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Opération de secours de migrants dérivant sur un canot pneumatique au large de la Libye, le 4 octobre 2016. |
Ils venaient du Nigeria, de Gambie ou encore du Mali, il y avait parmi eux cinq enfants et plusieurs femmes enceintes, a raconté cet adolescent de 16 ans à un représentant du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) à l'hôpital de Lampedusa, l'île italienne la plus proche des côtes libyennes.
Le canot est parti dimanche 26 mars ou lundi 27 mars de Sabrata, dans le Nord-Ouest de la Libye, mais a commencé à prendre l'eau au bout de quelques heures. Le jeune Gambien a raconté avoir survécu en s'agrippant à un bidon d'essence.
Retrouvé presque par hasard, à peine conscient, par le Iuventa, navire affrété par l'ONG allemande Jugend Rettet, il a été transféré sur un navire militaire espagnol de l'opération européenne anti-passeurs Sophia, et conduit dans la nuit à Lampedusa.
"Cela démontre qu'il y a peut-être des naufrages dont nous ne saurons jamais rien, parce que les embarcations coulent sans laisser de trace", a déclaré Flavio di Giacomo, porte-parole en Italie de l'OIM.
"Cette dernière tragédie vient rappeler fermement l'importance vitale d'avoir d'amples capacités de secours", a ajouté le HCR dans un communiqué.
"Sauver des vies en mer doit rester la priorité de tous", a insisté le HCR en louant l'action des gardes-côtes italiens, de l'agence européenne Frontex, de l'opération Sophia et aussi des ONG, alors que la justice italienne soupçonne certaines de contacts directs avec les réseaux de passeurs.
Depuis le début de l'année, au moins 590 migrants sont morts ou disparus au large de la Libye, selon un bilan de l'OIM établi avant ce dernier naufrage.
1.100 migrants secourus
La semaine dernière, l'ONG espagnole Pro-Activa Open Arms avait découvert deux canots vides et en partie coulés, laissant redouter des dizaines de disparus puisque les passeurs entassent en général entre 120 et 140, parfois beaucoup plus, sur ces embarcations de fortune.
Le bilan de l'OIM ne prend cependant pas en compte ces disparus, estimant qu'au moins l'un des canots pourrait avoir été celui d'un naufrage la veille dans les eaux libyennes, dans lequel il y avait eu 54 survivants et 66 disparus.
Le danger ne freine cependant pas les départs : les gardes-côtes italiens ont annoncé avoir coordonné le secours de plus de 1.100 migrants entre les 28 et 29 mars au large de la Libye.
Ces derniers font actuellement route vers la Sicile, où ils porteront le total des arrivées cette année en Italie à plus de 24.000, soit une forte augmentation par rapport aux années précédentes.
Selon les ONG, cette accélération des départs serait due à la dégradation des conditions de vie des migrants en Libye et à la crainte, attisée par les passeurs, d'une prochaine fermeture de cette route maritime vers l'Europe.
Rome cherche en effet à renforcer sa coopération avec Tripoli pour tenter de s'assurer que les migrants soient intercepté avant d'atteindre les eaux internationales pour être conduits dans des camps puis raccompagnés dans leur pays d'origine.
AFP/VNA/CVN