>>Le pétrole se stabilise au plus haut depuis presque un mois et demi
>>L'OPEP+ prête à poursuivre ses hausses modestes de l'offre pétrolière
Puits de pétrole à Bakou le 19 mars 2019. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le sommet des vingt-trois producteurs de l'alliance OPEP+, emmenée par l'Arabie saoudite et la Russie, doit débuter à 13h00 GMT (15h00 à Paris et à Vienne, siège du cartel) par visioconférence. Une réunion technique réunissant également les ministres est prévue une heure avant.
Si le diagnostic a peu bougé depuis leur dernière réunion début septembre - une demande solide face à une offre contrainte -, le pic du prix du baril de Brent mardi 28 septembre à plus de 80 USD, une première depuis près de trois ans, met les producteurs dans l'embarras.
Bien que tentant pour leurs finances, un pétrole cher alimente l'inflation et menace la reprise d'économies à la convalescence fragile, un risque sérieux pour la demande de pétrole à moyen terme.
Et ce n'est pas là le seul effet contre-productif pour les producteurs : des cours élevés attirent sur le marché de nouveaux concurrents aux gisements devenus soudain rentables et encouragent les acheteurs à se tourner vers d'autres sources d'énergies, pourquoi pas plus propres.
Revoir le calendrier?
Dans une récente étude, les analystes de Morgan Stanley jugent que le seuil de 80 USD le baril marque l'entrée dans une zone de "destruction de la demande".
Le ministre irakien du pétrole Ihssan Ismaïl, cité par l'agence de presse étatique, a évoqué en septembre un objectif de prix autour de 70 USD. Or dans la situation actuelle, Goldman Sachs voit plutôt le Brent s'envoler vers 90 USD d'ici la fin de l'année.
C'est pourquoi le cartel, qui a jusqu'à présent opté pour une prudente hausse de la production globale de 400.000 barils par jour, pourrait être tenté d'ouvrir plus largement les vannes.
Les producteurs de l'OPEP+ laissent encore quotidiennement près de 5 millions de barils de brut sous terre.
C'était en tout cas l'appel du pied de l'administration de Joe Biden dès le mois d'août, lorsque son conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan avait expliqué que l'alliance n'en faisait "pas assez".
Helima Croft, analyste chez RBC, voit "la pression de Washington s'intensifier" pour libérer davantage de barils du sol.
"Avec l'Europe et la Chine en proie à une crise énergétique, les chances que le groupe de producteurs revienne sur son calendrier initial augmentent", reprend-elle.
Vouloir et pouvoir
À l'approche du sommet, le secrétaire général de l'OPEP, Mohammed Barkindo, a jugé la stratégie actuelle pertinente : elle contribue à "répondre à l'augmentation progressive de la demande" sans verser dans une "surcharge de l'offre".
Il a dans le même temps précisé que la politique de l'OPEP+ "a contribué à éliminer l'excès de stocks du marché", laissant donc entendre que l'objectif était atteint et qu'une nouvelle phase pouvait potentiellement s'ouvrir.
Mais même s'ils le voulaient, sont-ils tous capables d'augmenter la cadence?
Le Nigeria, l'Angola ou encore la Libye "continuent de faire face à leurs éternels problèmes d'infrastructure, d'investissements et de sécurité", pointe Mme Croft.
"Les retards dans les travaux de maintenance et le manque d'investissements, en partie dus à la crise sanitaire et en partie à la transition des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables", pèsent sur la production de certains membres, renchérit Tamas Varga, de PVM.
AFP/VNA/CVN