>>Brexit : la France ne transigera pas, affirme le ministre du Commerce extérieur
>>Brexit : démonstration de force des pêcheurs français devant Jersey
Le président Emmanuel Macron (gauche) accueilli par le Premier ministre britannique Boris Johnson, à son arrivée à la COP26 de Glasgow, en Écosse, le 1er novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ce n'est pas pendant qu'on négocie qu'on va mettre des sanctions", a affirmé le président français devant la presse, en marge de la COP26 à Glasgow (Royaume-Uni). "La discussion se poursuivra demain" mardi 2 novembre. "Les prochaines heures sont des heures importantes", a assuré Emmanuel Macron.
L'Élysée a par la suite précisé, dans un communiqué, que la France n'appliquerait pas de sanction au moins jusqu'à jeudi 4 novembre, date prévue d'une réunion à Paris entre le secrétaire d'État britannique chargé du Brexit, David Frost et le secrétaire d’État français aux Affaires européennes Clément Beaune qui l'a invité.
"Nous avons reçu de premiers signaux de la part des autorités britanniques pour accélérer les échanges. Une réponse aux dernières propositions des autorités françaises est attendue d’ici mercredi 3 novembre", a souligné la présidence française.
Le gouvernement britannique a de son côté "salué" le report des sanctions, disant se "féliciter que la France reconnaisse que des discussions approfondies sont nécessaires pour résoudre l'ensemble des difficultés de la relation entre le Royaume-Uni et l'UE".
Et David Frost "se réjouit des discussions qui auront lieu à Paris jeudi 4 novembre", a ajouté Downing street, signant ainsi une désescalade de la situation.
Le président français a dit faire "confiance au Premier ministre britannique Boris Johnson pour prendre sérieusement" les propositions françaises et pour que les discussions débouchent sur un "résultat".
"Pendant 10 mois les résultats ont été trop lents, si cette nouvelle méthode permet d'avoir un résultat, je souhaite qu'on lui donne une chance", a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron et Boris Johnson avaient échangé de longues minutes en souriant devant les caméras lors de l'arrivée d'Emmanuel Macron à la COP26 lundi.
Auparavant, Paris avait encore brandi lundi matin 1er novembre l'application de sanctions dès minuit si Londres n'accordait pas davantage de licences aux pêcheurs français.
Les Français menacent d'interdire aux navires de pêche britanniques de débarquer leurs cargaisons dans les ports français et de renforcer des contrôles douaniers de tous les camions si Londres n'accorde pas davantage de licences aux pêcheurs français.
Discussions jeudi 4 novembre
Carte des zones économiques exclusives du Royaume-Uni, de Jersey, Guernesey et des pays voisins, et des zones de pêche autour du Royaume-Uni. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La ministre des Affaires étrangères britannique, Liz Truss, avait elle que faute de solution "dans les 48 heures", le gouvernement britannique s'appuierait sur le mécanisme de règlement des différends dans le cadre de l'accord commercial post-Brexit pour demander des "mesures compensatoires".
Londres avait prévenu s'apprêter aussi à renforcer également les contrôles des bateaux de pêche européens.
C'est ce qui inquiétait les pêcheurs, a affirmé lundi 1er novembre Olivier Leprêtre, président du comité régional des pêches maritimes et des élevages marins des Hauts-de-France (Nord), dénonçant "l'attitude inadmissible des Anglais et leur non-respect des accords signés".
"Les mesures de rétorsion c'est très bien, c'est la seule solution" mais "Boris Johnson ne va pas en rester là" et "au moindre problème on va avoir des bateaux détournés", a-t-il regretté.
"Arrêter les bêtises"
En vertu de l'accord de Brexit, les pêcheurs européens peuvent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition de pouvoir prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais Français et Britanniques se disputent sur la nature et l'ampleur des justificatifs à fournir.
Pris dans cette dispute entre les deux pays, Ian Gorst, ministre des Relations extérieures de l'île anglo-normande de Jersey, avait appelé sur Sky News à "arrêter toutes ces bêtises et s'occuper des problèmes techniques" permettant de délivrer les licences de pêche.
Avant même l'expiration de l'ultimatum, les autorités françaises ont dérouté la semaine dernière vers le Havre (Nord-Ouest) un chalutier britannique suspecté d'avoir pêché plus de deux tonnes de coquilles Saint-Jacques sans licence. Il était toujours à quai lundi 1er novembre.
Contacté par l'AFP au Royaume-Uni, Andrew Brown, porte-parole de l'entreprise MacDuff Shellfish basée à Mintlaw, dans le Nord de l'Écosse, a indiqué qu'une audience était prévue mardi 2 ou mercredi 3 novembre "lorsque les termes et conditions entourant la libération du navire seront déterminés", en attendant le procès du capitaine prévu en août.
Ce dossier envenime les relations entre Paris et Londres, déjà mises à mal par le torpillage d'un contrat franco-australien de sous-marins en faveur de l'accord de défense Aukus entre Grande-Bretagne, États-Unis et Australie.
Persiste aussi un autre sujet de tensions post-Brexit entre l'Union européenne et le Royaume-Uni autour de l'Irlande du Nord. Londres exige la renégociation des mesures douanières spécifiques à la province britannique.
AFP/VNA/CVN