>>Migrants : les ONG appellent à ne pas se tromper de cible
L'évacuation de campements aux conditions de vie déplorables qui s'étaient créés près d'un centre humanitaire pour migrants saturé a débuté peu après 06h00 porte de la Chapelle, a constaté une journaliste de l'AFP. L'opération est menée par la préfecture de police, la préfecture d'Île-de-France, l'Office français d'immigration et d'intégration (OFII), la ville de Paris et les associations France terre d'asile et Emmaüs.
La préfecture de police et la préfecture d'Île-de-France ont indiqué dans un communiqué commun que les migrants se verront "proposer une solution d'hébergement provisoire en Île-de-France", soulignant que les campements illicites présentaient "des risques importants pour la sécurité et la santé de leurs occupants comme des riverains".
Un camp de migrants près de la Porte de la Chapelle, le 9 juin à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une soixantaine de bus ont été réquisitionnés et à 07h00, une dizaine de bus étaient déjà partis, selon la préfecture de région.
Selon le secrétaire général de la préfecture d'Île-de-France, François Ravier, l'évacuation porte sur "2.500 personnes au moins". "On a trouvé une vingtaine de structures en Île-de-France, essentiellement des gymnases, où une centaine de bénévoles sont sur place".
"L'expérience montre qu'il y a toujours plus de personnes que le nombre évalué", a-t-il ajouté, alors que jeudi 6 juillet, le préfet d'Île-de-France Michel Cadot avait parlé de 1.600 migrants décomptés dans les quartiers nord de Paris.
Milat, un Afghan de 19 ans, petit sac à dos pour tout bagage, est arrivé porte de la Chapelle voici deux mois. "On a appris hier qu'il se passerait quelque chose. On va monter dans des bus et ils vont nous emmener dans des hôtels, des centres. Je ne sais pas où mais ce sera bien. Ici la vie n'était pas bien. Je dormais près de l'autoroute", dit-il.
Mirwaiz, Afghan, suit l'évacuation, appuyé sur sa béquille. "J'ai entendu parler de gymnases... C'est bien. Dès que j'ai une chambre ou un lit, j'apprends le français", explique le jeune homme qui tient à parsemer la conversation de phrases qu'il connait en français.
Ori, un jeune Guinéen de 16 ans, semble perdu et cherche le point de ralliement pour les personnes vulnérables, un papier annonçant son âge a la main. "Je suis fatigué, fatigué" répète-t-il, les yeux dans le vague.
Reconstitutions incessantes
Cette évacuation, la 34e depuis juin 2015 à Paris, était très attendue alors que les campements, qui s'étaient constitués près du centre humanitaire pour migrants ouvert en novembre porte de la Chapelle, ne cessaient de grossir et les conditions de vie s'y dégrader, aussi bien d'un point de vue sanitaire que pour les tensions communautaires. Les associations, redoutant pour la vie même des migrants, dénonçaient des conditions de vie déplorables et l'absence de structures sanitaires.
Selon Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile chargée des maraudes, le campement grossissait chaque semaine avec "200 personnes supplémentaires".
Le 9 mai, un peu plus de 1.600 migrants avaient déjà été évacués de campements insalubres installés au même endroit, dans ce qui constituait la plus grosse opération de mise à l'abri en six mois.
Compte-tenu de l'accélération des arrivées de migrants dans la capitale, le dispositif d'accueil sature malgré les orientations vers des centres d'hébergement ailleurs en France, qui s'avèrent insuffisantes.
Ouvert en novembre à l'initiative de la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, le centre humanitaire pour migrants de Paris avait pour objectif de mettre fin à ces incessantes reconstitutions de campements indignes dans la capitale.
Depuis le démantèlement de la "Jungle" de Calais en octobre, Paris est devenue le plus grand centre de transit pour les migrants souhaitant demander l'asile. Dans quelques jours, le ministère de l'Intérieur doit présenter des mesures sur l'asile et la lutte contre l'immigration irrégulière. La maire de Paris Anne Hidalgo a pour sa part dévoilé jeudi une proposition de loi "clés en mains" sur l'accueil des migrants et l'intégration des réfugiés, avec notamment un Haut Commissaire placé auprès du Premier ministre.