Des politiques privilégiées sont nécessaires pour attirer l'investissement dans l'agriculture. |
Le directeur adjoint du Département de l’économie agricole du ministère du Plan et de l’Investissement, Dinh Ngoc Minh, fait savoir qu’après deux années d’application de l’arrêté gouvernemental N°61 sur l'encouragement de l'investissement dans l'agriculture, seules neuf provinces ont accordé le bénéfice des politiques de soutien de l’investissement dans ce secteur. Concrètement, seules 42 entreprises ont été concernées, à comparer aux 25.760 entreprises en activité dans le secteur agricole et en zone rurale...
Prenant acte de la situation, le ministère du Plan et l’Investissement a décidé de modifier ce régime et consulte l’avis des intéressés sur son projet de nouvel arrêté. Selon celui-ci, ce ne seront plus que 15 segments de ce secteur qui bénéficieront de privilèges, au lieu de 28 secteurs actuellement.
Concrètement, chaque entreprise bénéficiera d’une somme d’argent pour faire de la publicité ou participer à des foires et expositions, plafonnée à 100 millions de dông. En outre, les entreprises bénéficieront par ailleurs d’une somme de 200.000 dôngs par tonne si elles créent une marque pour des fruits et légumes, ainsi que de la viande.
Notamment, selon le projet de l’arrêté, «l’État participera jusqu’à 10% du coût d’un projet d’une entreprise, sachant que ses bénéficiaires ne sont que les entreprises publiques», a indiqué M. Dinh Ngoc Minh.
Avis d'experts
D’après le directeur général de la société Vinafo (province de Hoà Binh), Nguyên Huu Ngoc, ce projet de nouvel arrêté est très intéressant car il relève l’attrait des investissements dans le secteur agricole.
L’agriculture contribue à plus de 20% du PIB alors que l’investissement dont elle bénéficie ne représente que 6% du total. |
Toutefois, la limitation de ces privilèges aux seules entreprises publiques à l’exclusion de toutes autres y compris celles issues de l’IDE, suscite des remarques. Ainsi, selon Nguyên Anh Tuân, rédacteur en chef du journal économique Dâu tu (Investissement) anciennement vice-directeur du Département de l’investissement étranger du ministère du Plan et de l’Investissement, une telle disposition peut être qualifiée de discriminatoire, ce qui est contraire aux disposition de la Loi sur l’investissement. De fait, elle ne s’avère pas non plus très opportune quant on sait que l’investissement étranger dans l’agriculture a largement chuté ces dernières années, ne représentant plus qu’un minime pourcentage de l’IDE reçu par le pays.
De même idée, le Docteur Nguyên Dang Vang, membre du Conseil national des politiques pour les sciences et de les technologies, l’agriculture contribue à plus de 20% du PIB alors que l’investissement dont elle bénéficie ne représente que 6% du total. Selon lui, il faudrait au contraire définir des politiques spécifiques pour attirer l’IDE.
D’autres opinions font valoir que les champs d’application et conditions d’octroi de ces privilèges doivent pouvoir être adaptés à la situation de chaque localité et chaque activité.
Mais la plupart des avis s’accordent à souligner une augmentation de l’enveloppe financière que l’État consacre à ces privilèges. «Le manque à gagner résultant pour l’État de ses politiques préférentielles de l’investissement dans l’agriculture est actuellement de 5.000 milliards de dôngs par an. Mais en ce domaine, c’est le meilleur moyen pour lui d’investir dans l’avenir», a affirmé le vice-ministre du Plan et de l’Investissement, Dang Huy Dông.
Selon ce ministère, le coût du soutien des entreprises investissant dans les secteurs agricoles sera de près de 8.000 milliards de dôngs par an. Avec ces mesures, le secteur de l’agriculture devrait ainsi attirer 18.000 milliards de dôngs d’investissement par an pour la création de près de 500.000 emplois.
Thuy Hà/CVN