«La Somalie a besoin d'une flotte de garde-côtes plus efficace pour protéger ses eaux, ses pêcheurs et les navires étrangers contre les pirates car la force navale internationale n'est pas suffisante", a déclaré le 18 mai le vice-Premier ministre somalien Abdirahman Aden Ibbi, lors d'une conférence d'experts à Kuala Lumpur sur la piraterie maritime. "Nous savons où ils (les pirates) se cachent. Nous demandons à la communauté internationale de nous aider à combattre la piraterie", a ajouté M. Ibbi dans un discours lu par Nur Mohamed Mohamoud, responsable de l'Agence nationale de sécurité somalienne.
Menacé par les insurgés islamistes, le régime de Mogadiscio ne pourra pas, selon lui, éradiquer la piraterie. Le ministre de la Sécurité de l'État du Puntland, un fief des pirates, Abdullah Said Samatar, a salué la mission de la force navale internationale mais écarté l'envoi à terre d'une force militaire internationale pour traquer les pirates. "À terre, nous ne voulons que les forces locales. Des forces étrangères ne pourraient distinguer entre pêcheurs et pirates".
Et comme pour joindre la parole aux actes, les autorités du Puntland ont annoncé le 18 mai l'arrestation de 24 présumés pirates au large du port de Bosasso.
À ses débuts, la piraterie somalienne était motivée par des causes bien plus nobles, lutter notamment contre la pêche illégale pour protéger les ressources nationales en plein effondrement du pays.
Aujourd'hui, les pirates évoluent dans des cercles criminels plus sophistiqués avec des ramifications internationales. Ils tentent d'échapper aux bâtiments de l'UE, de l'OTAN et de coalitions sous autorité américaine, très actifs pour déjouer des captures ou pour arrêter de présumés pirates.
Selon le Bureau maritime international (BMI), dont le Centre anti-piraterie est basé à Kuala Lumpur, les attaques au large de la Somalie ont décuplé au 1er trimestre 2009, comparé à la même période de 2008, passant de 6 à 61.
Depuis début 2009, 114 tentatives d'attaques ont été dénombrées et 29 navires ont été capturés. Et armer des équipages pour riposter aux attaques ou embarquer des personnels de sécurité armés ne ferait qu'accroître les risques de violence, selon des experts à Kuala Lumpur.
"Nous sommes contre le fait de confier des armes aux équipages pour lutter contre les attaques de pirates. Nous sommes également opposés à l'embarquement de gardes privés armés", a déclaré Pottengal Mukundan, directeur du BMI basé à Londres. Mais pour Richard Farrington, chef d'état-major de l'opération navale européenne Atalante, si 25 navires militaires patrouillent actuellement dans la région, il en faut 60 dans le golfe d'Aden et 150 au large de la Somalie.
À Bruxelles, la ministre espagnole de la Défense, Carme Chacon, a annoncé le 18 mai que l'UE était d'accord pour renforcer la flotte européenne déployée contre les pirates et élargir sa zone d'intervention jusqu'aux Seychelles.
AFP/VNA/CVN