Pour faire revivre la médecine orientale, un trésor précieux national

Afin de réduire au maximum la cueillette des matières médicales naturelles dans la forêt, ainsi que leur importation, de nombreuses compagnies vietnamiennes ont mis en route des projets de culture de plantes médicinales, pour développer la production nationale des médicaments de médecine orientale. Un domaine déjà "défriché" par le médecin traditionnel Tuê Tinh, plus de six siècles auparavant.

Le Vietnam possède un grand potentiel en la matière et la Chine importe du Vietnam de nombreuses plantes précieuses. Le comble c'est qu'une fois la matière première traitée, de nombreux produits transformés sont alors réexportés au Vietnam.

Selon le vice-ministre de la Santé, Cao Minh Quang, le Vietnam était capable dans le passé de fournir à la fois le marché intérieur et d'exporter des milliers de tonnes de matières médicales. "De pays exportateur, nous sommes devenus importateur. Environ 85% des matières pour produire les médicaments de la médecine orientale doivent être importés de Chine", explique le vice-ministre de la Santé.

Pendant les années 1980, beaucoup de forêts des régions montagneuses du Nord et sur les hauts plateaux du Centre, qui abritent des espèces rares, ont été détruites. Maintenant, plusieurs espèces végétales sont en voie de disparition.

Parmi plus de 3.900 espèces de plantes médicinales trouvées au Vietnam, seulement 500 d'entre elles sont cultivées. Actuellement, les zones d'approvisionnement sont capables de fournir entre 3.000 et 5.000 tonnes par an.

En 2005, Bao Long - un nom reconnu dans la production de médicaments de médicine orientale - est arrivé à Lai Châu pour y développer la culture des plantes médicinales. Située dans la région Nord-Ouest, la province de Lai Châu avec une vaste superficie forestière endémique "recèle" un grand potentiel en plantes médicinales. Selon un sondage, plus de 600 espèces y sont trouvées et ont rapporté, ces dernières décennies, une grande valeur économique. Particulièrement, Sin Hô, située à plus de 1.500 m d'altitude, est une zone abondante en ressources et qui en fournit 160 tonnes par an.

Développement des jardins de plantes médicinales

Le groupe sanitaire et pharmaceutique Bao Long a injecté des dizaines de milliards de dôngs pour créer la Compagnie des produits pharmaceutiques Sin Hô. Bao Long y a construit une station de transformateur, un système hydraulique, des fours à sécher et une zone de culture de plantes médicinales. De plus, cette société a collaboré avec le Service de la santé de Lai Châu et le Comité populaire du district de Sin Hô dans la formation de la main-d'oeuvre locale.

Nguyên Huu Khai, directeur général de Bao Long, explique que la culture des plantes médicinales permet de garantir une source stable de matières premières pour produire selon les normes GMP, et contribuer à lutter contre la pauvreté dans cette région montagneuse. "Dans un proche avenir, nous construirons une chaîne de développement des matières médicinales dans la région. Pour profiter des conditions climatiques favorables de Sin Hô, notre groupe a l'intention d'y construire un centre de villégiature aux normes internationales", a informé M. Khai.

Avec les assistances financières de la société Bao Long, 60 élèves originaires de Sin Hô font leurs études à l'École de formation professionnelle privée Bao Long. Sur une superficie de 20 ha dans la commune de Xà Dê Phin (district de Sin Hô), une zone de culture des plantes médicinale a vu le jour.

En 2009, Bao Long a ensuite fondé la Compagnie des matières médicales Bac Hà (province de Lào Cai, Nord) dans un lieu autrefois source réputée de plantes médicinales. La compagnie y cultive une vingtaine d'hectares, avec une production de 50 tonnes par an.

Comme Bao Long, BV Pharma, un jeune laboratoire, a l'intention de développer la culture des plantes médicinales. Créé en 2002, BV Pharma a investi une usine moderne pour produire une quarantaine de médicaments. BV Pharma est un des fournisseurs principaux à de nombreux laboratoires.

Fin janvier, BV Pharma a demandé la permission de construire un laboratoire spécialisé dans la production de médicaments pour soigner le cancer et les troubles cardiovasculaires à base de plantes médicinales. BV Pharma pourrait utiliser 50% de matières premières vietnamiennes. Afin de s'assurer son approvisionnement, cette société a construit des zones de culture sur les hauts plateaux du Centre, à Ninh Thuân (Centre) et à Cu Chi, en banlieue de Hô Chi Minh-Ville. D'après Nguyên Tiên Hùng, président du conseil d'administration de BV Pharma, "notre projet permettra de contribuer à l'industrie pharmaceutique à base de matières médicinales du Vietnam".

Orientation vers des laboratoires aux normes GMP

Toujours d'après lui, cette compagnie a également demandé à ouvrir un institut de développement des matières médicinales au Tây Nguyên. "Selon les prévisions, mi-2011, six produits pour traiter le cancer et les troubles cardiovasculaires à base de plantes médicinales pourraient être fabriqués", dévoile M. Hùng.

Durant les années 1990, les boîtes de baume dermique de la marque Sao Vàng du Laboratoire Danapha, implanté à Dà Nang (Centre), faisaient partie des produits populaires dans l'armoire à médicaments de chaque famille vietnamienne. Ce produit était aussi exporté vers les marchés de l'Union soviétique et des pays européens de l'Est.

À ce jour, de nombreux médicaments à base de plantes médicinales de Danapha sont toujours exportés. En novembre dernier, cette entreprise a mis en service une usine de médicaments répondant aux normes internationales GMP-WHO dans la zone industrielle de Hoà Khanh (Dà Nang). Après quatre mois d'activité, cette usine a produit plus de 30 millions de médicaments, pour une valeur d'exportation de 38 milliards de dôngs.

Afin de garantir son approvisionnement, Danapha a développé une culture de matières premières dans la commune de Hoà Khuong, ville de Dà Nang. Selon Phùng Chât, directeur du Centre R&D de Danapha, "nous collaborons avec l'Association des paysans locaux afin d'élargir cette zone de culture. Danapha a guidé et contrôlé le processus de culture et a acheté toute la production des cultivateurs".

Vu Thi Thuân, présidente du conseil d'administration du laboratoire Traphaco - un des producteurs de premier rang national en médicaments orientaux -, a reconnu que Traphaco avait signé avec les cultivateurs des contrats d'achat de plantes médicinales, d'une durée de cinq ans.

Afin de mieux développer le secteur en la matière, le vice-Premier ministre Nguyên Thiên Nhân a demandé aux services concernés d'achever les documents concernant les plantes médicinales potentielles.

D'après Nguyên Thi Bay, enseignante de la Faculté de pharmacie et de médecine de Hô Chi Minh-Ville, trois centres de médecine traditionnelle de la ville accueil-lent de nombreux malades. Ce qui témoigne de la confiance des malades en la matière. Le besoin en médicaments orientaux demeure important.

Une question épineuse est d'assurer une source stable en matières premières médicinales. En outre, il faudrait lancer davantage de recherches pour justifier de l'efficacité des médicaments de médecine orientale. Toujours d'après Mme Bay, les médecins préfèrent choisir les produits des laboratoires répondant aux normes GMP pour prescrire des ordonnances aux malades.

Le pin rouge, une matière médicinale précieuse

Depuis une vingtaine d'années, le milieu médical attendait avec impatience de pouvoir profiter du taxol extrait du pin rouge (nom scientifique Taxus wallichina Zucc) cultivé à Dà Lat (hauts plateaux du Centre). Un bon signe pour les deux fermes situées à environ 19 km du centre-ville de Dà Lat.

Les jeunes branches de pin, préalablement séchées puis broyées, sont transportées au Centre de ginseng et des matières médicinales de Hô Chi Minh-Ville (relevant de l'Institut des matières médicinales, ministère de la Santé) pour en extraire le taxol. D'après la pharmacienne Lê Thi Hanh du Centre de recherche et de transformation des plantes médicinales de Dà Lat, le taxol mélangé à un liquide permettrait de traiter le cancer. Ce qui est réalisé à titre expérimental dans certains hôpitaux à Hô Chi Minh-Ville.

À noter qu'en 2006, la province de Lâm Dông avait initié un programme de recherche local sur le taxol. En 2008, ce sujet de recherche s'est élevé au niveau ministériel pour étudier la technique de culture et de traitement des matières premières. Dans l'avenir, le Centre de recherche et de transformation des plantes médicinales de Dà Lat (Vimedimex) pourrait cultiver près de neuf hectares supplémentaires de pin rouge dans cette région.

Pour sa part, Vuong Chi Hùng, directeur du centre susdit, annonce que, fin mars, Vimedimex devrait demander l'autorisation d'ouvrir un centre spécialisé dans la production de médicaments à base de taxol, le premier au Vietnam, pour un capital d'investissement de 100 milliards de dôngs. Ce centre sera capable d'extraire de cinq à dix kilos de taxol par an. En 2012, le médicament à base de taxol de Vimedimex pourrait apparaître sur le marché national.

Culture réussie du pseudo-ginseng à Hanoi

Les sept hectares de pin rouge des fermes susdites peuvent fournir une demi-tonne de feuilles fraîches par récolte. Pour l'extraction d'un gramme de taxol, il faut une tonne de feuilles séchées, c'est-à-dire entre 2,5 et trois tonnes de feuilles fraîches. Le pays aurait environ 150.000 cancéreux qui nécessiteraient entre cinq et neuf kilos de taxol.

Le pseudo-ginseng est une espèce rare, précieuse et très difficile à cultiver, qui pousse à l'état sauvage dans les montagnes du Nord du Vietnam.

Passionné par cette plante et doté d'expériences en matière d'horticulture, Ngô Hai Son, un paysan originaire à Dông Anh (Hanoi), a fait preuve d'une grande patience pour parvenir à cultiver ce végétal.

M. Son est d'abord allé à Lang Son et Lào Cai, aux confins septentrionaux du pays, pour acheter des pieds, mais les plantes ne se sont pas acclimatées au climat hanoien. Grâce à des aides familiales, il a poursuivi ses recherches et dévoré beaucoup de documents et journaux sans pouvoir comprendre pourquoi ces plantes ne pouvaient vivre que dans les montagnes du Nord. Plus tard, il a su que les Chinois les faisaient bouillir à 65°C-70°C et que c'était l'unique méthode de conservation.

En l'an 2000, un ami, vendeur d'herbes médicinales chinoises, lui a donné un tubercule de pseudo-ginseng. Hai Son lui a prodigué beaucoup de soins et, trois mois après, il a germé et fleuri. Selon lui, il n'est pas trop difficile de cultiver le pseudo- ginseng.

Actuellement, Hai Son est le seul à avoir réussi à cultiver cette plante dont les racines ont de nombreuses vertus médicinales.

* Au Vietnam, on recense près de 4.000 espèces végétales, champignons, 52 algues marines, plus de 408 animaux... qui ont des propriétés pharmaceutiques. Plus de 200 espèces de plantes médicinales sont en voie de disparition.
* Actuellement, plusieurs zones cultivant des plantes médicinales ont vu le jour dans l'ensemble du pays. Il s'agit du cannelier à Yên Bai (Nord), Thanh Hoa et Quang Nam (Centre), l'anis étoilé à Lang Son, Cao Bang, Quang Ninh et Bac Kan (Nord), la momordique à Hai Duong et Bac Giang (Nord), etc. Une vingtaine de localités vietnamiennes possèdent des forêts naturelles abritant de nombreuses plantes médicinales.
Quelques 320 laboratoires sont implantés au Vietnam. Jusqu'au début de 2010, dix d'entre eux répondent aux normes GMP.
Source : ministère de la Santé

Hoàng Phuong/CVN

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