Portugal : la baisse des quotas de la pêche à la sardine fait des vagues

La sardine, qui fait figure de plat national au Portugal, est soumise à des quotas de pêche toujours plus stricts pour freiner sa raréfaction dans les eaux ibériques, ce qui suscite l'ire des professionnels de la filière.

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Dernier pavé dans la mare, le Conseil international pour l'exploration de la mer (ICES) a préconisé à la mi-juillet de baisser les quotas de pêche à la sardine à 1.587 tonnes en 2016 dans les eaux du Portugal et de l'Espagne.

Des employés mettent en boîte des sardines, le 21 novembre 2014 dans une usine de Matosinhos près de Porto
Photo : AFP/VNA/CVN

Si la recommandation de cet organisme scientifique, qui émet des avis sur la gestion des environnements marins de l'Atlantique nord-est, était appliquée par les gouvernements portugais et espagnol, elle déboucherait sur une baisse de plus de 90% par rapport au plafond de 19.095 tonnes pour les deux pays en vigueur cette année.
"Ce serait un arrêt de mort!", a lancé le président de l'Association portugaise des organisations de la pêche au filet, Humberto Jorge, inquiet pour les 5.000 personnes qui vivent de la pêche à la sardine.
"Je suis stupéfait, c'est inadmissible. Déjà maintenant, nous avons interdiction de pêcher entre janvier et avril et chaque chalutier peut débarquer au maximum deux tonnes de sardines par jour", a-t-il expliqué à l'AFP.
Le député socialiste Jorge Fao a, lui, qualifié de "dramatique" pour le secteur l'instauration d'un tel quota, qui aboutirait selon lui à "la destruction de la pêche au filet au Portugal".
Le secrétaire d'État à la Mer, Manuel Pinto de Abreu, s'est montré très surpris. "Ce scénario est anormal. Nous allons éclaircir ce problème avec l'ICES car nous connaissons, mieux que personne, l'état du stock", a-t-il promis.
L'avis scientifique n'a certes pas de caractère obligatoire, mais le gouvernement portugais en tient généralement compte sans toutefois l'appliquer à la lettre, explique-t-on au secrétariat à la Mer.
Treize sardines par seconde
Depuis 2012, la pêche à la sardine dans les eaux ibériques est réglementée par un plan de gestion mis en place par l'Espagne et le Portugal. Chaque année, un quota est fixé, puis attribué à 70% aux pêcheurs portugais et à 30% aux pêcheurs espagnols.
Le plafond proposé par l'ICES pour 2016 reviendrait ainsi à 1.110 tonnes pour le Portugal et 477 tonnes pour l'Espagne. À titre de comparaison, le quota ibérique était de 55.000 tonnes en 2012.
Alexandra Silva, chercheuse à l'Institut portugais de la mer et de l'atmosphère (IPMA), reconnaît que le quota recommandé pour 2016 est "très bas", mais assure que "limiter la pêche est la seule solution" afin de prévenir la disparition du stock.
Victimes de la surpêche et d'un environnement défavorable, "les sardines ont fortement diminué dans les eaux ibériques depuis dix ans et leur stock est actuellement à son niveau le plus bas depuis 37 ans", explique-t-elle.
Une mauvaise nouvelle pour les Portugais qui sont les plus gros consommateurs de poisson en Europe, avec une moyenne annuelle de 56 kg par personne. En juin, le mois des fêtes populaires, ils consomment 13 sardines par seconde, selon les calculs de l'institut.
Pour faire face à cette demande, le Portugal a désormais recours à l'importation : l'an dernier, près de 70% des sardines consommées dans le pays provenaient de l'étranger, notamment du Maroc.

AFP/VNA/CVN

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