France
Dans les Yvelines, la crue de la Seine "à 10 cm près"

La suite se joue "à 10 centimètres près" : à Poissy et Villennes-sur-Seine (Yvelines), les habitants surveillaient d'un œil inquiet lundi 29 janvier le niveau de la Seine qui montait toujours, envahissant leurs jardins et parfois leurs maisons.

>>Crues : pic attendu sur la Seine tôt lundi 29 janvier avant une lente décrue

Une rue inondée de Villennes-sur-Seine, dans les Yvelines, le 29 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Si, à Paris, le pic de la crue a été atteint lundi 29 janvier, en aval, les eaux gonflaient toujours et avaient dépassé le niveau de juin 2016 : 5,40 m à la mi-journée, selon Karl Olive, le maire de Poissy. "Les administrés sont exaspérés de s'entendre dire : ça s'arrête, ça s'arrête", lance-t-il au bord de l'eau.

Derrière lui, les bancs des bords de Seine ont été effacés par les flots et lundi midi 29 janvier, les pompiers débarquaient de leur bateau une vingtaine de chèvres et de mouflons évacués d'un petit îlot de Seine mangé par les eaux.

"On est plus haut qu'en 2016, ça, c'est clair", lance Olivier Gremillet, patron du restaurant l'Esturgeon, dont une salle de séminaires était envahie d'une eau vaseuse qui a obligé le chef à aller chercher le vin pour ses clients en cuissardes dans la cave inondée.

"La structure a deux siècles, elle a vu [la crue historique de] 1910, elle tiendra", juge-t-il, mais "psychologiquement ça va être éprouvant quand ça va descendre, au moment où il va falloir tout refaire et essayer de récupérer la clientèle partie ailleurs".

Sur l'île de Migneaux, en face, jardins et rues ont disparu sous l'eau et environ un tiers des 300 habitants ont quitté les lieux. Ceux qui sont restés circulent en barque, kayak ou cuissardes.

Des bancs submergés par les eaux de la Seine, le 29 janvier à Villennes-sur-Seine dans les Yvelines.

"Cela fait 50 ans que je vis là, donc des crues, j'en ai vu quelques unes", raconte Michel Agnola, chercheur de 56 ans, qui cite notamment 1970, 1982, 2001 et 2016. "On est en zone inondable, on a l'habitude, on est organisés".

"On reste, mais si à un moment donné on nous coupe l'électricité, on partira. Avec 10 cm de plus, ça pourrait se faire", estiment Jacques et Monique, un couple de retraités qui chemine sur une voie boueuse aménagée dans les jardins des propriétés.

"Fatigue psychologique"

Dans leurs mains, des sacs contenant des vêtements pour "se transformer en personne civile" une fois arrivés sur la terre ferme. "On est habitués, mais on pensait pas que ça monterait autant. La prochaine fois, on sortira le frigo, le bois, de la cave", disent-ils.

Entre les maisons, deux techniciens d'Enedis en gilets orange et casques blancs passent vérifier l'état des coffrets électriques : s'ils sont submergés, le courant devra être coupé.

"La nature reprend ses droits", relativise Marie-Agnès, 66 ans dont 34 ans sur l'île, face à son jardin avalé par la Seine. "C'est l'incertitude" sur le niveau de l'eau, "tout le monde est un peu tendu", ajoute-t-elle, regrettant qu'on "ne se donne pas assez de moyens pour dévaser la Seine. Cela freine l'eau", dit-elle.

Une rue inondée de Poissy, dans les Yvelines, le 29 janvier
Photo : AFP/VNA/CVN

"Ça fait trois jours qu'on déménage des choses", soupirent, dans la commune voisine de Villennes, José et Caroline, 41 ans, qui ne sont pas allés travailler ce lundi pour sauver leurs meubles de leur cave inondée.

"C'est plus une fatigue psychologique que physique. C'est long", estime Caroline, debout près d'un four et de cartons humides entreposés dans le jardin. "On va prier. On espère que l'eau ne monte plus", conclut José.

"Le plus dur psychologiquement c'est maintenant: ne pas savoir quand on pourra rentrer chez nous", raconte Christine Hanon-Batiot, riveraine et élue déléguée à l'environnement à la mairie, qui a quitté sa maison mercredi 24 janvier pour un hôtel où "60 à 80 chambres" sont occupées par des personnes évacuées.

Sur l'île cossue de Villennes, les arbres semblent plantés au hasard dans la Seine. Le gaz a été coupé et la moitié des propriétaires sont partis, estime Jérôme, 46 ans, qui vit toujours chez lui malgré tout.

"On espère que ça s'arrête. À 10 cm près, on n'est pas bien" résume-t-il, tout en anticipant déjà : "la décrue, ça va être l'horreur: la boue, l'odeur, les détritus, la vase pendant au moins 2 mois..."

AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top