En fin de soirée, le Premier ministre José Socrates et le ministre de l'Intérieur, Rui Pereira, étaient attendus sur l'"île aux fleurs", petit paradis touristique de 250.000 habitants, situé à 900 km au sud-ouest du Portugal et environ 500 km des côtes marocaines.
L'aéroport de Funchal restait fermé samedi soir. "Nous n'avons pas encore de prévision de réouverture", a précisé un porte-parole des Aéroports du Portugal (ANA).
Selon un dernier bilan encore provisoire fourni par le gouvernement régional autonome, 32 personnes ont été tuées et 68 étaient hospitalisées samedi soir.
Selon un correspondant de l'AFP à Funchal, la pluie, qui était tombée toute la nuit, "s'est transformée en milieu de matinée en pluie torrentielle, comme une pluie tropicale". "C'était un véritable chaos, a-t-il raconté. Les rivières sont sorties de leurs lits, les routes se sont transformées en torrents, emportant de la boue et des débris, provoquant des glissements de terrain".
En plus de la pluie, les vents dépassant les 100 km/h et la mer agitée ont causé d'importants dégâts matériels sur l'île. Les inondations ont détruit des ponts et des maisons, en particulier dans la région de Funchal et de Ribeira Brava, sur la côte Sud de l'île.
En fin de journée, plusieurs quartiers de Funchal étaient encore privés de téléphone et d'électricité. "Je suis très inquiète parce que je ne sais que ce que je vois de ma fenêtre. La mer est toute marron, il y a des vagues énormes", a raconté Margarida Freitas Vieira, une habitante de Funchal apeurée à l'agence Lusa.
Dans la partie basse de cette ville de 100.000 habitants, plusieurs bâtiments ont dû être évacués et les routes étaient difficilement praticables, compliquant le travail des secours. "Des centaines de personnes vont devoir être relogées", a déclaré le vice-président du gouvernement régional, Joao Cunha.
Dans la journée, plusieurs hôtels de l'île, très prisée des touristes surtout britanniques et allemands, ont été évacués. "Notre hôtel est situé près d'une rivière, dans le centre de Funchal, et on nous a dit de sortir du bâtiment parce qu'il y avait un risque d'affaissement", a raconté Aymeric Payan, un Français de 27 ans, chef boulanger dans un hôtel.
Plusieurs localités étaient isolées, comme la commune de Curral das Freiras, de 4.000 habitants, située dans une région montagneuse difficile d'accès du Centre de l'île.
Les autorités régionales, qui ont conseillé aux habitants de rester chez eux, ont fait appel aux médecins pour renforcer les services de santé des hôpitaux et réquisitionné des fonctionnaires municipaux pour aider aux opérations de secours.
Selon l'Institut météorologique portugais, le pire était passé en fin de journée et les conditions météorologiques devraient connaître une accalmie.
Samedi soir, le président du gouvernement régional, Alberto Joao Jardim, a indiqué s'être entretenu avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et annoncé qu'une aide allait être demandée à Bruxelles.
Le roi d'Espagne, Juan Carlos, a également manifesté la disponibilité de son pays pour fournir l'aide nécessaire, a déclaré le président portugais Anibal Cavaco Silva.
Samedi soir, une frégate de l'armée portugaise, des hélicoptères et des avions militaires ont quitté Lisbonne pour Madère, avec une équipe médicale et du matériel de secours. Une équipe de la gendarmerie devait pour sa part se rendre à Funchal hier matin.
AFP/VNA/CVN