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Le siège de Microsoft à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le succès de ChatGPT de la start-up OpenAI a propulsé l'IA générative sur le devant de la scène, mais aussi Microsoft, principal bailleur de fonds d'OpenAI.
Depuis, le fabricant de Windows et son concurrent Google rivalisent à coup d'outils pour produire du texte, des images ou des lignes de code sur simple requête en langage courant.
Meta et Amazon leur ont emboîté le pas, avec des modèles toujours plus perfectionnés (la technologie sous-jacente) et des assistants d'IA pour le grand public et les entreprises.
Tous investissent massivement. Ces milliards d'USD, c'est "la mise" nécessaire pour "faire partie de l'élite", commente Jeremy Goldman, analyste chez Emarketer.
Ces quatre grandes entreprises "jouent pour un siège à l'oligopole de l'IA. Elles ont un trésor de guerre, et elles considèrent qu'elles doivent dépenser cet argent dans l'IA, sinon elles se retrouveront démunies", détaille-t-il.
"L'IA a pris tellement de valeur, elles ne peuvent pas se permettre de perdre".
Considérée comme une nouvelle révolution industrielle, l'IA générative suscite toutes sortes d'espoirs grandioses et d'inquiétudes apocalyptiques.
"Irréaliste" d'espérer dominer
Mais dans l'immédiat elle représente surtout une manne potentielle pour les géants du cloud (Amazon, Microsoft et Google) grâce à ses applications en termes de productivité pour leurs entreprises clientes.
Cette activité devrait rapporter quelques 25 à 30 milliards d'USD supplémentaires par an à Microsoft d'ici 2025, estime Dan Ives.
"C'est un tournant pour Microsoft, comme l'iPhone l'a été pour Apple", assure l'expert de Wedbush Securities : "l'adoption de l'IA générative et de Copilot (l'assistant d'IA de Microsoft) va s'accélérer, et Azure (son service de cloud) va engranger davantage de contrats".
Le groupe américain fait face à une "demande un peu plus élevée dans l'IA que ses capacités actuelles", a noté Amy Hood, la directrice financière de Microsoft, lors d'une conférence aux analystes jeudi 25 avril.
Elle a précisé que les dépenses d'investissement dans les infrastructures "allaient augmenter de façon significative", mais elle s'attend quand même à une amélioration des marges de la société cette année.
Depuis février, Microsoft a dévoilé des investissements dans l'IA de 3,4 milliards d'USD en Allemagne, de 2,1 milliards en Espagne et de 2,9 milliards au Japon, sur deux ans.
Le groupe de Satya Nadella compte ainsi construire de nouveaux centres de données adaptés, aider à former des millions de personnes à l'IA et financer les infrastructures énergétiques nécessaires.
"Microsoft fait appel à des partenaires extérieurs, alors que Google s'appuie plutôt sur ses équipes internes", note Jeremy Goldman.
Ces sommes attirent l'attention de part leur taille, mais aussi "parce qu'il s'agit d'IA, qui domine l'actualité technologique", souligne-t-il.
Au final, les principaux acteurs dépensent tous tellement d'argent, "qu'il serait irréaliste de dire qu'ils espèrent dominer".
"Paris"
Microsoft passe aussi des contrats avec des entreprises, au-delà de son allié OpenAI, qui a déjà reçu environ 13 milliards de dollars du développeur de Windows ces dernières années.
Selon un accord noué en février dernier, la start-up d'IA française Mistral va ainsi bénéficier d'un investissement de 15 millions d'euros.
Surtout, Microsoft va investir 1,5 milliard d'USD dans G42, une société d'IA des Émirats arabes unis, et prendre un siège à son conseil d'administration.
Les produits technologiques de Microsoft. |
Photo : VNA/CVN |
Une opération encouragée par les États-Unis, G42 s'étant engagée à abandonner des partenariats chinois en faveur de la technologie américaine, selon le New York Times et Bloomberg.
"Au début, on pensait que les guerres de l'IA allaient être menées par quelques acteurs en quête d'une IA générale capable de faire tout et n'importe quoi. Maintenant le marché commence à reconnaître qu'il va falloir des modèles différents selon les besoins", explique Jeremy Goldman.
De fait, les entreprises de cloud mettent désormais en avant la variété de leur offre. Microsoft vient ainsi de présenter Phi-3 Mini, le premier d'une nouvelle série de petits modèles, adaptés à des tâches simples, que l'on peut faire sur un smartphone par exemple.
L'approche de Microsoft dans l'IA, c'est de "prendre des paris", estime Jeremy Goldman. "Le groupe investit dans différentes stratégies, et certaines d'entre elles ont plus de chances de payer".
AFP/VNA/CVN