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Des employées des Ehpad manifestent mardi 30 janvier à Marseille |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À l'appel d'une large intersyndicale avec le soutien de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et d'associations de retraités, des débrayages ont eu lieu dans des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et dans des services d'aide et de soins à domicile.
Au moins plusieurs dizaines, et souvent plusieurs centaines, de personnes se sont rassemblées dans de nombreuses villes de France, Bordeaux, Nantes, Rennes, Lyon, Strasbourg, Limoges, Perpignan, Marseille, Nice, Lille ou encore Clermont-Ferrand, Tours, Chateauroux, Orléans. Dans ces villes, au moins 5.000 personnes ont participé selon un décompte de l'AFP.
À Paris, ils étaient plusieurs centaines en début d'après-midi à proximité du ministère des Solidarités et de la Santé. "Dès le matin à 6h45 on est stressé", renchérit Brigitte, aide-soignante, à Rennes. "En peu de temps, il faut gérer les transmissions, la toilette, la restauration et le ménage. On n'a plus le temps pour l'écoute".
Serge Dalorso, dont la mère de 86 ans, est résidente d'un Ehpad marseillais, est venu "par solidarité" avec des personnels qui n'ont "pas le temps" de s'occuper de sa mère "avec décence, avec humanité". Tout comme Christian Cabanes, 63 ans, et sa soeur Josette, à Nice, dont la maman de 98 ans "souffre" de ces conditions détériorées.
"Situation explosive"
Depuis plusieurs mois, les personnels réclament "davantage de moyens humains pour plus de dignité". En 2017, une centaine de grèves dans des Ehpad ont été recensées, dont la plus médiatique, aux Opalines à Foucherans (Jura), a duré près de trois mois.
Agnès Buzyn a assuré mardi matin 30 janvier comprendre la colère et "l'épuisement" des personnels. Ces dernières années, "les besoins en personnel ont augmenté sans que forcément les financements suivent", a-t-elle concédé, rappelant que "les personnes âgées qui arrivent en Ehpad sont de plus en plus dépendantes".
En octobre déjà, des représentants syndicaux avaient adressé une lettre à Emmanuel Macron pour lui signaler une "situation explosive". Deux revendications dominent : l'application d'un ratio d'un agent par résident, contre 0,6 en moyenne actuellement, et l'abrogation d'une réforme contestée du financement, qui prévoit de faire converger progressivement jusqu'en 2023 les dotations aux Ehpad publics et privés.
Les députés centristes ont réclamé mardi un moratoire sur cette réforme, qui selon les syndicats va "aggraver davantage la situation financière des Ehpad publics" et conduire à des "suppressions de postes". Agnès Buzyn avait annoncé la semaine dernière le déblocage de 50 millions d'euros supplémentaires pour les établissements en difficulté, somme jugée insuffisante par les syndicats.
Près de 600.000 personnes vivent aujourd'hui dans l'un des 7.200 Ehpad, selon le ministère de la Santé. 400.000 personnes y travaillent.