Pour freiner la flambée des prix

Le relèvement du taux de change entre le dông et le dollar américain, la forte augmentation de l'indice des prix à la consommation, majoration du prix des produits de première nécessité... sont des facteurs grevant par trop la lutte contre l'inflation et la stabilisation de l'économie.

Comment faire pour freiner la flambée des prix ? Avis du Docteur Trân Du Lich, chef adjoint de la délégation des députés de l'Assemblée nationale de Hô Chi Minh-Ville, lors d'une interview accordée au journal Thanh Niên.

* Que pensez-vous de l'objectif de maîtriser l'inflation cette année ?

Stabiliser l'économie en 2011 sera plus difficile que l'an dernier, de grands défis étant apparus fin 2010. Les risques d'un retour en force de l'inflation sont considérables, et sa maîtrise est aléatoire alors que les taux d'intérêt sont trop élevés. En principe, l'un des moyens de limiter l'inflation consiste à augmenter les taux d'intérêt. Mais cet outil monétaire ne peut être employé en l'état car les taux sont déjà élevés. Un autre outil, c'est le taux de change. Sur ce point, il existe depuis longtemps deux marchés au Vietnam, officiel des banques et privé. Selon moi, le récent relèvement du taux de change est raisonnable et n'a pour objet que d'officialiser un taux déjà pratiqué, sans aucun rapport une dévaluation de notre monnaie.

S'agissant de l'excédent d'importations, la situation demeure inquiétante malgré une croissance des exportations inédite de 26% en 2010 et un supplément de rentrées budgétaires de 100.000 milliards de dôngs. Mais ces deux succès ne règlent pas le problème des importations. Autre problème de notre économie, le grand besoin de capitaux des entreprises sur le moyen comme le long terme, en raison d'une insuffisance de la mobilisation de l'épargne nationale sur le court terme. À tout cela s'ajoute des conditions peu favorables dans le monde avec d'éventuelles augmentations des cours du pétrole, des aliments... Autant de raisons justifiant que le gouvernement ait particulièrement mis en avant la nécessité de stabiliser l'économie nationale cette année.

* Soit, les orientations sont correctes, mais les problèmes demeurent...

Les mesures définies sont justes mais elles ne suffiront pas à elles seules. En tout état de cause, il faudra les appliquer simultanément, alors qu'à ce jour, seul celle de relèvement du taux de change l'a été...

* Comment concevez-vous un tel groupe de mesures ?

Il me parait nécessaire de transmettre au marché le message fort que ce relèvement du change sera unique en 2011 et ne sera pas modifié durant l'année. Sur le plan technique, afin de parvenir à cette stabilité, il faudrait jouer sur les réserves nationales de devises et maintenir les capacités d'intervention du gouvernement. Par ailleurs, s'agissant d'un contrôle effectif des prix, il me semble que de répondre à la question "pour quand ?" est un préalable. Encore faut-il distinguer selon les produits, ainsi l'augmentation de l'électricité et des carburants me paraît nécessaire. Dans la même catégorie, il faut généraliser l'application des mécanismes de marché pour la fixation du prix des produits bénéficiant encore de subventions publiques, en revanche, il faudra veiller à être progressif car l'écart entre prix avec subvention et prix réel par jeu du marché est bien sûr trop important. Compte tenu de tout cela, je considère qu'il faut procéder à de telles hausses immédiatement afin d'instaurer un nouveau plancher des prix ce premier trimestre, ce qui sera important facteur de prévisibilité pour les acteurs de notre économie pour l'ensemble de l'année.

* Les Vietnamiens doivent donc se faire à l'idée d'un nouveau plancher des prix ?

Exact. L'important pour nous - gouvernement et spécialistes - est de bien évaluer les mesures à appliquer afin que ce nouveau plancher soit pérenne...

* Lutter contre l'augmentation des prix en les augmentant, cela peut paraître curieux pour le profane, non ?

Si l'on procède à des augmentations progressives, le jeu des spéculations intellectuelles entraînera des fluctuations, ce qui est à éviter. Il est préférable de procéder en une fois afin que les prix soient stables le plus longtemps possible, ce qui, comme je l'ai déjà indiqué, permettra aux entreprises de définir leurs stratégies de production.

* Et si l'instauration d'un nouveau plancher des prix ne survient qu'au début du deuxième trimestre, comment faire pour le maintenir selon vous ?

En menant une action sur les deux plans habituels. D'abord en terme de politique économique, il faudrait réduire l'investissement public comme le déficit public. Puis en matière de politique monétaire, la rigueur s'impose. C'est donc en l'occurrence une croissance du crédit en dessous de 20% et une offre de monnaie sur le marché de 15% au plus. De telles mesures ont une finalité essentielle qui est de ne pas augmenter le besoin total de notre économie, avec pour conséquence, entre autres, un rééquilibrage de l'indice des prix à la consommation, ce qui permettra ensuite de réduire les taux d'intérêt, etc.

Thê Linh/CVN

25/2/2011

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