Irak : combats féroces à Mossoul, des milliers de civils pris au piège

La chute de Mossoul est désormais très proche, les forces irakiennes soutenues par les États-Unis s'acharnant à défaire les derniers jihadistes retranchés dans la vieille ville, où jusqu'à 20.000 civils restent pris au piège des combats.

>>Les forces irakiennes tout près de reconquérir Mossoul

Des membres des forces irakiennes du contre-terrorisme avancent dans la vieille ville de Mossoul, le 6 juillet.

Plus de huit mois après le début de l'offensive pour reprendre la deuxième ville d'Irak, les autorités militaires et politiques du pays affirment que la "victoire" était désormais très proche face à l'EI, en passe de subir son plus important revers depuis 2014.

Les forces irakiennes se trouvent actuellement à "80 à 100 mètres" du fleuve Tigre, contre lequel sont acculés les derniers jihadistes retranchés dans des pâtés de maisons, et qui marque les limites est du réduit tenu par l'EI, a déclaré jeudi le commandant irakien Abdelghani al-Assadi. "Mais cela ne signifie pas, par exemple, que nous allons parvenir au fleuve aujourd'hui ou demain, car notre mouvement est très lent", a-t-il dit en expliquant ce rythme par le souci de protéger les civils.

Selon le général canadien Dave Anderson, qui supervise la formation des troupes locales dans le cadre de l'intervention dirigée par les États-Unis, les forces de sécurité irakiennes ont repoussé les jihadistes dans leurs derniers retranchements.

"Les forces irakiennes affrontent un ennemi qui est totalement moribond", a-t-il indiqué jeudi 6 juillet à des journalistes lors d'une vidéoconférence depuis Bagdad.

Interrogé sur le nombre de combattants jihadistes restant à Mossoul, il a indiqué l'ignorer mais a assuré n'avoir "aucun doute" sur le fait qu'il n'y en aurait plus d'ici la semaine prochaine.

Mardi 4 juillet, très confiant, le Premier ministre Haider al-Abadi avait lui félicité par avance les Irakiens "pour avoir réussi une victoire majeure à Mossoul".

Civils "en grand danger"

Soutenues par la coalition internationale dirigée par les États-Unis, des dizaines de milliers de militaires irakiens ont lancé le 17 octobre 2016 la bataille de Mossoul. Ils ont reconquis en janvier l'est de la ville et pris d'assaut l'ouest en février.

Dans son dernier carré dans la vieille ville dévastée de Mossoul, l'EI continue cependant d'opposer une résistance farouche en lançant notamment ses kamikazes, dont des femmes, contre les forces irakiennes.

Malgré la fuite de dizaines de milliers de civils, "il pourrait y avoir encore jusqu'à 15.000 civils, peut-être même 20.000, dans les dernières poches de la vieille ville", a déclaré jeudi 6 juillet Lise Grande, la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak.

Les civils sont "en grand danger, ils sont pris dans les bombardements et les échanges de tirs. Les jihadistes les ciblent s'ils cherchent à partir", selon Mme Grande. "Et leurs conditions de vie sont terribles".

Des civils irakiens fuient la vieille ville de Mossoul, le 5 juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

En plus de huit mois, quelque 915.000 habitants ont fui Mossoul, dont environ 700.000 sont toujours déplacés, a-t-elle ajouté. Ce chiffre "dépasse notre pire scénario".

Mme Grande a évoqué des destructions énormes dans l'ouest du dernier grand bastion urbain de l'EI en Irak. "Il y a 44 quartiers résidentiels, six ont été complètement détruits, 22 partiellement et 16 peu détruits".

Beaucoup de zones à reconquérir

Le groupe ultraradical responsable d'atrocités dans les zones sous son contrôle et d'attentats meurtriers dans le monde avait conquis en juin 2014, à son apogée, la cité septentrionale et de vastes pans de territoire en Irak. Aujourd'hui, il ne contrôle plus qu'un petit réduit dans l'ouest de Mossoul et quelques zones ailleurs dans le pays.

Une reconquête de Mossoul constituerait la plus importante victoire de l'Irak face à l'EI depuis le début des contre-offensives militaires qui ont drastiquement réduit les territoires aux mains du groupe jihadiste.

De plus, Mossoul a une portée très symbolique pour l'EI, son très discret chef Abou Bakr al-Baghdadi y ayant fait son unique apparition en juillet 2014. La Russie a affirmé en juin avoir probablement tué Baghdadi dans une frappe en Syrie mais personne n'a confirmé sa mort.

Mais la guerre contre l'EI est loin d'être terminée, le groupe contrôlant encore des zones en Irak et en Syrie.

Sur le front syrien, des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), sous la couverture aérienne de la coalition, tentaient de progresser dans la vieille ville de Raqa, dans l'est de la cité encore contrôlée à 70% par l'EI, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Selon cette ONG, au moins 224 civils ont péri dans frappes de la coalition depuis l'entrée le 6 juin des FDS à Raqa, selon l'ONG. Mais le porte-parole de la coalition, le colonel américain Ryan Dillon, a estimé que ce bilan n'était pas fondé sur des "informations détaillées".

Les FDS ont reçu en outre à Raqa un nouveau lot d'armements américains dont des véhicules blindés, a précisé l'ONG.

Profitant de la guerre en Syrie et de l'instabilité politique et sécuritaire en Irak, l'EI s'est emparé en 2014 de vastes territoires dans ces deux pays, faisant de Mossoul et Raqa les principaux fiefs de son "califat" aujourd'hui en lambeaux.

AFP/VNA/CVN

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