Migrants: deux semaines de tension grandissante en Europe

De l'odyssée de l'Aquarius au blocage d'autres navires en Méditerranée, deux semaines de tension grandissante dans l'Union européenne autour des migrants, particulièrement entre Rome et Paris, avant le sommet de jeudi prochain (28 juin).

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Des migrants secourus en Méditerranée arrivent à une base navale à Tripoli le 24 juin.

L'odyssée de l'Aquarius

Dans la nuit du 9 au 10 juin, l'ONG française SOS Méditerranée recueille 630 migrants sur son bateau l'Aquarius, dont sept femmes enceintes, 11 enfants en bas âge et 123 mineurs isolés. Le navire, arrêté entre Malte et l'Italie, attend des instructions pour débarquer dans "un port sûr".

Le 10 juin, l'Italie annonce fermer ses ports, une décision sans précédent du nouveau ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, chef de la formation d'extrême droite La Ligue. Malte refuse également l'accès de ses côtes au bateau.

Le 11 juin, le nouveau président du gouvernement espagnol, le social-démocrate Pedro Sanchez, propose le port de Valence à l'Aquarius. Le bateau refuse d'abord d'entreprendre un voyage de quatre jours vers l'Espagne, à cause d'un manque d'essence, de vivres et de mauvaises conditions climatiques.

Le lendemain, l'Italie décide de dépêcher deux navires pour transborder des rescapés et accompagner l'Aquarius vers Valence.

Le 16 juin, l'Espagne accepte l'offre française d'accueillir une partie des migrants de l'Aquarius, qui arrive à Valence le lendemain.

Le 18 juin, l'aile la plus à droite de la coalition au pouvoir en Allemagne, lance à Angela Merkel un ultimatum de deux semaines pour une solution européenne au défi migratoire, cinq jours après la création d'un "axe" contre l'immigration clandestine par les ministres de l'Intérieur italien, autrichien et allemand.

La CSU du ministre de l'Intérieur Horst Seehofer veut, sauf accord européen au sommet des 28 et 29 juin, refouler aux frontières les demandeurs d'asile enregistrés dans un autre pays de l'UE, le plus souvent l'Italie ou la Grèce, soit la quasi-totalité d'entre eux.

Bateaux bloqués et mini-sommet

L'Aquarius affrété par les ONG françaises Médecins sans frontières (MSF) et SOS-Méditerranée pour chercher des migrants en mer, dans le port de Valence le 20 juin

Le 21 juin, l'Italie menace de mettre sous séquestre deux navires d'ONG allemandes pour vérifier la correspondance entre leur pavillon néerlandais et leur nationalité. Il s'agit notamment du navire Lifeline, qui a secouru plus de 230 migrants et qui reste depuis bloqué dans les eaux internationales en attente d'une solution.

Le 23 juin, la France et l'Espagne proposent, avec l'appui de Berlin, des "centres fermés" sur les côtes européennes pour gérer les migrants débarquant de Méditerranée.

Le 24 juin, les dirigeants de seize pays se réunissent à Bruxelles pour un mini-sommet sur les questions migratoires, sans aboutir à des mesures concrètes.

Pour contourner l'absence de consensus à 28 qui paralyse l'UE, la France et l'Allemagne appellent à des accords à plusieurs pays.

Des migrants secourus embarquant à bord du porte-conteneurs Maersk.
Photo: AFP/VNA/CVN

Rome appelle elle à "dépasser" le principe du règlement de Dublin, qui confie aux pays de première entrée dans l'UE la responsabilité des demandes d'asile. L'Italie demande aussi des "sanctions financières" contre les pays n'accueillant pas de réfugiés.

Le bras de fer se poursuit

Le bras de fer se poursuit en Méditerranée. L'ONG espagnole Proactiva dénonce le refus de Rome de laisser son navire Open Arms porter secours à un millier de migrants.

Un porte-conteneur de l'armateur danois Maersk Line est lui bloqué au large de la Sicile avec 108 migrants secourus, dans l'attente d'une réponse de l'Italie.

Le 25 juin, Matteo Salvini, en déplacement à Tripoli, indique que l'Italie soutiendra jeudi 28 juin lors du sommet de l'UE "la mise en place de centres d'accueil et d'identification (de migrants) au Sud de la Libye".

AFP/VNA/CVN

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