes ou des accusés, des journalistes, un aumônier...", énumère pour l'AFP, Robert Dunham, le directeur du Centre d'information sur la peine de mort (DPIC) qui fait référence sur le sujet.
C'est "irresponsable de vouloir mener autant d'exécutions en si peu de temps" dans ce contexte de crise sanitaire, ajoute-t-il, en dénonçant une "instrumentalisation politique de la peine capitale".
Selon les sondages, le soutien pour la peine de mort s'est érodé chez les Américains mais reste fort chez les électeurs républicains qui sont 77% à y être favorables pour les meurtriers.
Devant ses partisans, Donald Trump, qui espère décrocher un second mandat le 3 novembre, réclame régulièrement un usage renforcé de cette sanction ultime, notamment pour les tueurs de policiers ou les trafiquants de drogue.
"Plus de douleur"
À l'approche de l'échéance, les appels se sont toutefois multipliés pour que le locataire de la Maison Blanche fasse preuve de clémence envers Daniel Lee.
"En tant que partisane du président Trump, je prie pour qu'il entende mon message : l'exécution de Danny Lee pour le meurtre de ma fille et de ma petite-fille n'est pas ce que je veux et apportera plus de douleur à ma famille", a notamment déclaré Earlene Peterson, mère de Nancy Mueller, assassinée en 1996, dans une lettre ouverte adressée au milliardaire new-yorkais.
Un autre homme qui avait joué un rôle central dans les meurtres n'a écopé que d'une peine de réclusion à perpétuité, a souligné cette femme de 81 ans : "Nous pensons que c'est ce que M. Lee mérite".
En parallèle, avec d'autres membres de la famille, elle a introduit un recours en justice pour obtenir un report de l'exécution. Invoquant leur vulnérabilité au nouveau coronavirus, ils ont plaidé qu'ils se trouvaient dans un choix impossible entre leur droit d'assister aux derniers moments du condamné et le respect de leur santé.
Un tribunal de première instance leur a donné raison vendredi soir 10 juillet, mais une cour d'appel saisie en référé a cassé la décision dimanche. Dans la foulée, ils ont saisi la Cour suprême, qui devra trancher en urgence.
Les avocats de M. Lee ont également introduit des requêtes de procédures, dont l'issue reste également en suspens.
De leur côté, un millier de responsables religieux, catholiques et évangéliques, ont appelé le président à se "concentrer sur la protection de la vie et non sur les exécutions" en ces temps de COVID-19.
Et vendredi 10 juillet l'Union européenne lui a demandé de "reconsidérer" une position qui, selon elle, "va à l'encontre d'une tendance générale aux États-Unis et dans le monde d'abolir la peine de mort, par la loi ou en pratique".
De fait, "seules" 22 exécutions ont eu lieu en 2019 aux États-Unis et sept depuis le début de l'année.