Grand comme un livre de poche, le "bloc-note braille", vendu dans le monde entier par l'allemand Baum, permet d'écrire ou lire, dans les transports en commun ou chez un client, en écoutant au besoin le texte, via la synthèse vocale.
"C'est un peu notre souris d'ordinateur, par sa maniabilité", explique Françoise Madray, ex-chercheuse en linguistique et secrétaire générale de l'Association française de non voyants Valentin Haüy (AVH). La synthèse vocale, dont la vitesse est modulable, permet de lire aussi vite que sur un écran.
Aux États-Unis, la Fédération nationale des aveugles (NFB) s'est associée à Nokia pour lancer en août un téléphone mobile, le N82 KNFB, qui scanne le contenu d'une feuille en 30 secondes, puis le lit vocalement et le stocke, grâce à la reconnaissance optique des caractères.
Un 3e appareil, le "Top-Braille", gros comme une souris d'ordinateur, fait d'une pierre 2 coups : il scanne un texte et le restitue immédiatement, vocalement ou en braille, sous le pouce de l'aveugle.
Son inventeur, le Français Raoul Parienti, en a vendu 138 et a divisé le prix par 2, à 1.680 euros, avec le soutien de capitaux-risqueurs.
"Alors que le développement des synthèses vocales avait permis aux détracteurs du braille de prévoir sa disparition", l'audio et le tactile deviennent en fait "de plus en plus complémentaires", observe Philippe Chazal, expert à l'Union européenne des Aveugles.
Selon lui, internet est pour les non-voyants "une révolution presque aussi importante que l'invention du braille", en donnant "accès à des bibliothèques virtuelles".
Les associations françaises d'aveugles militent pour que la bibliothèque Braille, qui regroupe 26.000 livres à Paris, s'agrandisse. Elles regrettent que peu de sites internet soient compatibles avec les nouveaux logiciels qui "déchiffrent" une page pour les aveugles.
En Espagne, Teresa Gutiérrez, chercheuse à la Fondation Labein de Bilbao, a conçu, en 2005, 2 bras mécaniques équipés de capteurs, dans lesquels la personne non-voyante met ses doigts, qui lui donnent la sensation de manipuler l'objet à l'écran, pour imaginer ses contours.
La diffusion de ces technologies reste cependant freinée par des prix prohibitifs, faute d'une clientèle assez large pour rentabiliser les coûts.
En France, les aveugles ne sont "que 25% à lire le braille (10% à 15% le lisent couramment)", rappelle Gilles Candotti, directeur de la société informatique Ceciaa. Ils investissent cependant les métiers de l'écrit. Les jeunes, qui deviennent comptables ou analystes-programmeurs, comptent sur le braille.
La planète comptant 42 millions d'aveugles, le potentiel est immense, en particulier "dans les pays en développement", souligne Raoul Parienti.
"Le braille numérique est facile à adapter dans toutes les langues", notamment en chinois, rappelle Françoise Madray, qui s'est mise à écrire "3 fois plus d'articles scientifiques", lorsqu'elle y a eu accès.
Autre public potentiel, les personnes qui perdent progressivement la vue avec l'âge. L'AVH attribue chaque année "gratuitement une vingtaine d'ordinateurs avec plage de lecture en braille. Sur la centaine de demandes, la majorité vient de personnes âgées" et" bien sûr des personnes aimant lire", explique Mme Madray.
L'UNESCO réunit à Paris du 5 au 8 janvier un colloque international sur le développement actuel du braille.
AFP/VNA/CVN