Nucléaire : le réacteur Iter accueille l'aimant le plus puissant du monde

Un poids de 1.000 tonnes et la taille d'un immeuble de sept étages : la première pièce d'un gigantesque aimant, annoncé comme le plus puissant au monde, est arrivée jeudi 9 septembre sur le site du réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter, à Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône).

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Arrivée par convoi exceptionnel de la première pièce de l'aimant supraconducteur "Central Solenoid" sur le site d'Iter à Saint-Paul-lez-Durance dans les Bouches-du-Rhone, le 9 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cet aimant appelé "Central Solenoid" constitue une étape majeure pour Iter, un programme international rassemblant 35 pays qui vise à maîtriser la production d'énergie à partir de la fusion de l'hydrogène, comme au cœur du Soleil.

Fabriqué par General Atomics en Californie, cette première pièce de 66 tonnes est arrivée sur le chantier de construction du futur réacteur, par voie maritime depuis les Etats-Unis, puis par la route en convoi exceptionnel depuis le port de Marseille.

Les cinq autres modules de l'aimant viendront compléter le puzzle "au plus tard en 2024", selon Bernard Bigot, directeur général d'Iter Organization.

Une fois assemblé, le "Central Solenoid" pèsera près de 1.000 tonnes et mesurera 18m de haut : "ce sera l'aimant le plus puissant au monde parce qu'il va générer au coeur un champ de 13 tesla, c'est 300.000 fois le champ magnétique terrestre", a expliqué à l'AFPTV, Thierry Schild, responsable technique du solénoïde chez ITER.

L'aimant supraconducteur sera placé au cœur du réacteur à fusion tokamak, une immense chambre magnétique où la température pourra atteindre 150 millions de degrés. Une chaleur extrême qui accélère le plasma (un gaz d'hydrogène) et permet aux noyaux d'hydrogène d'entrer en collision pour fusionner en atomes plus lourds, et dégager une énergie colossale.

Les champs magnétiques, comme celui du Central Solenoid, permettent de confiner le plasma dans l'enceinte, pour éviter qu'il n'entre en contact avec les parois et ne refroidisse.

Iter prévoit d'injecter un volume encore jamais atteint de 830 m3 de plasma. "C'est la condition pour que le courant de plasma se stabilise, et qu'on puisse récupèrer plus d'énergie qu'on en injecte", détaille M. Bigot.

La première production de plasma devrait intervenir en 2026 et Iter devrait atteindre sa pleine puissance en 2035.

La fusion nucléaire est considérée par ses défenseurs comme l'énergie de demain car elle pourrait être quasiment illimitée et non polluante. Iter est néanmoins critiqué, notamment chez des écologistes, qui y voient comme Greenpeace un "mirage scientifique" et "un gouffre financier".

Le budget initial a triplé, s'élevant à près de 20 milliards d'euros désormais. Et "il est probable qu'il sera révisé" en raison des retards dus à la pandémie de COVID-19, selon M. Bigot.

AFP/VNA/CVN

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