Des irakiens sur le site d'un attentat à la voiture piégée à Bagdad. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les violences quotidiennes se sont intensifiées et font craindre une nouvelle guerre civile alors que plusieurs centaines de prisonniers, dont des hauts responsables d'Al-Qaïda, se sont évadés en juillet à la suite d'un coup de main du réseau. Au total, 16 voitures piégées et des attaques ont tué 61 personnes et blessé plus de 300 autres à travers le pays le 10 août.
À Bagdad, des attentats coordonnés à la voiture piégée ont fait 37 morts dans huit quartiers différents, selon des sources policières et médicales. Ils ont visé des marchés, des cafés et des restaurants alors que la population célébrait le Fitr, la fête marquant la fin du mois de jeûne du ramadan.
À l'hôpital Al-Kindi, les médecins couraient le 10 août au soir, poussant des brancards. Sur l'un d'eux, un homme aux yeux clos, la tête enroulée dans une couverture. Plus loin, les soignants traitaient un homme, visiblement un soldat, dont le visage, la poitrine et les bras étaient recouverts de sang.
Dehors, des files de voitures se créaient, retenues par le durcissement des mesures de sécurités, arrivé trop tard pour les dizaines de victimes. Le 6 août, des attentats à la voiture piégée avaient fait 31 morts dans la capitale.
Ailleurs, un kamikaze a foncé à bord d'une voiture bourrée d'explosifs sur un barrage à Touz Khourmatou, à 175 kilomètres au nord de la capitale, tuant neuf personnes et en blessant 48.
Deux voitures piégées ont en outre explosé dans la ville de Nassiriya, à 300 kilomètres au sud de la capitale, tuant quatre personnes, et une troisième a fait cinq morts dans la ville sainte chiite de Kerbala.
Ce mois de ramadan a été particulièrement meurtrier en Irak, avec plus de 800 personnes tuées dans des attentats selon un bilan établi par l'AFP. Selon les Nations unies, plus de 1.000 personnes sont mortes en juillet, le bilan mensuel le plus élevé dans le pays depuis cinq ans.
Paralysie politique
Le mois sacré du ramadan voit souvent une augmentationdes violences, les jihadistes estimant leurs attaques encore plus justifiées, selon les experts. Mais ce ramadan a été plus violent que par le passé.
Pour certains experts les violences risquent encore de s'aggraver du fait de la paralysie politique alors que le pays se remet difficilement de plusieurs années d'une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts.
Les responsables gouvernementaux attribuent cette augmentation des attaques au conflit qui fait rage en Syrie voisine, et accusent régulièrement des pays étrangers d'encourager ces violences. Mais la crise politique qui oppose notamment la majorité chiite aux sunnites a également servi les intérêts des extrémistes.
Les sunnites, qui accusent les autorités de chercher à les marginaliser politiquement, organisent des manifestations depuis la fin décembre. Ils accusent notamment les autorités de procéder à des arrestations arbitraires.
Le gouvernement a fait quelques concessions, en libérant plusieurs milliers de prisonniers et en augmentant les salaires des combattants sunnites engagés contre le réseau Al-Qaïda. Mais les attentats à grande échelle ont repris à partir d'avril, après que les autorités ont abattu des dizaines de manifestants sunnites à Hawija.
Par ailleurs, le gouvernement se montre incapable de fournir des services de base, en particulier un approvisionnement stable en électricité, et très peu de lois ont été adoptées depuis les élections législatives de 2010.
Et l'évasion de plus de 500 prisonniers dont de hauts responsables d'Al-Qaïda, en juillet, ajoutent selon des experts à la défiance de la population vis-à-vis du gouvernement, déjà accusé d'incurie face à la recrudescence des attentats ces derniers mois.
Les forces de sécurité, qui ont lancé une vaste opération depuis l'évasion, affirment qu'elle a conduit à la mort ou la capture de nombreux extrémistes.
Le gouvernement irakien est théoriquement un gouvernement de coalition, où chaque grand parti est représenté, mais les responsables passent la plupart de leur temps à se critiquer les uns les autres et à tenter d'affirmer leur main-mise sur des ministères.
Le Premier ministre Nouri al-Maliki (chiite) est souvent accusé de chercher à monopoliser tous les pouvoirs, et accuse pour sa part ses opposants d'être à la solde de l'étranger. Peu de décisions politiques ont été prises, et peu sont attendues avant les élections prévues pour le printemps.
AFP/VNA/CVN