Les naissances ont atteint un niveau record en 2008, le plus fort depuis 1981, la fécondité des Françaises étant passée de 1,98 en 2007 à 2,02 enfant par femme en 2008.
Avec 834.000 enfants supplémentaires, on peut parler de "mini baby-boom", souligne France Prioux, démographe à l'INED (Institut national des études démographiques), et la France est en passe d'atteindre le taux de renouvellement des générations, qui nécessite 2,07 enfants par femme.
Ce taux de fécondité place la France largement en tête des pays européens, aux côtés de l'Irlande, et devant les pays nordiques réputés pourtant pour leur politique sociale avancée.
La progression des naissances est d'autant plus frappante que le nombre de femmes en âge de procréer ne cesse de diminuer depuis 25 ans. Le nombre de femmes entre 20 ans et 40 ans baisse de 2% par an depuis 10 ans, ce qui signifie 200.000 femmes de moins depuis 1999.
L'"exception française", c'est aussi un taux d'activité des femmes très élevé, associé à la maternité. Plus de 80% des femmes de 25 ans à 49 ans sont actives, contre moins de 60% en 1975.
De longue tradition nataliste, la France a développé très tôt une politique familiale ambitieuse : allocations familiales dès le 2e enfant, école maternelle (gratuite) à partir de 3 ans, centres aérés, colonies de vacances subventionnées, cantines, crèches municipales, congé parental, aides à la garde d'enfants.
Le gouvernement a annoncé que tous les parents qui le souhaitent auront d'ici à 2012 une "solution de garde" pour leur enfant, ce qui implique "400.000 solutions d'accueil nouvelles", selon la secrétaire d'État à la famille Nadine Morano.
Les politiques familiales, de droite comme de gauche, se sont adaptées au travail des femmes, "elles ont su évoluer pour encourager la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale", estime France Prioux, "même si ce n'est pas parfait, même si on trouve encore difficilement des places en crèche, on est dans une société où le travail des mères est encouragé".
En 2008, la levée de boucliers qui a accueilli l'annonce de l'arrêt du financement par l'État de la carte de réduction des familles nombreuses (plus de 3 enfants) pour le transport ferroviaire, a montré l'attachement des Français à la politique familiale.
L'augmentation de la natalité ces dernières années est aussi "corrélée en partie aux 35 heures" de travail hebdomadaire, selon le sociologue Jean Viard. "Pour que l'enfant ait sa place au sein d'une famille où les 2 parents travaillent, il faut que le temps de travail du couple diminue", relève-t-il. "Le taux de natalité s'effondre dans les pays où les mères doivent choisir entre travailler ou garder les enfants", fait-il remarquer.
La tolérance en France pour les naissances hors mariage, majoritaires en 2008 (52%), pourrait compter aussi, note Stéfan Lollivier, de l'Institut national de la statistique (Insee).
Les incertitudes sont fortes sur l'incidence que pourrait avoir l'actuelle crise économique sur la natalité. "On ne peut pas savoir quelles seront les conséquences, dit France Prioux, car la crise des années 30 a provoqué une chute de la fécondité dans tous les pays développés, et en 1994, où le chômage était très élevé, le taux de fécondité était très bas".
AFP/VNA/CVN