Nicos Anastasiades et Mustafa Akinci se sont longuement serré la main après l'annonce de la reprise des pourparlers, qui étaient interrompus depuis octobre, a constaté un journaliste.
L'envoyé spécial de l'ONU, Espen Barth Eide (gauche), et le président de la République de Chypre, Nicos Anastasiades, le 11 mai à Chypre. Photo : AFP/VNA/CVN |
Les trois hommes sortaient d'un diner au Ledra Palace, un ancien hôtel situé à Nicosie dans la zone tampon qui sépare l'île en deux, et actuellement occupé par l'ONU.
MM. Anastasiades et Akinci sont tombés d'accord sur "l'importance d'utiliser l'élan créé et cette nouvelle opportunité d'avancer sans tarder", a déclaré M. Eide, entouré par les deux dirigeants.
Ils ont décidé de se rencontrer vendredi pour avoir "un échange général de point de vue" et organiser la suite des négociations, a-t-il précisé, évoquant une "opportunité unique" à saisir.
C'est la première fois que M. Anastasiades rencontrait M. Akinci, élu fin avril "président" de la République turque de Chypre nord (RTCN). Cette entité non reconnue occupe un tiers du territoire de Chypre depuis l'invasion par la Turquie en 1974, en réaction à un coup d'état nationaliste visant à rattacher l'île à la Grèce.
M. Akinci, un élu de centre-gauche qui milite de longue date pour une réunification de l'île, est vu comme plus susceptible de faire les efforts nécessaires à une solution que son prédécesseur. Mais la position de la Turquie, qui contribue à un tiers du budget de la RTCN et finance la majorité de ses infrastructures, joue un rôle essentiel dans les négociations.
Les Chypriotes grecs avaient quitté la table des négociations en octobre pour protester contre les agissements d'Ankara, qui cherchait, selon Nicosie, à perturber ses explorations énergétiques en mer en envoyant un navire sismique dans sa zone économique exclusive (ZEE).
Peu après la rencontre, M. Akinci a twitté "Ce soir, nous nous sommes rencontrés avec @AnastasiadesCY, c'était une rencontre positive, un bon début". M. Eide a lui parlé, sur Twitter, d'un diner "source d'inspiration".
Avant le dîner, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté en faveur d'un accord de paix, réclamant "une solution maintenant" à la division de l'île.
Le dirigeant conservateur chypriote grec est lui aussi vu comme partisan d'une réunification - il avait milité en faveur du oui lors d'un référendum organisé par l'ONU sur le sujet en 2004, lors duquel 75% des Chypriotes grecs avaient voté contre le plan de paix Annan, accepté par une majorité de Chypriotes turcs.
En conséquence, Chypre avait rejoint l'UE la même année tout en restant divisée.
Depuis, peu de progrès ont été enregistrés sur les points d'achoppements que constituent les ajustements territoriaux, la sécurité, le sort des propriétés spoliées et le partage du pouvoir au sein de futures instances fédérales.
Ankara et Washington ont exprimé la semaine passée l'espoir que 2015 soit l'année où Chypre, riche de réserves gazières découvertes en 2011, serait finalement réunifiée.
AFP/VNA/CVN