Facebook, "c'est pour les parents": les ados préfèrent Snapchat

Facebook vieillit et son public aussi: les ados lui préfèrent de plus en plus Instagram ou Snapchat, jugés plus modernes et plus "fun", une mauvaise nouvelle pour le roi des réseaux sociaux mais qui ne menace pas encore, et de loin, sa domination.

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Facebook vieillit et son public aussi: les ados lui préfèrent de plus en plus Instagram ou Snapchat, jugés plus modernes et plus "fun".
Photo: AFP/VNA/CVN

"Tout le monde dit que Facebook, c'est ringard. Je pense que c'est parce que tous les parents sont sur Facebook", explique Manon, 17 ans, qui utilise surtout Instagram et Snapchat, deux réseaux centrés sur le partage de photos ou de vidéos. "C'est sûr que Facebook a vieilli par rapport à l'époque où ma mère l'utilisait", dit aussi Charlotte, 16 ans, à peine plus que le réseau social né en 2004. Pour elle aussi, le quotidien, c'est Snapchat. "C'est un peu les SMS d'aujourd'hui, tu peux mettre des animations, des effets spéciaux, c'est ça qui est attirant pour ma génération", explique l'adolescente à propos de ce qui était au départ une plateforme de messages éphémères.

Les deux lycéennes scolarisées à San Francisco ont pourtant un compte Facebook mais l'utilisent peu, Manon s'en sert pour rester "connectée au monde", Charlotte pour partager de temps en temps des "contenus intéressants". Les uns après les autres, sondages et études le montrent: même si Facebook reste de loin le premier réseau social du monde avec 2,2 milliards d'utilisateurs, les jeunes vont de plus en plus vers Snapchat, Instagram ou le site de vidéos YouTube (propriété de Google), qui propose aussi des fonctionnalités de réseaux sociaux (partage, fils d'infos, amis, "chats"...). Selon un sondage réalisé par le Pew Research Center paru fin mai, 51% des ados américains utilisent Facebook contre 85% pour YouTube, 72% pour Instagram ou 69% pour Snapchat.

C'est d'ailleurs notamment grâce à ce public jeune qu'Instagram - détenu par Facebook - vient de passer le milliard d'utilisateurs. Bien décidé à miser sur ce créneau porteur, il a lancé cette semaine IGTV, une plateforme dédiée à la vidéo. "Le paysage des réseaux sociaux a complètement changé parmi les ados ces trois dernières années", selon Monica Anderson, qui a dirigé l'étude du Pew Research Center.

"À l'époque, l'usage des réseaux sociaux par les adolescents tournait essentiellement autour de Facebook. Aujourd'hui, leurs habitudes sont moins focalisées sur une seule plateforme", dit-elle encore. Cette désaffection précède donc largement les récents déboires de Facebook autour des données personnelles, un sujet qui ne semble pas préoccuper les jeunes de façon palpable, notent les analystes.

Les réseaux "établis" ont un "problème d'image", abonde Anjali Lai, analyste du cabinet Forrester: beaucoup de jeunes estiment que "c'est pour les vieux". Facebook fait désormais partie du paysage, et certains ados le considèrent plus comme un "service d'utilité publique", dit-elle, tandis que les autres servent à des usages spécifiques: divertissement, marques, messages intimes...

Et a priori, notent les analystes, la tendance, même si elle reste lente, devrait persister. eMarketer estime que Facebook devrait perdre 2 millions d'utilisateurs américains parmi les ados et les jeunes adultes de moins de 24 ans cette année.  Et un public qui vieillit est rarement un signe positif car les jeunes sont une cible prisées des annonceurs puisque c'est à cet âge que se forment leurs préférences. Reste à savoir si ce vieillissement contribuera à faire stagner voire à diminuer le nombre total d'utilisateurs de Facebook, un signe qui serait vu négativement par les marchés financiers.

Pour l'instant, Facebook n'a pas encore de raison de s'inquiéter, car les défections chez les jeunes sont compensées par l'arrivée d'utilisateurs plus âgés. Et Facebook est propriétaire d'Instagram depuis 2012... Quant à Snapchat, il "va devoir encore beaucoup croître pour devenir un vrai challenger pour Facebook", relativise aussi Debra Williamson, du cabinet eMarketer. Signe néanmoins que Facebook est conscient du danger: il tente de retenir ces adolescents et jeunes adultes en se renforçant dans la vidéo ou en produisant des contenus à leur intention, comme une adaptation de la série norvégienne "Skam".

Il propose aussi depuis peu la diffusion de parties de jeux vidéo ou encore une option pour chanter en play-back. Et Snapchat accuse régulièrement Facebook de copier certaines de ses fonctionnalités.  Ironie du sort, quand Facebook continue d'engranger les milliards grâce à la pub, Snap, la maison mère de Snapchat, accumule les pertes, ce qui s'explique notamment parce que les jeunes l'utilisent d'abord pour communiquer entre eux plutôt que pour découvrir des produits.


AFP/VNA/CVN

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