Afrique du Sud : faible participation aux élections municipales à risques pour l'ANC

Les Sud-Africains ont voté sans engouement lundi 1er novembre pour des élections municipales qui pourraient voir l'ANC (Congrès national africain), parti historique au pouvoir depuis la fin de l'apartheid, passer pour la première fois sous la barre des 50%.

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Marquage à l'encre du doigt d'un électeur dans un bureau de vote d'Eldorado Park, près de Johannesburg, le 1er novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le bureaux de vote ont officiellement fermé à 19h00 GMT. Les premiers résultats partiels sont attendus tard dans la nuit.

Le scrutin, qui s'est déroulé majoritairement dans le calme, a vu des électeurs se présenter au compte-gouttes. Seuls 8 millions de personnes avaient voté en fin d'après-midi, sur 20 millions d'inscrits - 40 millions en âge de voter -, pour choisir les représentants de plus de 250 municipalités, selon la commission électorale.

"Je ne voterai pas parce que le gouvernement ne se préoccupe pas du sort des gens comme moi", a déclaré Xihluke Mitileni, 27 ans, de Soweto. Au chômage, cette mère de deux enfants raconte vivre dans des "squats".

Depuis des années, le parti historique de Nelson Mandela est face à la désillusion d'une population confrontée à un chômage record (34,4%) et écœurée par les multiples scandales de corruption.

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, aussi patron du Congrès national africain, a bien prédit une "victoire écrasante" à ce scrutin, test avant la présidentielle en 2024. Mais les sondages suggèrent qu'une majorité d'électeurs pourraient pour la première fois se détourner de l'ANC.

"Le parti au pouvoir voit que les gens ne sont pas heureux. Ils doivent se rendre compte qu'il faut du changement et pas seulement des paroles sans acte", espère Ntokozo Ndlovu. Cette infirmière de 33 ans, explique continuer à voter car ses parents ont été privés de ce droit jusqu'aux première élections démocratiques en 1994.

Votes et vaccins

Voter, "c'est une perte de temps", estime pour sa part Masego Molebatsina, 19 ans. L'étudiante s'est toutefois rendue à un bureau de vote de Soweto, pour se faire vacciner contre le COVID-19.

En retard dans sa campagne d'immunisation, l'Afrique du Sud a profité de l'afflux des élections pour inoculer des vaccins dans des cliniques éphémères installées près des bureaux de vote. Un millier ont été installées à travers le pays, ciblant des quartiers où la vaccination est faible.

Avec plus de 2,9 millions de cas dont 89.000 décès, l'Afrique du Sud est officiellement le pays africain le plus touché par le virus. Et seulement 31% de la population adulte est entièrement vaccinée à ce jour.

En juillet, le pays a connu une vague d'émeutes et de pillages à Johannesburg et dans la province du Kwazulu-Natal (Est), qui ont fait plus de 350 morts.

Ces dernières semaines, l'ANC et Cyril Ramaphosa en tête ont tenté de grappiller les voix en faisant du porte-à-porte, répétant aux électeurs être en train de "nettoyer le parti". Le successeur de Jacob Zuma a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille.

Ce dernier, en liberté conditionnelle pour raison médicale depuis septembre, a voté dans son fief de Nkandla, en pays zoulou. Appelant à voter pour l'ANC, il a été salué par la foule.

Lors des municipales de 2016, l'ANC avait enregistré son plus mauvais score (54%) et perdu des villes clefs dont Pretoria et Johannesburg.

En face, l'opposition reste divisée. D'un côté, l'Alliance démocratique (DA) souffre d'être perçue comme un parti de Blancs. De l'autre, le parti radical des Combattants pour la liberté économique (EFF), ainsi qu'une multitude de candidats indépendants.


AFP/VNA/CVN

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