>>Une centaine de migrants affamés secourus après 12 jours en Méditerranée
"Notre priorité est de sauver des vies et d'empêcher des pertes humaines supplémentaires en mer", a-t-elle plaidé. Elle présentait devant le Conseil de sécurité de l'ONU un plan de l'Union européenne pour faire face à une série de naufrages dramatiques qui ont fait quelque 1.800 morts depuis le début de l'année.
Elle a insisté sur la nécessité de traiter tous les aspects de cette "situation sans précédent" et a lancé un appel pressant à une étroite coopération internationale.
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini (1er plan, à gauche), s'adresse au Conseil de sécurité de l'ONU, le 11 mai. Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ce n'est pas seulement une urgence humanitaire, mais aussi une crise sécuritaire, puisque les réseaux de trafiquants sont liés à des activités terroristes et les financent", a-t-elle expliqué.
Elle a fait valoir que "l'Union européenne est finalement prête à prendre ses propres responsabilités : sauver des vies, accueillir des réfugiés, traiter les causes profondes et démanteler les organisations criminelles".
Mais, a-t-elle martelé, "nous ne pouvons pas travailler seuls, il faut un partenariat si nous voulons mettre fin à ces tragédies".
Face aux réticences, Mme Mogerini a cherché avant tout à rassurer. "Pas un seul réfugié ou migrant intercepté en mer ne sera renvoyé contre son gré", a-t-elle affirmé.
Elle a aussi assuré les Libyens que rien ne se ferait sans leur accord. "Notre message aux Libyens est clair : l'Europe est prête à vous aider de toutes les manières possibles (...) L'Europe sera à vos côtés".
Soutien de l'OTAN
Une telle mission contre des trafiquants opérant depuis un pays en plein chaos, à laquelle participeraient des bâtiments de guerre de plusieurs pays européens, serait une première.
L'OTAN, qui n'a pas été sollicitée mais verrait une partie des navires de ses membres occupés par cette tâche, "soutient pleinement" l'UE qui "veut donner une réponse plus globale à cette tragédie", a commenté lundi 11 mai son secrétaire général, Jens Stoltenberg.
L'UE demande une résolution de l'ONU car cette opération militaire suppose d'entrer dans les eaux territoriales de la Libye et d'arraisonner des bateaux qui battent pavillon étranger.
En attendant ce feu vert, les Européens ont déjà convenu d'intensifier le partage du renseignement sur les réseaux de trafiquants, en complétant les écoutes et informations glanées en Méditerranée. Ils peuvent aussi s'attaquer aux embarcations n'affichant aucun pavillon.
Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, doit par ailleurs présenter mercredi un plan d'action sur l'immigration qui fait fi de l'opposition de nombre de capitales et de certains commissaires.
Mme Mogherini plaide depuis des mois pour que l'Union européenne "prenne ses responsabilités" face au drame des migrants, tout en appelant à la formation d'un gouvernement d'unité nationale en Libye, actuellement dirigée par deux Parlements et gouvernements rivaux. Ceux-ci sont en pourparlers depuis des mois sous l'égide de l'émissaire de l'ONU Bernardino Leon.
AFP/VNA/CVN