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L'île de Chypre, qui compte un million d'habitants, est divisée depuis 1 |
Les discussions ont notamment achoppé sur le retrait des troupes turques du Nord de l'île méditerranéenne ou le maintien d'un droit d'intervention par la Turquie, selon des sources diplomatiques.
L'île de Chypre, qui compte un million d'habitants, est divisée depuis l'invasion en 1974 par l'armée turque de son tiers nord, en réaction à un coup d'État visant à rattacher le pays à la Grèce, qui avait inquiété la communauté chypriote-turque.
Depuis, la République de Chypre, membre de l'Union européenne depuis 2004, n'exerce son autorité que sur la partie sud où vivent les Chypriotes-grecs.
Dans le tiers nord occupé, habité par les Chypriotes-turcs, une République turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara, a été autoproclamée.
Plusieurs séries de négociations ont eu lieu ces dernières décennies pour tenter de rapprocher les vues des deux communautés. En vain.
Celles de Crans-Montana, du 28 juin au 7 juillet, se sont aussi conclues sans accord alors que ces pourparlers sous l'égide de l'ONU avaient été présentés comme la meilleure chance pour trouver une solution.
"Je suis profondément déçu de vous informer que malgré l'engagement et la détermination de toutes les délégations et des différentes parties sur place, la Conférence sur Chypre s'est conclue sans parvenir à un accord", a annoncé M. Guterres aux journalistes.
Blocage
Les deux parties se sont renvoyé la responsabilité de l'échec. Le porte-parole de la délégation chypriote-grecque, Nikos Christodoulides, a pointé du doigt "l'insistance de la partie turque à maintenir le Traité des garanties, l'intervention turque à Chypre et la présence illégale des troupes turques sur l'île".
Le Premier ministre turc Binali Yildirim a, lui, condamné l'absence d'"attitude constructive" du camp adverse.
De son côté, la diplomatie américaine s'est déclarée "déçue", le département d'État assurant dans un communiqué que "les États-Unis continueraient de soutenir les efforts en vue d'une réunification de l'île".
M. Guterres avait semblé très optimiste quand il avait rejoint pour la première fois ces négociations, la semaine dernière. Il avait alors parlé de discussions "hautement productives".
Mais le ton avait vite changé, et le secrétaire général de l'ONU était revenu à Crans-Montana jeudi 6 juillet pour tenter de débloquer une situation apparemment tendue.
Il a ainsi rencontré en tête-à-tête le président de Chypre Nicos Anastasiades, un Chypriote-grec, et le dirigeant chypriote-turc Mustafa Akinci, ainsi que les ministres des Affaires étrangères et des Affaires européennes des "garants" de la sécurité de Chypre - Grèce, Turquie et Royaume-Uni, l'ex-puissance coloniale.
Mais "au moment où un texte devait être rédigé vendredi 7 juillet à 02h00 du matin, le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu n'a pas accepté la suppression des droits d'intervention sur l'île et a demandé (de maintenir) pendant au moins 15 ans le Traité des garanties et le droit d'intervention unilatérale", selon une source diplomatique grecque citée par l'agence Ana (semi-officielle).
Extrêmement déçus
Toute la semaine, les questions de sécurité avaient exacerbé les tensions entre les délégations rivales.
Les Chypriotes-grecs, soutenus par Athènes, militent pour l'abolition du droit d'intervention unilatéral que conservent actuellement les trois pays "garants" et pour le retrait progressif des quelque 35.000 soldats turcs stationnés sur l'île.
Selon une source proche des négociations, durant les échanges autour de la table des discussions, "il y a eu des gens qui hurlaient, beaucoup d'émotions".
Mais pour M. Guterres, ce nouvel échec "ne signifie pas que d'autres initiatives ne peuvent pas être organisées".
À Nicosie, des dizaines de Chypriotes grecs et turcs se sont rassemblés en fin d'après-midi dans la zone tampon de la capitale divisée pour appeler à poursuivre les efforts vers une réunification, selon des journalistes de l'AFP.
"Nous sommes extrêmement déçus car nous n'avions jamais été aussi proches" d'un accord, a estimé Kemal Baykalli, Chypriote turc de 42 ans, membre du mouvement citoyen "Unite Cyprus now". "Mais cela ne va pas nous arrêter. C'est seulement le début", a-t-il ajouté. De nombreux participants peinaient toutefois à dissimuler leur tristesse.
"C'est un sentiment de peine et de colère qui domine (...) Il nous faut une solution, car 50 ans de négociations, c'est beaucoup trop", a confié Tina Adamidou, une Chypriote grecque, les larmes aux yeux.
AFP/VNA/CVN