Merkel prend ses distances avec Macron sur l'Europe

Un mois et demi seulement après avoir célébré en grande pompe leur coopération avec un nouveau traité franco-allemand, Angela Merkel et Emmanuel Macron affichent leurs divergences sur l'avenir de l'Europe à l'approche des élections de mai.

>>Macron et Merkel signent un traité franco-allemand au ton pro-européen

Angela Merkel et Emmanuel Macron donnent une conférence de presse commune à l'Élysée à Paris, le 27 février.

La chancelière allemande a apporté lundi 11 mars publiquement son soutien à des propositions de son parti conservateur pour l'Europe qui se démarquent de celles du président français, prônant notamment un siège européen unique au Conseil de sécurité de l'ONU. "Je pense qu'il s'agit d'un très bon concept pour l'avenir", a déclaré la chancelière allemande à Berlin à propos des projets de l'Union européenne publiés au cours du week-end par celle qui l'a remplacée en décembre à la tête du parti démocrate-chrétien allemand (CDU), Annegret Kramp-Karrenbauer - surnommée AKK - et qui part favorite pour lui succéder au pouvoir au plus tard en 2021.

Parmi ces propositions, qui se veulent une réponse aux idées pour l'Europe récemment présentées par Emmanuel Macron, figurent notamment la création d'un siège européen au Conseil de sécurité de l'ONU. Et Mme Merkel a souligné que ce siège avait vocation "à réunir les voix européennes au Conseil de sécurité de l'ONU", et donc à faire disparaître celui dont dispose la France pour elle seule depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale. Une perspective qui risque d'être difficile à faire accepter par Paris.

"Le fait que la France est sceptique au sujet d'un siège européen à l'ONU est connu", s'est bornée à dire la chancelière, interrogée lors d'une conférence de presse avec son homologue letton. En prônant une telle évolution, la chancelière et son parti se rangent aux côtés d'une idée déjà défendue par son partenaire minoritaire de coalition, le parti social-démocrate.

Parlement de Strasbourg

Ce sujet n'est pas seul potentiellement conflictuel avec la France dans le programme des conservateurs allemands. Il demande aussi la suppression du Parlement européen à Strasbourg, auquel tient la France, qui risque du coup de se retrouver très isolée sur le sujet. "Nous devons aussi prendre des décisions trop longtemps différées et abolir les anachronismes. Cela vaut notamment pour le regroupement du Parlement européen en son siège à Bruxelles", a ainsi martelé "AKK".

Son projet s'oppose en outre à un salaire minimum européen, proposé par Emmanuel Macron dans le cadre d'un "bouclier social" pour les Européens, ou encore à toute mutualisation des dettes en Europe. Alors que le président français milite ardemment pour la création d'un budget significatif de la zone euro visant à financer en commun des projets d'avenir. Les différences entre les projets allemand et français doivent être replacées dans le contexte de la campagne pour les élections européennes, où les formations d'Emmanuel Macron et Angela Merkel sont rivales.

Critiques françaises

La République en Marche, parti fondé par Emmanuel Macron, fera front commun avec les Libéraux au plan européen, tandis que la CDU d'Angela Merkel fait campagne avec les conservateurs du Parti populaire européen (PPE), dont est aussi membre le mouvement des Républicains (droite), dans l'opposition en France. Il n'empêche que la réponse allemande aux récentes propositions du président français prend des allures de rebuffade quelques semaines après les célébrations autour du nouveau traité de coopération franco-allemande, signé fin janvier à Aix-la-Chapelle.

Le porte-parole du gouvernement français Benjamin Griveaux a tenté d'en relativiser la portée lundi en parlant de seulement "trois points de divergence" sur le rejet du salaire minimum, le siège à l'ONU et le Parlement européen à Strasbourg. Mais "ce n'est pas le projet que nous portons", a-t-il ajouté. La ministre française des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, a elle clairement critiqué le refus par la droite allemande de la communautarisation des dettes. "Quand je continue à entendre qu'il ne faut pas mutualiser les risques, ça veut dire on ne bouge pas, on ne change rien et à la prochaine crise dans la panique on s'apercevra qu'il faut faire quelque chose", a-t-elle dit lundi 11 mars, interrogée par France Inter/Le Monde/France Télévisions.


AFP/VNA/CVN

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