Note abaissée par Moody's : un nouveau coup dur pour le Portugal

La décision de l'agence de notation Moody's d'abaisser la note du Portugal au niveau des investissements "spéculatifs" a été accueillie avec indignation et représente un coup dur pour le pays, qui commence à peine à mettre en œuvre le programme d'aide de l'UE et du FMI.

[summ] Moody's a reculé le 5 juillet de quatre crans la note à long terme du Portugal (à Ba2), reléguant le pays dans la même catégorie que la Grèce car il pourrait lui aussi avoir besoin d'un deuxième plan d'aide avant de pouvoir retourner sur les marchés pour emprunter.

Signe d'une méfiance accrue des investisseurs, les taux de la dette portugaise à dix ans sont passés pour la première fois au-dessus des 12% et la Bourse de Lisbonne a dévissé de 3%.

Dans la matinée, le Portugal était parvenu à lever 848 millions d'euros de dette à court terme à des taux en hausse. Pour le président portugais Anibal Cavaco Silva, "il n'y a aucune justification à une telle baisse de la note à long terme du Portugal", a indiqué son cabinet à l'agence Lusa. Tout en appelant à une "réponse européenne", le chef de l'État s'est "félicité" du soutien apporté au Portugal par ses partenaires européens, qui ont tiré à boulets rouges sur les agences de notation.

Le président de la Commission européenne et ancien Premier ministre portugais José Manuel Barroso a ainsi "particulièrement regretté" la décision de Moody's, qui selon lui "ajoute un élément spéculatif" à une situation déjà compliquée.

La baisse de la note du Portugal "ne prend pas en compte le large consensus politique" soutenant le programme du gouvernement, qui dispose d'une confortable majorité au parlement, avait réagi le 5 juillet le ministère des Finances.

La nouvelle directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a souligné elle aussi mercredi que le Portugal "s'est engagé dans un programme extrêmement courageux, soutenu par l'ensemble de sa classe politique".

D'une manière générale, Christine Lagarde a exhorté à ne pas "tomber à bras raccourcis sur tout pays" qui engagerait un programme de redressement de ses finances publiques en exigeant des résultats "pour le lendemain matin".

La décision de Moody's est "immorale et insultante", a jugé le président de la banque publique Caixa geral de depositos, Fernando Faria de Oliveira, faisant valoir que le nouveau gouvernement portugais était "déterminé à appliquer rapidement l'accord" conclu en mai avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international.

"Qu'est-ce que les agences de +rating+ veulent de plus? Que nous fassions le poirier?", s'est interrogé le président de la Confédération industrielle portugaise, Antonio Saraiva, selon lequel il s'agit d' "un problème lié à la zone euro et à l'Union européenne".

Alors que la Commission table sur une récession de l'économie portugaise de 2,2% du PIB cette année, "les banques et les entreprises vont avoir plus de difficultés pour se financer en raison d'une pression accrue sur la croissance à terme", a expliqué l'analyste de la banque BPI Cristina Casalinho.

Troisième pays de la zone euro à faire appel à une aide extérieure après la Grèce et l'Irlande l'an dernier, le Portugal s'est engagé à mettre en œuvre un exigeant programme de rigueur et de réformes sur trois ans, en échange d'un prêt de 78 milliards d'euros.

AFP/VNA/CVN

8/7/2011 [/body]

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