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La Première ministre britannique Theresa May, le 10 mars à Londres. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Il y a deux mois, la Chambre des communes avait rejeté à une majorité massive l'accord conclu fin novembre par la dirigeante conservatrice avec Bruxelles, la renvoyant à la table des négociations.
Mais alors que les députés se préparent à voter une seconde fois sur le texte, il apparaît de plus en plus que Mme May n'aura pas grand chose à leur présenter, ouvrant la voie à une nouvelle défaite humiliante.
Des discussions techniques se sont poursuivies tout au long du week-end dans la capitale belge, mais n'ont donné lieu à aucune annonce.
Mme May se tient cependant prête à se rendre dans la journée à Bruxelles pour valider toute avancée.
Le principal point d'achoppement des discussions réside dans le "filet de sécurité", un dispositif de dernier recours visant à éviter le retour d'une frontière physique en Irlande du Nord, afin de préserver les accords de paix de 1998 et l'intégrité du marché unique européen. Il consiste à créer un "territoire douanier unique", englobant l'UE et le Royaume-Uni, ce que rejettent les partisans d'une rupture nette avec l'UE.
Les dirigeants européens ont refusé de rouvrir les négociations sur le texte de l'accord de divorce. Vendredi 8 mars, le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit Michel Barnier a déclaré être prêt à "donner une force juridique" contraignante, par le biais d'un "communiqué interprétatif conjoint", à l'engagement maintes fois répété de tout faire pour que le "backstop" ne s'éternise pas.
"Ils ont échoué"
Dans ces circonstances, "il est inévitable que cet accord de retrait inchangé sera rejeté une nouvelle fois", ont prédit dans le Sunday Telegraph le député conservateur Steve Baker et son collègue Nigel Dodds, du petit parti nord-irlandais DUP, allié de Mme May au Parlement.
Le porte-parole sur le Brexit du Labour, principal parti d'opposition, Keir Starmer, a lui raillé "huit semaines d'échec" dans les discussions avec Bruxelles, qui ont mené "strictement nulle part".
Un rejet de l'accord pourrait signifier que le Royaume-Uni quittera l'UE dans le chaos le 29 mars, après 46 ans d'une relation souvent houleuse. Il pourrait aussi aboutir à un report de la sortie.
Si le texte devait effectivement être rejeté une nouvelle fois mardi 5 mars, Mme May a décidé d'organiser un vote mercredi 6 mars sur la possibilité de sortir de l'UE sans accord.
Si les députés refusent cette option, ils voteront jeudi sur une proposition de report "limité" du Brexit, au-delà du 29 mars. Mais les 27 pays de l'UE devront donner leur accord et les dirigeants européens ont prévenu que pour être accepté, tout report devra être dûment justifié.
Le ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, a tenté de rappeler à l'ordre les députés conservateurs, prédisant des "conséquences dévastatrices" pour sa famille politique en cas de nouveau rejet de l'accord.
"Nous avons une opportunité de sortir (de l'UE) le 29 mars, il est très important de la saisir", a-t-il dit sur la BBC, mettant en garde contre ceux qui veulent arrêter le processus. "Si nous échouons, les gens diront +voici le parti qui a promis de mener à bien le Brexit, nous les avons portés au pouvoir, et ils ont échoué+", a-t-il ajouté.
Vendredi 8 mars, Mme May avait envoyé le même message aux élus britanniques. "Soutenez cet accord et le Royaume-Uni sortira de l'Union européenne. Rejetez-le et personne ne sait ce qui se produira, a-t-elle dit. Nous pourrions rester dans l'UE encore de nombreux mois. Nous pourrions sortir sans la protection d'un accord. Nous pourrions ne jamais sortir".
AFP/VNA/CVN