Ces câbles, dont les premiers déploie-ments ont eu lieu il y a tout juste 20 ans, s'étendent aujourd'hui sur plus d'un million de kilomètres, soit 25 fois le tour de la Terre, selon l'ICPC, une association internationale qui s'occupe de leur protection. Avec en tête le Sea Me We3, qui mesure 39.000 km et relie l'Allemagne au Japon et à l'Australie.
Alors que les liaisons téléphoniques et l'internet sont devenus des ressorts majeurs de l'économie, garantir une "fiabilité" maximale est un impératif pour les fabricants, car "des coupures de réseau pour un pays, même de quelques heures, sont jugées complètement intolérables", souligne Georges Krebs, directeur des opérations du réseau sous-marin du groupe Alcatel-Lucent.
Le 19 décembre, le trafic entre l'Europe et l'Asie/Proche-Orient a ainsi été perturbé, après la rupture de 3 câbles en Méditerranée.
Des incidents groupés "rarissimes", selon l'opérateur France Télécom.
"On a perdu 90% de la capacité. Si un seul câble avait été abîmé, les usagers ne s'en seraient probablement pas aperçu car dans ce cas-là, on sécurise le trafic sur les câbles restants. Là, on ne pouvait plus", note Didier Duriez, responsable des réseaux sous-marins internationaux de l'opérateur français.
La plupart du temps, les incidents ne sont "pas perceptibles du grand public" grâce au reroutage du trafic, ajoute-t-il. La majorité "ne provient pas de pannes du système, mais d'interventions extérieures, comme la pêche au chalut et les ancrages des navires", précise M. Krebs.
Financée en majorité par des consortiums d'opérateurs, chaque liaison, d'un coût souvent de plusieurs centaines de millions d'euros, est "spécifique" et adaptée à "la nature des fonds marins" traversés et "des risques identifiés", explique Grégory Flipo, directeur de l'usine d'Alcatel-Lucent à Calais (Nord de la France), qui revendique 40% de part du marché mondial des câbles sous-marins. "Plus les risques sont élevés, plus nous allons rajouter de protections", des "armures" d'acier, ajoute-t-il.
En fonction de l'environnement et des dangers, les câbles peuvent être simplement posés ou "ensouillés", c'est-à-dire enfouis à 2 ou 3 mètres sous le fond de la mer.
En cas d'incident, des navires sont envoyés sur place : avec un robot ou un grappin, en fonction de la profondeur, les 2 parties abîmées sont remontées l'une après l'autre à bord, coupées et soudées avec du câble neuf. Un travail de précision, très coûteux, la journée en mer étant évaluée à environ 45.000 euros.
En raison de l'explosion de la demande internet, et notamment des vidéos en ligne, l'activité des constructeurs est en forte croissance. D'autant qu'un certain nombre de pays, connectés uniquement par le satellite, jugent nécessaire de passer à la fibre pour assurer leur développement. Un réseau doit ainsi relier d'ici 2011 vingt pays de l'Ouest africain pour leur permettre d'accéder au haut débit.
AFP/VNA/CVN